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Oslo City Hall hosts the Nobel Peace Prize award ceremony on 10 December 2017. The prize in 2017 goes to the International Campaign to Abolish Nuclear Weapons (ICAN). Photo: Albin Hillert/World Council of Churches

Le 10 décembre, lors d'une cérémonie historique qui s'est déroulée au sein de l'hôtel de ville d'Oslo, la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN) a reçu le prix Nobel de la paix et exhorté le monde à poursuivre ses efforts en faveur d'une norme sans équivoque contre les armes nucléaires.

La cérémonie, organisée lors de la Journée internationale des droits de l'Homme, s'est tenue en présence des lauréats, des membres du Comité Nobel et de la famille royale de Norvège.

Berit Reiss-Andersen, présidente du Comité Nobel norvégien, a expliqué les raisons pour lesquelles l'ICAN a été désignée prix Nobel de la paix. « L'ICAN reçoit le prix pour son travail de sensibilisation sur les conséquences humanitaires catastrophiques induites par tout recours aux armes nucléaires et pour ses efforts déterminants en vue d'obtenir un traité d'interdiction de ces armes », a-t-elle déclaré. « Les efforts de l'ICAN ont donné un nouvel élan au processus visant à abolir les armes nucléaires. »

Le prix Nobel de la paix de cette année s'inscrit dans une tradition de récompenses qui ont honoré les efforts déployés contre la prolifération des armes nucléaires et pour le désarmement nucléaire, a noté Berit Reiss-Andersen. Douze prix Nobel de la paix ont été attribués, en tout ou en partie, pour honorer ce type de travail en faveur de la paix ; le premier en 1959 et le plus récent (avant l'ICAN) en 2009.

«Débarrasser le monde de cette terrible menace»

Beatrice Fihn, directrice de l'ICAN, a accepté le prix au nom des « milliers de personnes inspirantes » qui composent la Campagne. « Ensemble, nous avons instauré la démocratie sur le plan du désarmement et redéfinissons le droit international », a-t-elle déclaré, « et nous remercions tous ceux qui se sont engagés à débarrasser le monde de cette terrible menace. »

« Dans des dizaines d'endroits à travers le monde - dans des silos à missiles enfouis dans nos sols, à bord de sous-marins naviguant sous nos océans et à bord d'avions volant haut dans notre ciel - se trouvent 15 000 objets contribuant à la destruction de l'humanité », a déploré Beatrice Fihn dans son discours de remerciement. « Peut-être est-ce l'énormité de cette vérité, peut-être est-ce l'ampleur insoupçonnée des conséquences, qui amène de nombreuses personnes à simplement accepter cette sombre réalité. »

En réalité, un monde exempt d'armes nucléaires représente le seul choix rationnel, a indiqué la directrice de l'ICAN. « Nous représentons ceux qui refusent d'accepter les armes nucléaires comme un élément à part entière de notre monde, ceux qui refusent de lier leur destin à quelques lignes de code de lancement », a-t-elle expliqué. « Notre choix est la seule réalité possible. Toute autre alternative est impensable. L'histoire des armes nucléaires aura une fin, et c'est à nous de décider quelle sera cette fin. Sera-ce la fin des armes nucléaires, ou sera-ce notre fin ? »

Beatrice Fihn a évoqué la peur, la liberté et l'avenir. « De l'aveu même de ceux qui possèdent des armes nucléaires, la véritable utilité de celles-ci réside dans leur capacité à provoquer la peur », a-t-elle précisé.

Et de poursuivre°: « L'heure est venue de recouvrer la liberté de ne pas vivre notre vie comme otages d'une annihilation imminente. Les hommes, et non les femmes, ont créé des armes nucléaires pour contrôler les autres, mais au lieu de cela, ce sont les armes qui nous contrôlent. Ils nous ont fait de fausses promesses. En nous expliquant que le fait de rendre les conséquences de l'utilisation de ces armes si impensables rendrait tout conflit dérangeant. Que cela nous permettrait d'éviter la guerre. »

Au cours de ce siècle, ces armes continuent de nous entraîner vers la guerre et les conflits, estime Beatrice Fihn.

En ce qui concerne l'avenir, elle a déclaré qu'il existe « des centaines d'organisations qui, aux côtés de l'ICAN, progressent à grands pas ».

La directrice de l'ICAN a tenu à remercier les millions d'individus à travers le monde qui ont œuvré aux côtés des militants pour montrer à des centaines de millions d'autres personnes qu'un avenir différent est réellement possible.

« Ceux qui disent que cela n'est pas possible doivent se tenir à l'écart de ceux qui font de cet avenir une réalité », a-t-elle confié. « Point culminant de cet effort populaire, à travers l'action des citoyens ordinaires, un traité de l'ONU visant à interdire ces armes de destruction massive a été négocié et conclu, cette année, par 122 nations. »

Et de conclure : « Le Traité d'interdiction des armes nucléaires indique la voie à suivre, et ce, en cette période de grande crise mondiale. Il représente une lumière dans cette période sombre ».

Une hibakusha partage son engagement pour l'espoir

Berit Reiss-Andersen, s'exprimant au nom du Comité Nobel norvégien, a présenté Setsuko Thurlow, survivante (ou « hibakusha ») du bombardement atomique d'Hiroshima.

« En août 1945, durant deux jours, le monde a connu pour la première fois la terrible force destructrice des armes nucléaires », a rappelé la présidente du Comité Nobel norvégien. « Les bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki ont tué au moins 140 000 personnes, parmi lesquels une large majorité de civils. »

Setsuko Thurlow n'avait que 13 ans lorsque le bombardement a eu lieu. Désormais âgée de 85 ans, cette membre active de l'ICAN a partagé la scène avec Beatrice Fihn lors de la cérémonie.

« Je m'exprime en tant que membre de la famille des hibakusha ; ceux d'entre nous qui, par miracle, ont survécu aux bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki », a déclaré Setsuko Thurlow. « Depuis plus de sept décennies, nous œuvrons pour l'abolition totale des armes nucléaires. Nous sommes solidaires des victimes de la production et des essais de ces armes horribles à travers le monde. »

Après avoir partagé l'histoire de sa propre survie, et les terribles souffrances de sa famille et de sa ville, Setsuko Thurlow a estimé que le développement des armes nucléaires signifie non pas l'élévation du pays vers la grandeur, mais « sa descente dans les profondeurs les plus sombres de la dépravation ».

Les armes nucléaires ne sont pas un mal nécessaire, a-t-elle expliqué, mais le mal ultime.

« Le 7 juillet dernier, j'ai ressenti une joie immense lorsqu'une grande majorité des nations du monde a voté en faveur de l'adoption du Traité d'interdiction des armes nucléaires », a-t-elle avoué. « Ayant été témoin de l'humanité sous son pire aspect, j'ai vu, cette journée-là, l'humanité sous son meilleur jour. Nous, hibakusha, attendions l'interdiction des armes nucléaires depuis soixante-douze ans. Puisse ce jour être le début de la fin des armes nucléaires. »

Le Conseil œcuménique des Églises fait partie des partenaires de l'ICAN à travers le monde

L'attribution du prix Nobel de la paix à l'ICAN est « un signe d'espérance et d'encouragement sur le chemin de la paix », a déclaré le Pasteur Olav Fykse Tveit, Secrétaire général du COE.

La « Déclaration pour un monde dénucléarisé » adoptée par le COE en 2014 affirme que, de fait, il n'est pas possible de concilier armes nucléaires et paix véritable. « L'explosion, la chaleur et le rayonnement infligent des souffrances sans nom », précise la Déclaration. « Dès lors qu'elles existent, les armes nucléaires mettent l'humanité en péril. »

« Pour le COE, il s'agit d'un moment charnière dans le long chemin parcouru depuis l'Assemblée du COE en 1983, qui condamnait la production, le déploiement et l'utilisation d'armes nucléaires en tant que crimes contre l'humanité », a poursuivi le Pasteur Olav Fykse Tveit. « Notre impératif moral à l'égard des armes nucléaires est clair est catégorique. Nous pouvons tous exhorter nos gouvernements à signer et à ratifier le traité, puis à veiller à sa mise en œuvre. »

Il a ajouté qu'en ces temps critiques, « au regard de la situation dans la péninsule coréenne, la menace d'un conflit nucléaire met en péril les vies et l'avenir non seulement de la population de la péninsule, mais aussi de la région et de la planète tout entière ».

« Le Conseil œcuménique des Églises réaffirme sa volonté de faire progresser la campagne pour l'abolition et l'élimination des armes nucléaires, et continuera d'encourager et soutenir les Églises à travers le monde dans leur travail au service d'une paix et d'une justice durables, dans un monde sans armes nucléaires », a affirmé le Pasteur Olav Fykse Tveit.

Et de conclure : « Instaurer la paix est une tâche sacrée. L'attribution du prix Nobel de la paix à l'ICAN nous encourage à mener à bien cette tâche. Nous avons besoin de mots qui confèrent au monde une certaine responsabilité à l'égard de notre appel à la paix ».

Les lauréats du prix Nobel planifient les prochaines étapes en vue de l'interdiction des armes nucléaires (communiqué de presse du COE du 10 décembre 2017)

Établir la paix «une grande et passionnante mission de vie» (communiqué de presse du COE du 9 décembre 2017)

Limitation des armes nucléaires

Article du blog : Un témoignage en faveur de la paix aux côtés de l'ICAN, prix Nobel de la paix (en anglais)

Photos haute résolution du week-end à Oslo, à l'occasion de la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix

Le prix Nobel de la paix (discours, retransmissions en direct) (site Web en anglais)

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