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La pluralité religieuse, à la fois bienvenue et redoutéeUne communauté de femmes et d'hommes: apprendre des femmes comment être l'Église / La sexualité humaineGarder la foi dans le cyber-monde / Les personnes handicapées

1. La mission: des communautés de guérison et de réconciliation

A l'ère de la mondialisation, de la violence, de la polarisation idéologique, de la fragmentation et de l'exclusion, quelle est l'importance de la mission chrétienne? Cet entretien oecuménique offre l'occasion de réfléchir au message de l'Evangile et aux méthodes de la mission dans un tel contexte.

Saint Paul parle de la nouvelle création annoncée par le Christ et mise en oeuvre par l'Esprit Saint. "En Christ", dit-il,"c'était Dieu qui réconciliait le monde avec lui-même, ne mettant pas leurs fautes au compte des hommes, et mettant en nous la parole de la réconciliation. C'est au nom du Christ que nous sommes en ambassade, et par nous, c'est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu" (2 Corinthiens 5,19-20). C'est cette "nouvelle création", par la grâce transformatrice de Dieu, que nous considérons comme le but de la mission de Dieu.

La réconciliation, qui est restauration de relations justes avec Dieu en Christ, est la source de la réconciliation avec soi-même, avec les autres et avec l'ensemble de la création. En tant que chrétiens, nous sommes invités à recevoir et à célébrer ce don et, par la puissance de l'Esprit Saint, à engager l'Église dans des formes pertinentes de mission et de proclamation qui révèlent la vision du Christ qui veut que tous aient la vie en plénitude.

Ambassadrice de ce message et participant à la mission de Dieu, l'Église est appelée à tendre la main aux personnes, aux familles, aux collectivités, aux Églises et aux nations en témoignant de la puissance de l'Esprit Saint qui peut transformer le monde, signe vivant de la nouvelle création de Dieu. Nous sommes appelés à devenir des instruments de guérison et de réconciliation au coeur de la maladie, des conflits et des tensions, des crises et des souffrances. Mais nous sommes aussi appelés à être au coeur de la quête de sens et de communauté, là où des formes de spiritualité ou de religiosité "privées" semblent attirantes et où les Églises manquent d'ecclésiastiques et perdent leurs membres.

La route qui mène à la réconciliation et à la guérison n'est pas aisée. Elle exige que nous sachions écouter et dire la vérité; elle exige aussi la repentance, le pardon et un engagement sincère envers le Christ et sa justice. Elle comprend la guérison physique, mentale, émotionnelle et spirituelle. Sur ce chemin, on trouve aussi la guérison au coeur des luttes pour la justice sociale, économique et écologique, la réconciliation de communautés et d'Églises en conflit. Elle exige de nous que nous prenions soin de paroisses qui ont besoin de renouveau; que nous proclamions l'Evangile, témoignions de l'Evangile de la grâce transformatrice, là où des gens cherchent désespérément un sens spirituel à la vie. La vie sur cette route, marquée par la tension née du fait que le royaume de Dieu est déjà présent et encore à venir, s'appuie sur l'assurance que toute guérison véritable vient de Dieu.

Au sein des nombreuses traditions qui sont les nôtres, nous avons en commun une grande richesse d'expériences, de témoignages et de dons permettant de renforcer notre témoignage commun au Seigneur ressuscité: la guérison par la prière, les pratiques ascétiques et les charismes, les sacrements et les liturgies, les ministères médicaux et spirituels, les approches sociales et systémiques - que la présence de l'Esprit Saint fait vivre.

Cet entretien oecuménique offre un espace de réflexion et de partage théologique sur la mission de guérison et de réconciliation de l'Église.

Au cours de la première rencontre, nous aurons l'occasion de comprendre les divers contextes dans lesquels nous vivons et témoignons de l'Evangile. Nous entendrons aussi un exposé sur la manière d'encourager la guérison et la réconciliation des communautés.

Dans la deuxième rencontre, nous échangerons des expériences, négatives et positives, vécues dans le cadre des ministères de guérison et de réconciliation liés à la mission de l'Église et à l'appel à proclamer l'Evangile.

Dans la troisième rencontre, nous examinerons comment, en tant que communauté fraternelle d'Églises et famille aux nombreuses traditions, nous pouvons travailler ensemble en partenaires dans la mission de guérison et de réconciliation de Dieu, et de quelle manière cela peut devenir une source de force pour notre quête de l'unité visible.

2. La pluralité religieuse, à la fois bienvenue et redoutée

Nous vivons dans un monde où des forces d'homogénéisation de la culture sont à l'oeuvre. Dans le même temps, des particuliers ou des communautés manifestent souvent le désir de se distinguer. Dans certains cas, les différences religieuses et culturelles deviennent floues. Dans d'autres cas, elles sont exacerbées.

La pluralité religieuse, dans la plupart des régions du monde, constitue pour les chrétiens un défi sans précédent. Elle est bienvenue ou redoutée, parfois aussi bienvenue et redoutée. A de nombreux égards, on recherche de meilleures relations avec des voisins d'autres religions. Mais les relations entre communautés religieuses sont marquées, en bien des endroits, par la suspicion ou l'hostilité.

"N'oubliez pas l'hospitalité car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges" (Hébreux 13,2). En tant que chrétiens, nous oscillons entre une attitude ouverte, prête à rencontrer Dieu en la personne des autres, et notre affirmation qu'"il n'y a aucun salut ailleurs qu'en lui, car aucun autre nom sous le ciel n'est offert aux hommes qui soit nécessaire à notre salut" Actes 4,12).

A la lumière de l'évolution récente dans le domaine des relations interreligieuses et compte tenu de la manière dont elles sont perçues, les chrétiens abordent de façon nouvelle, au plan théologique et sous d'autres aspects, la question que pose la pluralité religieuse et les implications qu'elle entraîne pour la vie et le témoignage de l'Église.

De nombreuses initiatives concrètes voient le jour dans le domaine du dialogue et de la coopération entre les religions. Ces initiatives et les réflexions théologiques qui les sous-tendent invitent à engager un entretien oecuménique. Les Églises, de par la diversité de leurs situations, peuvent tirer les enseignements des expériences des unes et des autres et se mettre d'accord sur ce qu'elles sont appelées à faire ensemble.

Quelles sont les peurs qui font obstacle à notre engagement à dialoguer et à coopérer au plan interreligieux? Quelles sont les raisons qui pourraient inciter les autres à avoir peur de nous? Comment entrons-nous en dialogue tout en restant fidèles à ce que nous croyons et en respectant la foi des autres? Quels sont les défis auxquels nous faisons face après avoir mis en place le dialogue et la coopération? Comment une communauté fraternelle d'Églises aborde-t-elle ces questions ensemble?

Au cours de la première rencontre, nous ferons le point sur la situation actuelle des relations interreligieuses au niveau mondial et les effets qu'elles ont sur les réalités locales, et sur la manière dont ces réalités les affectent.

Au cours de la deuxième rencontre, nous échangerons nos vues sur la manière dont les chrétiens, dans leur contexte local, font face aux changements de l'environnement interreligieux. Ce sera une occasion de tirer les enseignements de la diversité des idées théologiques et des expériences concrètes.

Au cours de la troisième rencontre, nous nous centrerons sur la responsabilité commune des Églises et de leur communauté fraternelle et sur les diverses possibilités d'une coopération accrue entre elles dans le domaine du dialogue et de la coopération interreligieux.

3. Une communauté de femmes et d'hommes: apprendre des femmes comment être l'Église

Dans le récit biblique de la création, nous trouvons le fondement théologique de la conception de l'Église comme communauté d'hommes et de femmes, créés ensemble à l'image de Dieu (Genèse 1,26). Ce n'est pas là une conception abstraite de l'humanité; au contraire, ce récit affirme la dignité et la valeur de tous les êtres humains, femmes et hommes.

Il est difficile de vivre cette perspective de la Genèse. Nous sommes confrontés, au plan théologique, à de nombreux défis lorsque nous recherchons une expression authentique de l'Église en tant que communauté de femmes et d'hommes participant ensemble à la vie de l'Église et de la société.

Pour relever ce défi, nous devons approfondir notre compréhension de l'autorité de l'Ecriture à la lumière de notre expérience vécue, notre conception de modèles de mission et de service propres à renforcer le ministère de l'ensemble de la communauté, la manière dont nous utilisons le langage et les symboles liturgiques dans le culte et l'influence qu'ils ont sur les relations entre les femmes et les hommes.

Les femmes ont fait preuve de fidélité envers l'Église, mais cela est souvent banalisé ou mis de côté lorsqu'il s'agit de leur confier des responsabilités et de mettre en valeur leur contribution en matière de théologie et de spiritualité. Dans de nombreux contextes, l'Église est lente à s'exprimer au sujet de cette injustice, et elle en souffre.

Les femmes ont des perspectives propres sur la manière d'être l'Église, marquées par une conception de l'Église en tant que communauté de femmes et d'hommes, la vision d'un partenariat cherchant la justice. Dans cette conception de l'Église, la solidarité, la responsabilité, la compassion et une éthique du souci de l'autre sont des éléments fondamentaux. La participation et un partage authentique du pouvoir sont au centre de cette vision. Celle-ci se fonde sur une relecture critique de l'histoire, de la théologie et de la doctrine de l'Église.

En s'engageant avec fidélité dans le mouvement oecuménique et en apportant leur contribution à la recherche de l'unité, les femmes ont affirmé la pluralité de leurs expériences, l'intégrité de leurs traditions ecclésiales et un engagement holistique dans le ministère. Elles ont mis en lumière la nécessité de respecter et de mettre en valeur diverses conceptions de la libération et de la liberté.

Toutes les générations de femmes engagées dans l'oecuménisme ont formulé leurs perspectives sur le renouveau de l'Église, chacune à son époque. Ces entretiens oecuméniques, ouverts aux femmes et aux hommes, offrent un espace propice à l'écoute des perspectives des femmes et à la réflexion sur ce que signifie être une communauté de femmes et d'hommes oeuvrant à la transformation du monde.

Au cours de la première rencontre, nous passerons en revue le contexte actuel en échangeant des récits, des espoirs et les luttes concernant certaines des visions que les femmes ont à offrir à l'Église. Cette rencontre comprendra une réflexion théologique sur l'Église en tant que communauté de femmes et d'hommes.

Au cours de la deuxième rencontre, nous réfléchirons à la manière dont les Églises manifestent leur solidarité avec les femmes. Les Églises pourront faire part de leur engagement en vue de renforcer le rôle des femmes dans l'Église et de faire face aux problèmes qu'elles rencontrent lorsqu'elles se mettent à son service.

Au cours de la troisième rencontre, nous serons à l'écoute des perspectives des femmes et de leur manière d'"être l'Église". Nous identifierons certains des défis auxquels le mouvement oecuménique est confronté lorsqu'il encourage les Églises à devenir des communautés d'hommes et de femmes authentiques qui participent à la transformation de l'Église et du monde.

 

4. La sexualité humaine: le corps et l'âme, le monde et l'Église

Un groupe de 150 responsables d'Églises venus du monde entier se sont réunis récemment pour discuter, entre autres, de la sexualité humaine. Bien que les "points d'entrée" des Églises représentées à cette réunion du COE, leurs positions quant à leur façon de percevoir les questions liées à la sexualité humaine et leurs réactions dans ce domaine diffèrent, la discussion a été marquée par un esprit de compréhension et de sensibilité - un don de la grâce - et les responsables se sont écoutés attentivement les uns les autres. Il est donc possible aux Églises de parler de la sexualité humaine!

Le contexte culturel et religieux dans lequel nous vivons est en train de changer rapidement et il met les Églises en demeure de réfléchir à des questions, des préoccupations et des craintes spécifiques en ce qui concerne la sexualité humaine. Dans la plupart des contextes, un dialogue sur l'Evangile et la culture, qui se poursuit depuis des générations, a cristallisé une conception particulière de la "moralité" qui influence la manière dont les Églises abordent les questions liées à la sexualité humaine.

Toutefois, la propagation de maladies sexuellement transmissibles telles que le VIH/sida a obligé de nombreuses Églises à parler ouvertement de la sexualité humaine, dans un esprit favorisant la vie et la guérison. Chaque jour, dans le monde entier, des ecclésiastiques sont appelés à répondre à une multiplicité de préoccupations liées aux relations interpersonnelles, et concernant notamment la chasteté (relations sexuelles avant le mariage), le mariage, la vie de famille, la fidélité (relations hors mariage), la contraception et l'avortement. Dans de nombreux lieux, l'Église a réagi avec un réel courage théologique aux préoccupations de la communauté relatives par exemple à la sexualité des personnes handicapées, à celle des femmes et au désir des personnes homosexuelles d'apporter leur contribution à la vie de l'Église.

Les Églises, dans le monde entier, ont réagi en considérant le fait d'aborder ces questions comme une libération ou une menace - chacune selon son "point d'entrée". Plusieurs d'entre elles ont publié des déclarations sur la sexualité humaine après avoir entrepris des études et des consultations minutieuses, accompagnées dans la prière. Cependant, les défis bibliques, théologiques et éthiques que ces questions soulèvent ont parfois provoqué des divisions douloureuses au sein de l'Église, aux plans local, national et même au niveau confessionnel.

Pouvons-nous dire que nous sommes en présence d'un kairos, eu égard aux défis que pose la sexualité aujourd'hui? Existe-t-il un désir, de la part de certaines Églises, d'aborder ces questions ensemble, en tant que communauté fraternelle d'Églises qui recherchent l'unité visible?

Est-il dangereux de se contenter d'une réponse purement séculière à ces problèmes, sans aucune référence à la foi? Comment l'Église peut-elle rester en dialogue avec un grand nombre de ses membres jeunes qui pensent que leurs Églises n'ont pas réagi de manière adéquate face à l'ampleur du défi?

Ces entretiens oecuméniques s'inspireront des expériences que des Églises, des familles et des personnes individuelles ont vécues, cherchant à aider le mouvement oecuménique à aller de l'avant dans l'examen des préoccupations théologiques et éthiques que provoquent les questions liées à la sexualité humaine.

Au cours de la première rencontre, nous passerons en revue la réalité actuelle, au travers d'un échange de récits, d'espérances et de luttes. Nous aborderons quelques-unes des questions qui se posent à l'Église et entamerons une réflexion théologique sur la sexualité humaine vue comme un 'don de Dieu'.

Au cours de la deuxième rencontre, nous nous inspirerons de déclarations, de prises de position et d'expériences des Églises. Nous apprendrons comment les questions relatives à la sexualité humaine ont été abordées par certaines Églises, au sein des familles confessionnelles, dans le mouvement oecuménique et entre théologiens.

Au cours de la troisième rencontre, nous nous demanderons dans quelle direction une communauté d'Églises en quête d'unité peut se diriger alors qu'elle se confronte à ces questions, s'efforce d'être à l'écoute de ses membres et cherche à offrir une réponse théologique portant les marques de la grâce et de la transformation.

5. Garder la foi dans le cyber-monde: communautés chrétiennes et nouvelles technologies

Les nouvelles technologies de l'information et de la communication - téléphones portables, courrier électronique, Internet, ordinateurs en réseau et télévision digitale - exercent dans le monde entier une influence de plus en plus forte sur toutes les sphères de la vie. La manière dont les gens s'informent et réfléchissent sur leur environnement, nouent des relations et communiquent les uns avec les autres, jugent des situations et prennent des décisions est marquée par les nouvelles technologies, de plus en plus présentes, et par le volume immense de l'information, des messages, des valeurs et des modèles culturels qu'elles transmettent. Paradoxalement, le "fossé digital", qu'il soit économique, culturel ou générationnel, a des conséquences pour ceux qui ont accès à ces technologies et pour ceux qui ne l'ont pas.

Les chrétiens n'échappent pas à cette influence dans leur vie quotidienne, pas plus que l'Église en tant que communauté de croyants. On peut avoir et on a accès aux activités et aux domaines d'expérience de vie qu'on trouvait traditionnellement au sein d'une paroisse physique - groupes de prière, direction spirituelle, enseignement biblique, discussions théologiques, et même le culte - au travers des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Ces "paroisses virtuelles" sont en croissance, avec des possibilités, des objectifs, des origines et des compositions divers.

Les Églises établies se confrontent à ce phénomène selon des rythmes différents et à divers niveaux. En tant que corps du Christ dans lequel tous les membres sont liés entre eux (1 Corinthiens 12,26), l'Église ne peut pas ignorer les nouvelles formes d'interconnexions qui défient l'espace et le temps. Consciente du fait que le don de l'Esprit Saint permet de renverser les barrières de la communication pour partager l'Evangile (Actes 2,6), elle est attentive à l'émergence de langages et de moyens de communication nouveaux. Mais comme elle est en même temps appelée à ne pas se conformer au monde, mais à le transformer (Romains 12,2), elle prend par rapport à eux une position critique.

En considérant les effets des nouvelles technologies sur la vie chrétienne, les Églises doivent affronter un certain nombre de questions. Quel est l'impact de ces technologies sur la dimension institutionnelle de l'Église? Dans quelle mesure peuvent-elles améliorer son administration et enrichir la vie cultuelle? Comment peuvent-elles renforcer les engagements oecuméniques? Où la "paroisse virtuelle" se situe-t-elle dans la conception traditionnelle de ce que signifie être l'Église? Quelles sont les dimensions de l'expérience chrétienne qui peuvent être transmises au travers des nouvelles technologies de l'information et de la communication (c'est-à-dire "visualisées")?

Au cours de la première rencontre, nous ferons le point sur les tendances mondiales et discuterons la manière dont les nouvelles technologies influencent la vie des personnes, des familles, des communautés et des sociétés, comment elles façonnent le style de vie des gens, leurs valeurs et leurs croyances. Les participants contribueront à la discussion en apportant des éléments tirés de leurs contextes respectifs, par-delà le "fossé digital".

Au cours de la deuxième rencontre, nous aurons l'occasion d'un échange de vues sur la manière dont les Églises abordent ce phénomène dans leurs contextes propres. Les participants sont invités à s'informer mutuellement sur les différentes expériences et perspectives théologiques.

Au cours de la troisième rencontre, nous examinerons comment ouvrir des portes sur l'avenir en prenant des mesures telles que l'élimination des barrières physiques et sociales, et de celles qui proviennent des attitudes, et nous nous demanderons comment nous engager dans une réflexion sur les défis oecuméniques qui sont devant nous.

6. Les personnes handicapées: une Église de tous et pour tous

L'Église du Christ est un lieu d'accueil pour tous, sans tenir compte de nos différences. Comme l'a montré saint Paul dans 1 Corinthiens 12,2-26, l'Église est le corps du Christ et elle est faite de nombreuses parties. Elle ne saurait être complète si elle exclut la moindre de ces parties. Toutes ont leur fonction propre et même celles qui paraissent faibles sont indispensables. Cependant, cela ne correspond pas à l'expérience des personnes handicapées qui se sont senties exclues de la vie spirituelle, sociale, économique et structurelle de l'Église. Elles ont éprouvé leur exclusion au travers de diverses barrières dont les pires sont celles qui sont liées aux attitudes. Il y a extrêmement peu de personnes handicapées qui, d'une manière ou d'une autre, participent au mouvement oecuménique.

La raison principale de leur exclusion de la vie de l'Église peut s'expliquer par une forme de la lutte entre les forts et les faibles. En tant que groupe apparemment faible, ces personnes passent pour n'avoir aucune contribution à apporter et sont donc considérées comme une charge. Lorsque l'on s'est préoccupé de leurs besoins, c'était dans un esprit de charité et par choix plus que poussé par la conviction que c'était là une des caractéristiques qui définissent l'Église. Si l'Église veut être véritablement ce corps qu'elle est, elle doit opérer un déplacement de paradigme et traiter la question du handicap non plus dans la perspective de la charité, mais dans le cadre d'une théologie qui responsabilise et qui soit ouverte à tous. Des signes de ce nouveau départ sont vécus dans l'activité de quelques Églises.

Un certain nombre des thèmes fondamentaux examinés dans la déclaration provisoire du COE intitulée "L'Église de tous" offre quelques indications sur ce que devrait être la place des personnes handicapées dans l'Église. Trois d'entre eux présentent un intérêt particulier: l'herméneutique, l'imago Dei, et la guérison. Cet entretien se déroulera autour de ces thèmes et de leurs implications en ce qui concerne une ouverture complète des portes à la pleine participation des personnes handicapées à la vie de l'Église.

Au cours de la première rencontre, nous aurons l'occasion d'entendre des personnes handicapées parler de leur expérience personnelle concernant leur interaction avec l'Église. Nous parlerons de ce que signifie pour ces personnes le fait d'être membres à part entière de l'Église de tous, et de ce que les récits de guérison du Nouveau Testament communiquent à l'Église d'aujourd'hui.

Au cours de la deuxième rencontre, les Églises qui ont progressé dans l'inclusion et la participation active de personnes handicapées dans les domaines du culte et de la vie structurelle auront l'occasion de partager leurs expériences.

Au cours de la troisième rencontre, nous explorerons de nouvelles manières d'ouvrir les portes sur l'avenir grâce à des mesures telles que l'élimination des barrières physiques et sociales et de celles liées aux attitudes, et nous entamerons une réflexion sur les défis oecuméniques qui sont devant nous.