Image
Dr Ellen Ueberschär, president of the Heinrich Böll Foundation

Le Dre Ellen Ueberschär, présidente de la Fondation Heinrich Böll, s’adresse aux participants du symposium international sur la justice numérique. 

Photo:

Ellen Ueberschär est la présidente de la Fondation Heinrich Böll et a prononcé le discours d’ouverture du symposium explorant les défis et les opportunités pour un avenir numérique plus juste, du 13 au 15 septembre à Berlin.

«Les droits fondamentaux ne prévaudront pas par eux-mêmes ou par des engagements volontaires des entreprises», a-t-elle déclaré. «C’est pourquoi le grand soutien et l’engagement conjoint de la société (civile) et des Églises, y compris, de la politique, de la science et des entreprises sont nécessaires pour garantir et protéger les droits civils à l’ère numérique ainsi que pour rendre l’espace numérique utilisable pour le bien commun.»

Ce symposium historique est coorganisé par le Conseil œcuménique des Eglises (COE) et l’Association mondiale pour la communication chrétienne (WACC), et se concentre sur l’impact de la transformation numérique sur les communautés et les sociétés.

«Pas un luxe»

«La participation numérique n’est pas un luxe ou un simple plaisir à avoir, mais une condition préalable au développement de sociétés inclusives. Le libre accès à l’information et la possibilité de la diffuser sans entrave constituent l’épine dorsale des sociétés démocratiques, ouvertes et prospères», a expliqué Ellen Ueberschär.

Dans son discours couvrant de nombreux sujets, elle a noté que pendant la pandémie du COVID-19, les gens ont appris à apprécier la communication numérique. 

«Nous avons même célébré la messe de Pâques en ligne. Nous sommes restés en contact avec nos proches via Zoom et Skype; certains d’entre nous ont pu faire leur travail entièrement en ligne... Le trafic dans l’air et dans les rues a baissé, il y a donc eu un certain soulagement pour le climat. »

«Mais en même temps, nous avons vu les gouvernements utiliser la pandémie pour installer de nouvelles applications de surveillance, en prétendant lutter contre la pandémie», a déclaré Ellen Ueberschär, qui a été secrétaire général du Congrès de l’Église protestante allemande (Kirchentag) de 2006 à 2017. 

Elle a cité les références de l’Organisation mondiale de la santé à l’infodémie, à la désinformation omniprésente et aux fake news, massivement amplifiées par les médias sociaux et l’accès de masse.

Selon elle, le thème du symposium souligne l’importance et l’évolution du rôle de la WACC en tant que réseau, avec ses idées, ses impulsions, sa prescience et son attention particulière pour les groupes vulnérables.

«Nous devons constater, déjà ici, que la relation entre la liberté de religion et les droits de communication n’est en aucun cas facile et qu’elle nécessite aussi des débats et des convictions au sein du spectre chrétien.»

Ellen Ueberschär a relevé des défis importants pour une numérisation juste, notamment «la surveillance et le contrôle humiliant contre l’autodétermination et la dignité informationnelles».

Exemple d’Afghanistan

Elle a fait référence à un exemple récent en Afghanistan.

«Des services comme WhatsApp ont été utiles pour évacuer les Afghans, mais ils peuvent aussi faire de ces personnes des cibles identifiables. La présence des talibans eux-mêmes sur les médias sociaux soulève aussi des questions quant aux obligations des plateformes», a déclaré Ellen Ueberschär.

Elle a exhorté les forces de la démocratie et du bien-être public à faire front commun dans la lutte pour instaurer la crédibilité et la confiance dans le monde des médias numériques. 

 «La société civile, y compris les églises, doit être impliquée dans la recherche de ce que signifie le respect de la vie privée, l’autodétermination, la sécurité et la garantie de l’égalité et de la justice dans l’espace numérique.»

Image
Dr Dagmar Pruin, president of Brot für die Welt

Dre Dagmar Pruin, présidente de Brot für die Welt, l’un des coorganisateurs de la conférence avec le COE et la WACC.

Photo:

Dans son discours d’ouverture, le secrétaire général par intérim du COE, le Père Ioan Sauca, a expliqué que le COE a dû réinventer ses communications et ses programmes pendant la pandémie. Il l’a fait principalement par le biais de l’innovation numérique pour rester en contact avec ses membres et nourrir la spiritualité et la vie ecclésiale de ses membres.

Cela montre toutefois l’influence et, à certains égards, «l’ascendant troublant des médias numériques».

«À un certain niveau, on constate un accès inéquitable aux médias numériques et aux avantages qu’ils procurent. D’autres préoccupations découlent de la marginalisation et de la mise à l’écart que subissent les groupes et les communautés parce qu’ils ne disposent pas des moyens d’une communication numérique efficace", a souligné le Père Ioan Sauca.

«Leurs voix, leurs histoires, leurs points de vue nous manquent. Plus largement, nous constatons que les médias numériques améliorent mais aussi menacent nos vies personnelles en tant que consommateurs, citoyens et familles. Plus encore, le contrôle des médias publics par les intérêts des entreprises et leur exploitation par les forces démagogiques de la société ont assombri les perspectives de la démocratie, voire de la vérité elle-même, dans le monde entier.» 

Le Dr Dagmar Pruin, présidente de Brot für die Welt, a déclaré que le symposium œcuménique est une importante plateforme d’échange international, qui renforce le réseau de la société civile, y compris les églises.

«Il nous fait prendre conscience que la transformation de la société par la numérisation est non seulement imminente, mais que nous sommes en plein dedans. De plus, il nous permet d’exiger la justice sociale pour tous d’une voix claire et avec notre propre position», a ajouté Dagmar Pruin.

Parmi les coorganisateurs du symposium figurent Brot für die Welt (Pain pour le monde), Evangelische Kirche in Deutschland (Église évangélique d’Allemagne), Evangelische Mission Weltweit (EMW) in Deutschland (Association des Églises et missions protestantes d’Allemagne) et la Fédération universelle des associations chrétiennes d’étudiants.

Symposium international «Communication pour la justice sociale à l’ère numérique».

Suivez le symposium en direct

Galerie de photos du symposium