Monsieur le Président Emmanuel Macron, mesdames et messieurs les chefs d’État et de gouvernement, les responsables d’organisations internationales et les représentant-e-s de la société civile, de fondations, de fonds et du secteur privé rassemblé-e-s au Sommet pour un nouveau Pacte financier mondial,

Nous, les jeunes défenseurs et défenseuses d’une justice financière mondiale, de l’éradication de la pauvreté et de l’action pour le climat, nous sommes réuni-e-s ici, en France, du 21 au 23 juin 2023, en marge du Sommet pour un nouveau Pacte mondial, représentant divers contextes et régions, et mû-e-s par notre conviction commune que nos voix ont le pouvoir d’insuffler un changement positif. Face à un système mondial qui, bien souvent, réduit au silence les personnes vulnérables et passe outre les marginalisé-e-s, nous vous soumettons la présente déclaration en un appel de ralliement pour un pacte financier mondial plus équitable, un pacte qui garantit un avenir juste et durable pour tous les enfants de la terre.

Nous voyons l’urgence d’une transformation profonde et systémique et insistons sur le lien étroit qui lie la justice financière, les changements climatiques et la durabilité. Nous vous remercions de constituer un nouveau pacte financier mondial qui place l’humanité avant les profits et répartit équitablement la responsabilité mondiale de la lutte contre la pauvreté et les causes profondes des changements climatiques, ainsi que de l’adaptation à ces derniers. L’ombre de l’injustice financière, que sont les taux d’intérêt élevés, les notations financières injustes, l’aide inadéquate, l’évasion fiscale galopante et la dette asphyxiante, plane largement sur la capacité des pays les plus touchés et sur le sud global à donner un accès équitable à l’éducation, à la santé, à la nutrition et à la protection sociale, et à contrer et à s’adapter avec fermeté aux assauts des changements climatiques. Dès lors, nous vous exhortons à concevoir un nouveau pacte financier mondial qui place l’humanité avant les profits et répartit équitablement la responsabilité mondiale de la lutte contre les causes profondes des changements climatiques et de l’adaptation à ces derniers.

Ce pacte ne portera des fruits que s’il est accompagné d’un changement profond de notre système économique. Nous devons remplacer le modèle économique colonial actuel, caractérisé par des extractions effrénées et une dégradation irresponsable de l’environnement, par un modèle qui respecte les peuples et la planète. Des règles et règlements contraignants sont un impératif si nous voulons promouvoir des entreprises responsables, des entreprises qui donnent la priorité non pas uniquement au profit, mais également à la création d’emplois décents, au paiement des impôts dus et, in fine, à l’éradication de la pauvreté. La quête du profit ne doit pas se faire aux dépens des droits de l’enfant et de la personne. En effet, un modèle économique juste et durable se doit de garantir le respect des droits de l’enfant. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons ouvrir la voie à un pacte financier mondial véritablement durable et équitable.

En outre, nous révélons l’ampleur de l’impact du système financier mondial actuel sur l’accès des enfants aux droits humains fondamentaux, notamment à l’éducation, à la santé, à la nutrition et à la protection sociale. Les droits de l’enfant tels qu’inscrits dans la Convention relative aux droits de l’enfant des Nations Unies sont les piliers de notre croissance, en tant qu’enfants, pour ce qui a trait à notre bien-être, protection et participation. Nous rappelons les inégalités criantes dans l’affectation des ressources pour l’éducation, les soins de santé, la nutrition et la protection sociale, et en particulier dans le sud global. Les pratiques financières injustes alimentent le cycle des inégalités et difficultés socioéconomiques, ce qui limite l’accès des enfants aux services sociaux essentiels. Nous demandons un système financier mondial à la fois transparent, responsable et équitable, un système qui lève les obstacles à l’accès des enfants à l’éducation et à la santé et par là même leur donne l’autonomie de s’épanouir.

Il ne s’agit pas d’un appel à la charité, mais d’une exigence de justice. Nous affirmons avec fermeté que la réforme du système financier mondial est un acte de justice qui préserve la capacité de chaque enfant à exercer ses droits sans entrave.

De même, uni-e-s en un seul front, nous amplifions la voix de la population infantile en plein essor dans le sud global et insistons sur une affectation efficiente des ressources financières par nos gouvernements, avec une transparence et redevabilité à l’échelle locale. Les investissements essentiels dans le développement des enfants doivent être correctement alloués et toucher les plus marginalisé-e-s. Nous mettons l’accent sur un système financier qui se fait le parangon de la transparence, de la responsabilité et de l’équité, un système qui protège les droits des enfants et optimise leur potentiel.

Ainsi appelons-nous, en tant que jeunes éclaireurs et éclaireuses du changement, les dirigeant-e-s, les investisseurs et investisseuses et les citoyen-ne-s du monde entier à rectifier les déséquilibres et les injustices systémiques. Nous vous prions de soutenir les politiques et initiatives qui cultivent un monde où tous les enfants, quels que soient leur nationalité et leur contexte, jouissent de la même possibilité de prospérer. Ensemble, remodelons notre monde pour en faire un lieu juste, équitable et durable.

Nous vous invitons à nous rejoindre dans notre mission, à prêter votre voix et à nous soutenir pour nous assurer de la concrétisation d’un pacte financier mondial qui donne la priorité aux droits et au bien-être de tous les enfants. Souvenez-vous de la souffrance de millions d’enfants qui, comme nous, voient leur avenir menacé par l’ordre actuel. Derrière les systèmes financiers se trouvent de véritables êtres humains qui souffrent et se retrouvent privés de leurs besoins fondamentaux. Nous vous implorons de faire de ce sommet le tremplin vers un réalignement des systèmes financiers mondiaux sur les principes de justice, de respect de la dignité des enfants et d’équité. Donnez-nous la possibilité d’être des champions et des championnes du développement durable.

Prenez à cœur la souffrance des familles dans le sud global où les catastrophes naturelles induites par les changements climatiques ont décimé leurs premières sources de revenus et leur bétail. Telle est la cruelle réalité de la collision entre les injustices financières et les changements climatiques.

Tel est notre appel pressant à un nouveau pacte financier mondial. Un pacte qui respecte les besoins de chaque nation en matière de développement, qui place les enfants avant les profits et répartit équitablement la responsabilité de la lutte contre les causes profondes des changements climatiques et de l’adaptation à ces derniers. Au nom du développement durable des économies du XXIe siècle, nous vous enjoignons, en votre qualité de dirigeant-e-s et de responsables, à augmenter sensiblement les dépenses en faveur des objectifs de développement liés au climat. Nous appelons à plus de finance climatique et d’investissements dans le sud global, non seulement en tirant parti de l’aide publique et de celle des entreprises, mais également en s’assurant que toute personne a les moyens de vérifier qu’elle ne finance pas l’expansion des combustibles fossiles. Il ne s’agit pas uniquement de promouvoir de bonnes pratiques commerciales, bien que nombre de nos parents travaillent dans des entreprises, mais bien de sauver des vies et d’autonomiser les nations.

Par conséquent, toutes les décisions et les mesures prises aujourd’hui doivent être régies par les principes de finance et d’investissements éthiques, et se faire les protectrices non seulement de notre présent, mais plus important encore, de notre avenir. Nous appelons les gouvernements et les institutions financières du monde entier à bannir immédiatement tout financement de nouveaux projets de forage de combustibles fossiles. Ces pratiques sont de dangereux accélérateurs d’émissions de CO2, ce qui met en péril notre planète et représente une menace directe pour notre bien-être, celui des enfants, avec des catastrophes climatiques qui se succèdent.

Les vastes réservoirs de carbone, enfermés dans ces «bombes de carbone» issues de l’extraction effrénée des combustibles fossiles, doivent être désamorcés. Nous sommes alarmés d’apprendre que depuis l’adoption de l’Accord de Paris, le financement de ces pratiques destructrices a atteint la somme vertigineuse de 5,5 mille milliards de dollars américains, selon le rapport Banking on Climate Chaos. Cette somme considérable doit de toute urgence être redirigée vers des secteurs susceptibles de stimuler la résilience et une croissance durable, comme la recherche et le développement de solutions pour le climat et l’exploitation du pouvoir infini des énergies renouvelables. Concernant le secteur privé, nous sommes mis au défi, nous, les enfants, d’influencer et de concevoir des plans d’investissements écologiques dans le sud global pour une transformation durable. Prenons un exemple: imaginons une usine écologique qui vient s’implanter, ou un système de génération d’énergie renouvelable qui est lancé dans un village quelque part dans le sud global, s’ensuivront alors automatiquement des écoles, de l’énergie et de l’emploi pour les parents. Ce qui, en fin de compte, transformera la vie des enfants et des adultes de manière pérenne. Cette transformation n’est pas tant une option qu’un impératif que nous nous devons d’honorer pour le bien des enfants et de notre avenir commun.

N’oublions pas que nous, les jeunes, ne sommes pas uniquement l’avenir: nous sommes le présent. Nous nous trouvons à la croisée des chemins de la vie et de la mort, et les choix que nous faisons aujourd’hui façonneront le monde dont les générations qui nous succèderont hériteront. Faisons le choix de la voie de la justice, de l’égalité et de la durabilité. Façonnons notre monde pour en faire un lieu où tous les enfants, quels que soient leur nationalité et leur contexte, puissent vivre dans un monde à la fois juste, équitable et durable.

En unité et avec détermination, au nom de tous les enfants:

Ellyanne Wanjiku Chlystun-Githae – 13 ans, plus jeune championne africaine de la finance climatique et de la biodiversité, fondatrice de Children With Nature au Kenya, [email protected], +254 758 072 151

Foday Bangura – 17 ans, vice-président national du Children’s Forum Network en Sierra Leone

Jealaika Luna Shadari – 12 ans, militante contre les mutilations génitales féminines aux États-Unis

Jasper Jaffe – 14 ans, footballeur et militant pour les droits de l’enfant en Suisse

Lavinah Lempira – 22 ans, Anti-F

Tous nos remerciements. Dieu vous bénisse