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Réunion du Comité Central, août / septembre 2012

Traduction de l’anglais
Service linguistique, COE

1.        Le Conseil œcuménique des Églises se préoccupe depuis de longues années des populations autochtones d’Australie. Elles ont souffert de la dépossession de leurs terres et de la perte de leur langue et culture et ont enduré pendant des décennies les tentatives d’assimilation forcée. Aujourd’hui encore, les peuples autochtones d’Australie souffrent terriblement en termes socio-économiques et ils sont gravement désavantagés par rapport aux autres Australiens.

2.        Suite à une visite de «Lettres vivantes» en Australie en septembre 2010, le Comité central du COE a approuvé en février 2011 une «Déclaration sur la situation des peuples autochtones d’Australie». Cette déclaration prenait note de la «Northern Territory National Emergency Response» (NTER, Action d'urgence nationale pour le Territoire du Nord) de 2007, connue sous le nom d’«intervention», qui a imposé de sévères restrictions aux droits et libertés des familles et communautés autochtones dans le Territoire du Nord et était d’une nature très discriminatoire.

3.        Le facteur le plus répréhensible de «l’intervention» est le fait qu’elle fut imposée sans aucune consultation des communautés autochtones et de leurs dirigeants. La protestation des communautés autochtones du Territoire du Nord entraîna un certain allègement de certaines des mesures les plus discriminatoires au cours des années 2007-2010, mais la plupart des restrictions restèrent en application, sans aucune notion de partenariat entre les populations autochtones et le gouvernement australien.

4.        En avril 2009, le gouvernement australien a adopté officiellement la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Le gouvernement australien et les peuples autochtones ont reconnu que cela représentait un pas important vers la restauration des relations entre les Australiens autochtones et non-autochtones et une avancée vers un nouvel avenir. Néanmoins, les dirigeants autochtones d’Australie ont trouvé nécessaire de mettre en application la Déclaration des Nations Unies, notamment l’Article 3, qui reconnaît le droit des peuples autochtones à l’autodétermination.

5.        En juin 2012, le parlement australien a approuvé une nouvelle législation intitulée «Un avenir meilleur dans le Territoire du Nord». Bien que cette législation soit moins sévère que celle de 2007 en cela qu’elle annule certaines restrictions, contient moins de mesures punitives contre les familles et communautés autochtones et alloue des sommes plus importantes pour le soutien financier visant à améliorer la situation désespérée des populations autochtones, il n’en demeure pas moins qu’elle retire l’autodétermination aux familles et aux communautés autochtones dans le Territoire du Nord et, pour la première fois, étend une partie du contrôle et des mesures punitives au-delà de ce territoire.

6.        Dans les mois précédant l’adoption de cette législation de 2012, le gouvernement australien a entamé un processus de consultation au sein des communautés autochtones du Territoire du Nord. Néanmoins, les dirigeants autochtones dans toute l’Australie restent scandalisés face au manque de prise en compte de leurs avis et suggestions par le gouvernement. Les communautés autochtones et leurs responsables pensent que l’approche gouvernementale se caractérise par la contrainte, la discrimination, le contrôle et la sanction.

7.        Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations Unies a appelé tous les États parties à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CERD) à «veiller à ce que les membres des populations autochtones jouissent de droits égaux en ce qui concerne la participation effective à la vie publique et qu'aucune décision directement liée à leurs droits et à leurs intérêts ne soit prise sans leur consentement informé». Les dirigeants autochtones d’Australie sont extrêmement critiques face au gouvernement australien en raison de ses manquements répétés à se soumettre à cet appel.      

En conséquence, le Comité central du Conseil œcuménique des Églises, réuni du 28 août au 5 septembre à Kolympari, Crète (Grèce):

A.       réaffirme sa solidarité avec les populations autochtones d’Australie, les aborigènes et les habitants des îles du détroit de Torres;

B.       affirme son accord avec les nombreux dirigeants de communautés autochtones qui ont manifesté contre les éléments de la législation «Un avenir meilleur» mis en application sans aucune négociation significative et effective avec les populations les plus touchées par cette législation;

C.       exprime son soutien pour les actions permettant au populations autochtones de prendre le contrôle de leur vie et qui rendent possibles les partenariats entre les communautés autochtones et le gouvernement australien visant à des efforts adaptés culturellement en vue d’améliorations dans les domaines de la santé, du logement, de l’éducation, de l’emploi, de l’autonomie et du bien-être des populations autochtones;   

D.      approuve les actions des Églises australiennes pour protester contre la législation «Un avenir meilleur» et continuer à plaider pour des politiques qui construisent des partenariats entre les communautés autochtones et le gouvernement australien;

E.       encourage les Églises australiennes à continuer de soutenir les efforts des populations autochtones australiennes qui aspirent à la mise en application de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, notamment au droit à l’autodétermination pour les aborigènes et les habitants des îles du détroit de Torres;

F.       prie instamment les Églises australiennes de travailler avec les Australiens membres de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones (UNPFII);

G.      réitère son appel aux Églises membres    du COE à continuer le soutien par la prière et la conscientisation au sujet de ces questions spécifiques auxquelles les populations autochtones sont confrontées, et à développer des campagnes visant à soutenir les droits, les aspirations et les besoins des peuples autochtones d’Australie et d’ailleurs;

APPROUVÉ