La session 2003 du Comité central du Conseil oecuménique des Eglises (COE), qui s'est tenue à Genève du 26 août au 2 septembre, a été l'occasion pour les Eglises membres de traiter en profondeur autant les questions internationales qui secouent le monde aujourd'hui que la dynamique de l'oecuménisme. Elle a aussi été l'occasion d'élire le premier Secrétaire général Africain du COE.

Le pasteur Samuel Kobia, de l'Eglise méthodiste du Kenya, a été nommé Secrétaire général du Conseil oecuménique des Eglises (COE) en remplacement de Konrad Raiser, pasteur allemand en poste depuis 11 ans. Il prendra ses fonctions en janvier 2004.

Lors de sa première intervention, le nouveau Secrétaire général a déclaré que les problèmes rencontrés par le COE ne pouvaient être résolus qu'ensemble, et que dans la tradition africaine, la prise de décision passe en priorité par la recherche d'un consensus.

Les Eglises participant à cette réunion du Comité central ont également choisi le thème de la 9ème assemblée générale prévue pour février 2006 à Porto Alegre au Brésil : "Dieu, dans ta grâce, transforme le monde !". En effet, d'après le Comité central, "l'assemblée doit refléter la dynamique du mouvement au sens large".

Le choix du thème de l'année 2004 de la Décennie "Vaincre la violence" a paru lourd de signification: l'accent sera en effet mis sur les Etats Unis, dont l'image s'est considérablement détériorée en raison de la globalisation et de la guerre. L'idéal de démocratie et de liberté, le succès économique sont compromis par les injustices, et par une approche trop arrogante et unilatérale des enjeux internationaux.

Il s'agit donc pour le mouvement oecuménique d'encourager et de soutenir les efforts des Eglises des Etats Unis qui prennent position et agissent en faveur de la paix au sein même de la plus grande puissance du monde.

Cette rencontre du Comité central a aussi été l'occasion pour le Réseau œcuménique de défense des personnes handicapées (EDAN) et la commission Foi et Constitution d'exprimer un certain nombre de demandes qui ont trait autant à la théologie, et aux conceptions fausses liées à la notion d'image de Dieu, qu'aux mesures pratiques et concrètes qui peuvent être prise par les Eglise pour manifester un accueil réel des personnes handicapées. Ce message a été bien entendu par les Eglises qui ont promis leur appui.

Plusieurs questions d'actualité ont fait l'objet de déclaration des Eglises participant à la réunion. Il a été relevé que les initiatives prises par le COE sur la question palestinienne, de Chypre ou de l'Irak ont réellement contribué à rendre le dialogue interreligieux possible au Moyen Orient.

Concernant l'Irak, le comité a réaffirmé que c'est au peuple irakien de choisir librement son destin politique, et que les Nations Unies doivent pouvoir jouer un rôle de premier plan pour les secours humanitaires, la reconstruction du pays et le désarmement. Le comité a déploré l'anarchie et l'insécurité qui règnent en Irak et a condamné toutes les formes de violence, y compris le meurtre des dirigeants religieux et l'attentat meurtrier dirigé contre le bureau des Nations Unies.

Concernant les Territoires palestiniens occupés, le Comité central du COE s'est réjouit du soutien que les Eglises et les ministères oecuméniques spécialisés ont apporté au "Programme oecuménique d'accompagnement en Palestine et en Israël" initié en 2002 et qui a pour but de concrétiser sur le terrain l'engagement pour la justice et la paix.

L'Europe a connu ces dix dernières années des bouleversements politiques considérables, et se trouve encore dans une phase de profonde mutation.

Les Eglises membres du COE ont par conséquent senti le besoin d'actualiser leur réflexion sur le rôle des Eglises dans plusieurs domaines, tels que "Les valeurs qui sous-tendent l'unité européenne" ou "L'Europe et la sécurité".

En ce qui concerne le mouvement oecuménique, le COE a ouvert un débat sur la "reconfiguration du mouvement oecuménique" afin d'identifier les domaines où des changements sont nécessaires pour s'adapter à un monde en pleine transformation. Ce processus sera entamé en novembre 2003 à Antelias au Liban, et devrait se prolonger au travers de la réunion du Comité central en 2005, puis à l'Assemblée générale de 2006 à Porto Alegre.

Un souffle nouveau a été donné par le président du Comité Central, Aram I, catholicos de Cilicie, qui souhaite qu'à l'avenir, le COE mette de plus en plus l'accent sur le dialogue interreligieux.

Le Comité central s'est réjoui de ce que les Eglises orthodoxes se sentent aujourd'hui mieux prises en compte. Il a travaillé à la mise en oeuvre des recommandations qui avaient été faites l'an passé par la "commission spéciale" consacrée à ce sujet, notamment celles portant sur la prise de décision par recherche du consensus.

La situation financière du COE parait aujourd'hui un peu plus encourageante qu'elle n'avait été ces deux dernières années, principalement grâce aux efforts qui ont été faits pour recentrer les programmes et pour contrôler les dépenses. Le budget 2003 se montent à 46,2 M. de CHF, et compte tenu des prévisions "modestement encourageantes" pour les rentrées, on peut espérer un résultat légèrement positif en fin d'année.

Le Secrétaire général sortant, le pasteur Konrad Raiser, a saisi l'occasion de son dernier rapport pour souligner l'importance d'inclure les catholique romains, les évangéliques et les pentecôtistes dans un mouvement oecuménique plus large issu du processus de "reconfiguration". Il a par ailleurs précisé que les Eglises membres du COE seront pleinement impliquées dans ce processus.

Lors du culte d'au revoir, à la chapelle du COE, le modérateur du Comité Central, Aram I a célébré le travail accompli en 11 ans par M. Konrad Raiser en soulignant son engagement, sa vision ainsi que la sensibilité et l'érudition qu'il a mis au service de l'institution.

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