Les fonds destinés à lutter contre le Sida devraient être distribués par les Eglises parce qu'elles ont un meilleur accès aux populations affectées.

Cet appel a été lancé pendant la réunion du Comité central du Conseil oecuménique des Eglises (COE) par le Révérend Bernard Ntahoturi, archevêque de l'Eglise épiscopalienne du Burundi, lors d'une présentation à la presse de l'initiative oecuménique HIV/SIDA en Afrique (EHAIA).

On s'attend à ce que le Comité central, qui se réunit du 30 août au 6 septembre à Genève, fasse une déclaration concernant les réponses des Eglises face à cette épidémie, affirmant que nous possédons les moyens de lutter de manière efficace contre ce fléau et que les Eglises ont un rôle unique et particulier à jouer.

Le programme EHAIA du COE permet à des Eglises en Afrique d'accéder à l'information, à la formation, aux réseaux et aux soins, il doit aider à traiter le Sida dans leurs communautés.

L'appel de l'archevêque Ntahoturi a été repris par Madame Agnès Abuom, du Kenya, qui a contribué à la fondation d'EHAIA. Elle a proposé que les Eglises participent plus activement à la coordination de l'accès aux ressources disponibles dans les différents pays.

Le Dr Manoj Kurian, directeur de ce programme du COE a indiqué qu'EHAIA répondait aux besoins urgents et les plus immédiats des personnes. Il a rappelé que par l'intermédiaire de ses cinq bureaux régionaux, le COE permettait aux responsables d'Eglises et à leurs communautés de parler honnêtement et franchement au sujet du Sida, aidant à formuler une liturgie et une théologie appropriées, et à proposer des réponses concrètes. Le programme permet ainsi de consolider les énergies disponibles en Afrique grâce à la ténacité, l'amour et la compassion envers les personnes vivant avec le virus du Sida.

Agnès Abuom, ancienne présidente du COE, a ensuite déclaré que par l'intermédiaire d'EHAIA le COE essayait de redonner espoir et courage tout en renforçant le témoignage des Eglises en Afrique. Un des points critiques reste de développer les capacités des Eglises afin de les rendre compétentes dans le domaine du Sida, en indiquant clairement que la stigmatisation et la discrimination envers les personnes vivant avec le Sida est contraire à la volonté de Dieu.

L'importance de l'épidémie en Afrique est telle que cela implique de prendre cela en compte dans toutes les questions pastorales et culturelles. Elle a enfin indiqué que ce travail constituait un véritable témoignage de foi, et qu'il fallait continuer à encourager et aider les Eglises à aborder et à travailler sur cette question très sensible.

L'archevêque Ntahoturi a affirmé que les trois principales causes de décès en Afrique - Sida, malaria et conflits armés - étaient parfaitement évitables. Il a lancé un appel aux Eglises comme associées et partenaires, compte tenu de leur capacité à s'adresser et à sensibiliser le peuple, parfois bien mieux que ce que les gouvernements ne peuvent faire.

EHAIA a aidé des Eglises à accepter les personnes vivant avec le Sida comme membres à part entière de leurs communautés. Elles ont pu combattre la stigmatisation en affirmant, «ils sont aussi notre peuple ». Ce programme a également aidé les personnes affectées à garder leur dignité en fournissant des micro-crédits pour les communautés les plus affectées par la pauvreté.

Prince Dibeela Moiseraele, du Botswana profondément impliqué dans la recherche théologique autour du Sida, a confirmé ce que disait l'archevêque Ntahoturi disant que l'Eglise a continué à vivre et à travailler dans toutes les communautés. Il a précisé que le programme destiné aux pasteurs au sujet du Sida leur donnait des qualifications liturgiques et pastorales, confirmant ainsi que la vie et la mort étaient les questions théologiques.

« Comment prêcher un Dieu plein d'Amour au milieu de tellement de souffrances ? ». Il a poursuivi en disant que ce programme cherchait à développer une théologie qui puisse parler de la vie, de la foi et d'espoir.  

Les participants à cette réunion ont indiqué clairement qu'à côté de ces nombreux signes d'espoir, de nombreux défis restent à relever, en particuliers les questions liées à l'extrême pauvreté, au respect des droits humains ainsi que l'accès aux soins pour les personnes infectées, précisant que même dans des pays disposant de bonnes capacités sanitaires, des problèmes demeurent compte tenu du nombre important de personnel soignant infecté par la maladie.

L'initiative oecuménique Sida en Afrique a été mise en place en 2002 comme un projet commun aux Eglises africaines, les Eglises membres du COE et soutenu par les Eglises d'Europe du nord.

Voir aussi le site internet de EHAIA