Colloque de jeunes missiologues

<typohead type="2" align="right">Document préparatoire n° 8</typohead>

Centro Internazionale Animazione Missionaria C.I.A.M.
Rome, Italie - 19-25 janvier 2005

"Viens, Esprit Saint - guéris et réconcilie"

 

1 - Remarques d'introduction

LeColloque de jeunes missiologues a été organisépar l'équipe « Mission et formationoecuménique » du Conseil oecuméniquedes Eglises, au nom de la Commission de mission et d'évangélisation,à la suite d'une suggestion formulée durant unesession du Comité central du COE. Trente-deux jeunesthéologiennes et théologiens venus de sept régions,représentant de nombreuses dénominations et intéressésà la missiologie ont appris à se connaîtremutuellement et ont travaillé sur des thèmes liésà la prochaine Conférence mondiale sur la mission quise tiendra à Athènes du 9 au 16 mai 2005. Alors que lesrésultats du colloque sont communiqués en tant queprécieuse contribution à la préparation de laConférence d'Athènes, le colloque avait uneidentité et un but propres, à savoir fournir àde jeunes missiologues un espace de dialogue sur d'importantesquestions touchant la missiologie.

Lecolloque s'est déroulé au CIAM, centre deréunions sur la spiritualité missionnaire situésur le campus de l'Université pontificale urbanienne, àproximité immédiate de la cité du Vatican. LeCOE exprime sa reconnaissance au Conseil pontifical pour la promotionde l'unité des chrétiens qui l'a aidéà organiser le colloque, ainsi qu'au personnel du CIAM,et en particulier à son directeur, le père RomeoBallan, qu'il remercie de leur merveilleuse hospitalité.

Troisprésentations théologiques d'introduction ont étéfaites:

« Lasignification missionnaire de l'Esprit Saint en tant queprésence dynamisante, thérapeutique et réconciliatricede Dieu » (Anastasia Vassiliadou, orthodoxe, Grèce)

"Lesprocessus de mission et de réconciliation » (PulengLenkaBula, protestant, Afrique du Sud)

« Ministèresde guérison et communauté de guérison »(Baard Knapstad, pentecôtiste, Norvège)

Lamajeure partie du colloque s'est déroulée dans lecadre de quatre groupes thématiques. Le présentdocument contient les rapports des discussions des groupes (chapitre2) et un résumé des débats qui ont eu lieu àla fin du colloque (chapitre 3 : discussion des rapports desgroupes, chapitre 4 : recommandations communes). Aucun deces textes n'a été adopté par le colloque.L'idée est de donner aux lecteurs un reflet des débats.

Lesparticipants au colloque ont pu visiter les archives de laCongrégation pour l'évangélisation despeuples, qui se trouvent juste derrière le CIAM. Ils ont eul'occasion de s'entretenir avec le secrétaireexécutif de la Fédération des Eglisesprotestantes d'Italie Renato Maiocchi, ainsi qu'avec MgrJohn Mutiso-Mbinda, du Conseil pontifical pour la promotion del'unité des chrétiens.

<typohead type="1">2 - Rapports des quatre groupes de discussion</typohead>

Il est important de noter que cesrapports n'ont pas été adoptés et sebornent à décrire la discussion qui s'estdéroulée dans les groupes. De même, lesrecommandations contenues dans ces rapports représententexclusivement la discussion des groupes. Elles n'ont pas étéadoptées par le colloque.

<typohead type="2">2 a - Groupe sur la réconciliation</typohead>

Rapportsur les discussions du groupe

Quatrethèmes:

  1. La réconciliation en tant que nature de l'Eglise (son identité)

Cettenature ou identité vient de l'Ecriture, qui affirme queDieu nous a réconciliés et continue de nous réconcilieravec lui-même / avec Dieu même (2 Corinthiens 5,18-19).En cela, nous affirmons notre responsabilité (laresponsabilité de l'Eglise) à l'égarddu ministère de réconciliation. Nous affirmons aussil'ambiguïté de l'action humaine dans leministère de réconciliation, où parfois noussommes des agents de conflit et parfois des agents de réconciliation.

a) Etre l'Eglise, c'est être un organisme de réconciliation.

b) Les chrétiens ne devraient pas oublier de se réconcilier avec eux-mêmes.

c) Il y a différents niveaux de réconciliation : personnel ou familial, social ou communautaire, et structurel.

  1. Cadre temporel des processus de réconciliation

Nous nousposons la question de savoir quand il est opportun de commencer unprocessus de réconciliation. Nous éclaircissons aussile sens de l'expression "conscience de l'histoire"(reprise plus loin) : cela signifie qu'on est conscientdes blessures et des offenses passées, ainsi que des effetscontinus de ces blessures et de ces offenses.

a)La nécessité d'avoir conscience de l'histoire dans le processus de réconciliation

      1. péché hérité

      2. mémoire

      3. cadre temporel

b) La réconciliation en tant qu'action continue (travail permanent)

3. Comment le pardon est incorporé dans les processus de réconciliation

Nousfaisons apparaître que le pardon est une partie fondamentale duministère de réconciliation, mais non toutefois unecondition préalable.

a) La réconciliation exige un changement de points de vue (metanoia).

b) Les parties intéressées doivent reconnaître leurs torts (responsabilité et repentance).

N.B.: quand les gens sont incapables ou refusent de reconnaîtreleur participation à une injustice, la réconciliationest impossible. Nous notons ici la différence entre laparticipation directe et indirecte au tort et à l'injustice.

  1. Relation entre la justice et la réconciliation

Nousreconnaissons le lien qui existe ici avec la metanoia, et lamanière dont un changement dans une partie d'un systèmeou de la vie implique un changement dans d'autres parties dusystème ou de la vie.

a) Justice économique, Luc 19 et le récit de Zachée

    1. Zachée s'engage à faire don de la moitié de ses biens aux pauvres.

    2. Matthieu 6,24, servir Dieu et Mamon.

b)Justice réparatrice

    1. Luc 15,11-31, la parabole du fils prodigue.

Comment laréconciliation implique-t-elle un changement de culture (deschangements dans la culture) ? Dans quelle mesure ?

Leministère de réconciliation au niveau personnel, face àla violence résultant de l'inégalité entreles sexes. Est-ce une question de relations de confiance etd'amitié ? Sont-ce là les signes de laréconciliation ?

Les qualités du ministère de réconciliation (2Corinthiens 6)

v.4 parune grande persévérance
v.6 par la pureté, la science, la patience, la bonté,par l'Esprit Saint,
l'amour sans feinte
v.7 la parole de vérité, la puissance de Dieu,
par lesarmes de la justice
v.8 -10 tenus pour imposteurs et pourtant véridiques

….inconnus et pourtant bien connus
….attristés mais toujours joyeux
….pauvres, et faisant bien des riches
….n'ayant rien, nous qui pourtant possédons tout

Le fruitde l'Esprit peut être (est) signe de réconciliation(Galates 5,22)

- amour, joie, paix,patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrisede soi.

Lametanoia affecte tout. C'est un changement de coeur,d'attitude.

(Viens,Esprit Saint, change nos coeurs)

Suggestionspour la suite

Moyensconcrets de faciliter le ministère de réconciliationdes Eglises :

  • utiliser des études de cas, par exemple l'évêque en Europe1

  • analyse biblique (étude biblique)

Organiserun autre colloque sur des thèmes plus spécifiques, parexemple le lien entre la justice écologique et laréconciliation. Nous croyons que c'est l'un desnombreux problèmes critiques auxquels l'Eglise estconfrontée aujourd'hui.

Un autreproblème délicat est de regarder les élémentsqui empêchent la réconciliation. Peut-être celapourrait-il constituer le thème d'un colloque ultérieur.

Nousrecommandons au COE de rassembler les contributions des participantsau présent colloque sur des sujets tels que ceux mentionnésci-dessus, et d'autres qui demandent une réflexionsupplémentaire.

(Ici figuraient les noms des membresdu groupe)

Nousreprésentons une grande diversité de traditions et decommunions chrétiennes.

<typohead type="2">2 b - Groupe sur le ministère de guérison</typohead>

Rapport sur les discussions du groupe

Introduction

Ladéfinition de la guérison telle qu'elle figuredans les documents préparatoires de la Conférencemondiale du COE sur le thème "Appelés en Christ àêtre des communautés de réconciliation et deguérison" couvre un grand nombre d'aspects telsque "le bien-être de l'individu et de la société,le bien-être physique, mental, spirituel, économique,politique et social - le fait d'être en harmonieles uns avec les autres, avec l'environnement matérielet avec Dieu"2.Bien que nous soyons conscients de la valeur d'une telledéfinition générale de la guérison, notregroupe a jugé important de souligner "l'aspectpersonnel de la guérison"3.La décision de souligner cet aspect de la guérison estmotivée par l'impression que, jusqu'ici, le COEn'a pas prêté suffisamment d'attention àla question de la guérison au niveau personnel. Les membres dugroupe veulent aussi souligner que, dans ce cas, il est importantd'agir dans la perspective de la conception holistique de lapersonne, à savoir une conception qui inclut les aspectsphysiques, spirituels, émotionnels, mentaux et sociaux del'être humain. Le groupe veut aussi attirer l'attentionsur la réalité de la guérison miraculeuse quiapparaît fréquemment dans les ministères et lavie des Eglises.

Nosdiscussions sur le thème de la guérison se sontconcentrées sur quatre points principaux :

1. L'effet des visions du monde sur notre conception de laguérison

2. La relation entre la guérison et le pouvoir, et entre laguérison et la foi

3. La pratique de la guérison

4. La guérison dans la perspective de ceux qui ne sont pasguéris

 

  1. L'effet des visions du monde sur notre conception de la guérison.

Les discussionssur la question des visions du monde ont révéléà quel point les contextes différents exercent deseffets sur la compréhension théologique de la guérison.La question du domaine spirituel en tant qu'aspect essentiel dela réalité et de la compréhension de la cause dela maladie a semblé poser un problème, principalementpour les personnes venant de traditions ecclésialesprofondément influencées par le modèle"post-philosophie des lumières". On a le sentimentque le COE a favorisé la vision du monde "post-philosophiedes lumières" par rapport à d'autresvisions du monde. A ce propos, on s'est posé la questionde savoir si la vision du monde devrait être comprise en termesculturels ou théologiques. Finalement, on s'est misd'accord sur la nécessité de contester une visiondu monde "post-philosophie des lumières" fondéesur la conviction que tout a besoin d'une preuve et d'uneexplication scientifiques. Cette conviction est particulièrementdévastatrice pour la compréhension de la guérison,dans la mesure où elle exclut le domaine spirituel ainsi quela réalité des miracles.

  1. La relation entre la guérison et le pouvoir, et entre la guérison et la foi

Lesdifférents contexte dénominationnels et culturels desmembres du groupe ont joué un rôle important aussi dansla seconde partie de la discussion sur la guérison : ladiscussion a porté principalement sur deux problèmesdifférents, selon l'origine culturelle des membres.Certaines Eglises ont du mal à reconnaître lapossibilité de la guérison miraculeuse. D'autressont confrontées à la question de savoir commentétablir une distinction entre les pratiques de guérisonchrétienne et non chrétienne. Toutefois, nous avonsréussi à atteindre un certain niveau d'accord surla nature de la guérison, à savoir que celle-ci doitêtre accomplie au nom du Dieu Trinitaire et qu'elle doits'orienter sur le Christ. Les Eglises doivent s'attacherà distinguer les guérisons accomplies par d'autrespouvoirs spirituels, et devraient toujours souligner le pouvoir deDieu en tant que source de guérison. La guérison doitaussi être suivie de l'incorporation de la personneguérie dans le corps du Christ, et donner ainsi àcelle-ci la possibilité de croître dans la foi.

  1. La pratique de la guérison

Le groupea manifesté un accord plus général dans cettepartie de la discussion. Il s'est rallié à laconviction que les Eglises doivent redécouvrir la tradition dela guérison et l'expérience de l'Egliseprimitive. Sur ce point, le dialogue entre dénominations esttrès important pour partager l'expérience destraditions de guérison existantes (liturgiques, etc.) et pouraider à redécouvrir celles qui ont étéoubliées. Certains membres reconnaissent l'influencerécente des Eglises pentecôtistes/charismatiques commeune précieuse contribution à la pratique thérapeutiquedes Eglises dans le monde. Il devrait y avoir aussi un espace pour ladiversité des modes de guérison, sans négligerles moyens de traitement médicaux. Les membres du groupe ontaussi discuté pour savoir qui peut exercer le ministèrede guérison. Tous ont été d'accord pourdire que le ministère de guérison ne devrait pas êtrelimité à la seule responsabilité du prêtreou du pasteur. Ils ont souhaité que les Eglises fournissent unespace structurel où l'on puisse cultiver les dons deguérison. Il faudrait donner conscience aux gens de laguérison en tant que don spirituel ; et ceux qui ont cedon devraient être encouragés à s'enservir. Toutefois, ceux qui s'en servent devraient êtreguidés par des chrétiens plus expérimentésafin d'éviter tout mauvais usage de ce don spirituel.L'image du Christ crucifié, se dépouillantlui-même pour les autres, devrait être un modèlepour l'usage du pouvoir de guérison. Le groupe a aussisignalé la nécessité de réserver unespace dans la liturgie et dans la vie de l'Eglise pour letémoignage et le partage de l'expérience deguérison.

4. Laguérison dans la perspective de ceux qui ne sont pas guéris

 

Dans ladiscussion de cet aspect particulier de la guérison, le groupea décidé de ne pas discuter des causes des maladies engénéral, considérant que cette question est troplarge. Nous avons décidé aussi qu'il convientd'établir une distinction entre la notion de guérisonet celle de rétablissement physique. Une personne peutdemeurer physiquement malade, mais être guérie dans soncoeur et être membre à part entière de lacommunauté. La communauté porte la granderesponsabilité d'inclure les personnes malades ouhandicapées. Nous avons aussi jugé important que laliberté de Dieu de guérir ou de ne pas guérirsoit prise en compte dans la quête de la guérison :la souffrance ou la maladie peuvent être des voies quiconduisent au Christ de la même manière que la guérison.Néanmoins, les personnes qui n'accèdent pas àla guérison, de même que leurs communautés,devraient être encouragées à croire que l'amourde Dieu est le même pour les personnes guéries et pourles malades. Les cas où une personne n'est pas guériene devraient pas décourager les Eglises de la pratique de laguérison : celle-ci ne doit pas être guidéepar les présupposés du modèle "post-philosophiedes lumières" qui exige que toute action ait un résultatpour être justifiée.

Recommandations

  • Le groupe recommande au COE d'accorder plus d'attention à l'aspect personnel de la guérison, y compris la guérison miraculeuse.

  • Nous soulignons la nécessité pour le COE de trouver un langage propre à fournir un espace à la prise en compte sérieuse des guérisons miraculeuses en tant qu'élément de notre vision du monde.

  • Nous jugeons important d'inclure le thème de la guérison miraculeuse dans la formation théologique générale.

  • Nous encourageons le dialogue entre dénominations concernant les ministères de guérison, afin d'échanger les expériences de pratiques existantes de guérison ainsi que de soutenir et d'encourager les Eglises qui souhaitent développer les ministères de guérison.

  • Le COE devrait encourager les Eglises membres à cultiver l'éducation et la réflexion à propos du don spirituel de guérison parmi leurs membres. De plus, les personnes engagées dans le ministère de guérison devraient être encouragées, soutenues et guidées par les Eglises.

  • Certains membres du groupe tiennent à souligner que le mouvement oecuménique moderne devrait reconnaître l'influence croissante des mouvements pentecôtistes ou charismatiques dans le monde d'aujourd'hui et engager le dialogue avec eux, en particulier sur le thème du ministère de guérison.

<typohead type="4">2 c - Groupe sur le dialogue </typohead>

<typohead type="3">Rapport sur les discussions du groupe</typohead>

Préambule

Notregroupe se composait de personnes ayant des besoins différentsen matière de dialogue et des attitudes différentes àson égard, mais toutes étaient convaincues del'importance du dialogue. Le groupe a montré que ledialogue est possible, et ses membres ont exprimé leursbesoins différents. Le dialogue peut naître desituations de tension. Les tensions créatrices peuventconduire à de nouvelles perspectives et susciter desréflexions plus approfondies.

Lacomposition de notre groupe était très diverse. Il secomposait de huit "jeunes" théologiens issus decontextes différents : une personne venait d'Afriquedu Sud, deux de Grèce, une d'Allemagne, une desEtats-Unis, une de Suisse, une de Syrie et une des Pays-Bas. Nousétions cinq femmes et trois hommes appartenant aux traditionsorthodoxe (3), pentecôtiste (1), luthérienne (1) etpresbytérienne/réformée (3). Nos divers milieuxd'origine ont inspiré les préoccupations et lesquestions que nous avons soulevées dans le dialogue.

Dans lerapport ci-après, vous trouverez les sujets dont nous avonstraité ensemble. Nous n'avons pas cherché àles épurer : nous avons décidé que lestensions et les désaccords qui s'étaientmanifestés devaient apparaître.

Introduction

Le"dialogue" a-t-il remplacé la mission chrétienne ?Telle est la question que nous nous sommes posée tout au longde nos discussions de ces trois jours. Nous avons reconnu l'héritagedu colonialisme et de la mission. Parmi les exemples mentionnésfiguraient les croisades et la colonisation par la violence del'Amérique latine et de l'Afrique. Face àcette connotation négative de la "mission", nousavons exploré les qualités positives du dialogue. Unexemple positif mentionné a été la liturgie, surlaquelle nous reviendrons plus loin. Alors que la mission peutimpliquer une orientation à sens unique, le dialogue comprendnécessairement un échange. Nous avons compris, dans nosentretiens, que le dialogue pourrait remplacer la mission ;pourtant, nous avons considéré le dialogue comme uneforme de mission. Nous avons reconnu qu'il y avait une tensionentre le dialogue en tant que but et le dialogue poursuivant un but,à savoir l'unité entre les Eglises. Pour certainsmembres du groupe, l'unité est un objectif clair ;pour d'autres, cette unité est abstraite.

Venant decontextes différents, nous avons manifesté notreintérêt pour des types de dialogue différents :le dialogue naît du besoin des gens, des communautés etdes Eglises de s'entendre et de trouver les moyens decoexister. Nos thèmes d'intérêt respectifsétaient axés sur le dialogue interreligieux,interdénominationnel ou interculturel, ou sur le dialogue avecla société laïque. Dans notre rapport, nous neréférons pas nécessairement le dialogue àchaque fois à l'un de ces types particuliers mais, selonles besoins, nous nous montrons plus spécifiques.

Alors quenous n'étions pas du même avis sur l'objectifdu dialogue, nous avons eu le sentiment d'être plus unissur les attitudes que les participants doivent manifester àl'égard du dialogue. Les êtres humains ont reçula raison et le libre arbitre : le dialogue doit êtreressenti comme un outil propre à exprimer l'amour deDieu dans l'écoute, l'ouverture et l'acceptation.Le dialogue est un moyen de témoigner de notre foi. L'EspritSaint est à l'oeuvre en nous et entre nous dans nosdialogues avec Dieu et les uns avec les autres.

Nous avonsadmis que le dialogue est un espace où on peut partager lesperceptions fondées et infondées, dans le but detravailler à l'unité. Tous les participants audialogue apportent avec eux leur contexte social. L'ouvertureaux autres signifie que nous comprenons que nous sommes plus completsensemble que séparément. Le processus d'apprentissagemutuel du dialogue transforme celles et ceux qui y participent. Ledialogue dépend de relations de pouvoir équilibrées.Nous avons constaté qu'il y a des inégalitésentre les personnes et entre les communautés : notresexe, notre origine ethnique, notre contexte géopolitique etnotre âge peuvent être des élémentsfavorables ou défavorables.

Nousavons reconnu que le fait de mettre l'accent sur la croissancenumérique des dénominations - évangélisationagressive auprès d'autres chrétiens etcompétition entre les chrétiens - fait obstacleau dialogue entre les Eglises. Nous avons rejeté l'idéede la "mission franchisée" (Ray Bakke, missiologueen milieu urbain), selon laquelle différentes Eglises vendentun produit analogue en se faisant concurrence auprès desconsommateurs. La mission en dialogue signifie qu'on vaau delà de la compétition pour travailler encoopération. Au lieu d'être autosuffisantes, lesEglises doivent apprendre les unes des autres par des échangesmutuels dynamiques. Cela implique que toutes participent : nonseulement du Nord au Sud et de l'Ouest à l'Est,mais dans toutes les directions, en partenariat. Nous avons reconnuque les Eglises du Sud (des "deux tiers" du monde)grandissent et qu'on y manifeste un vif intérêtpour la mission, en dépit des expériences négativesvécues dans le passé.

Jusqu'alors,la plupart de nos observations étaient centrées sur ledialogue entre dénominations. Dans notre groupe, nous noussommes penchés sur le dialogue avec les personnes sansconvictions religieuses - qui sont nombreuses dans certainesparties de l'Europe. Toutefois, nous n'avons pas réussià déterminer si ce dialogue est différent decelui qui est mené avec les adeptes d'autres religions.

Nous avonsdistingué différentes approches du dialogueinterreligieux vu d'un point de vue chrétien. D'unepart, certains sont d'avis que toutes les religions sontégalement vraies. D'autre part, il y a des gens qui sontconvaincus qu'il n'y a point de salut en dehors duchristianisme. Personne, dans notre groupe, ne s'est reconnudans ces positions extrêmes. Nous voulons approcher leséchanges avec les adeptes d'autres religions avec lamême attitude que celle décrite plus haut pour ledialogue entre dénominations. Nous rendons témoignagede notre foi et nous accueillons celle de l'autre dans le soucide vivre dans la paix, l'harmonie et le respect dans nossociétés. On a mentionné le dialogue entrechrétiens et musulmans au Moyen-Orient comme exemple dedialogue interreligieux. Chaque religion se considère commesource de vérité absolue. Toutefois, l'expériencede la vie commune - avec tous ses aspects positifs et négatifs- conduit à découvrir combien il est important dedépasser l'exclusivisme pour arriver au respect et àla compréhension mutuels.

Nous avonsdes conceptions théologiques différentes de la missionet de la manière dont le dialogue fonctionne dans ce cadre.Nous résumons ci-après certaines des approchesformulées.

  • La liturgie en tant que dialogue : pour les orthodoxes, l'eucharistie constitue un acte de mission fondamental (en tant qu'initiative et en tant que contenu de l'activité missionnaire et du dialogue entre les différentes Eglises et cultures). L'eucharistie (qui, dans le contexte orthodoxe, est appelée Divine liturgie) manifeste l'essence même de l'Eglise en tant que royaume de Dieu eschatologique, la réalité de la communion (koinonia) et de l'unité. Le rassemblement en une seule communauté (synaxis), pour la communication les uns avec les autres (horizontale) et avec Dieu (verticale), est en même temps la sortie en mission. C'est par l'eucharistie que l'Eglise dialogue avec le monde entier, le prend en charge et le transforme. Ainsi, c'est à la transformation du monde et de l'humanité que l'Eglise se propose d'oeuvrer.

  • La Bible donne des exemples de dialogue : entre Dieu et son peuple, et entre les êtres humains. Ce dialogue n'est ni simple, ni dépourvu d'ambiguïté. Nos contextes font partie du dialogue en cours avec les textes bibliques et dans ces textes.

  • Le dialogue renvoie à soi-même : nous devons nous évaluer nous-mêmes et évaluer les autres pour donner son sens au dialogue. Cette démarche conduit à la transformation, ce qui ne signifie pas que nous perdions notre identité ecclésiale ou religieuse.

  • Le rôle du pasteur peut faciliter le dialogue entre la paroisse et Dieu, au sens où le ministre représente le peuple devant Dieu (Martin Luther utilisait le terme de "porte-voix" entre le peuple et Dieu).

  • Le dialogue peut avoir pour but l'unité, mais il importe que cette approche se concrétise dans l'action sociale.

Tous les aspects dont nous avons discuté s'inscrivaientdans l'optique d'un plan pour l'avenir. Nous avonstenté de trouver les moyens d'épanouir ledialogue. Comme nous réfléchissions au dialogue dansla perspective de la mission, nous avons été influencéspar différents contextes.

  1. Nous devons admettre que la mission est souvent considérée comme un terme porteur d'une connotation clairement positive ou négative.

  • Dans sa connotation positive, la mission est le caractère fondamental, l'essence de l'Eglise.

  • Dans sa connotation négative, elle demeure une expression de la colonisation et du prosélytisme.

En conclusion, nous pourrions dire que la notionde mission est source de division.

  1. Nous devons admettre que souvent, ou même la plupart du temps, le dialogue est considéré comme un terme porteur d'une perspective clairement positive. Le dialogue semble combiner plusieurs avantages :

    • Pour certains, il a un but, l'unité.

    • Pour d'autres, c'est processus dynamique et ouvert. Ainsi, l'idée générale a été qu'il pourrait être utile de formuler des suggestions concrètes de plans d'avenir. La nature de notre dialogue a été profondément diverse du fait même de notre diversité.

Recommandations

1. La précisiondes définitions doit être une priorité, et nousdevons comprendre ces définitions en respectant leurcontextualité. Le dialogue est aussi une question de termes.Le langage du dialogue constitue un thème de haute importance.Le dialogue court à la confusion quand il est trop difficiled'en comprendre le langage.

2. Lesmissiologues, praticiens et chercheurs et les responsables d'Eglisespourraient rassembler, compiler et diffuser les informations d'unemanière qui soit accessible tant au niveau de la rechercheuniversitaire qu'à celui de la base. Le dialogue manquesouvent d'une dimension publique adéquate. Souvent, ilest centré sur des préoccupations individuelles ouecclésiales. Pour être créatif, le dialoguedevrait se fonder sur la participation aux forums publics, àla politique, à l'action sociale et aux mouvementscitoyens.

3. Onpourrait développer des études bibliques communautairesmettant en évidence les questions du dialogue entre lescultures, les contextes, les religions, les sexes et les classessociales. Développer et encourager l'utilisation dumodèle narratif et contextuel constitue une forme dynamique dedialogue.

4. LaConférence d'Athènes pourrait aussi donner auxparticipants la possibilité de rendre compte de leurs travaux,en prévoyant le temps nécessaire pour la présentationde rapports régionaux.

5. Desprojets de recherche sur les perceptions qu'ont les jeunes dudialogue entre les Eglises et de l'unité de l'Eglisepourraient être lancés. Cette recherche devrait êtrequalitative, et s'orienter sur le développement et lacritique de thèmes contemporains liés aux questionsci-dessus.

6. Onpourrait analyser les constitutions, les politiques et les statutsdes dénominations qui sont source d'exclusion et dedivision dans le corps du Christ.

7. Enfin,il serait souhaitable d'encourager et de faciliter le dialogue"glocal" afin d'éveiller les consciences auxdifférentes visions du monde, celles du Nord et du Sud, cellesdu premier monde et des deux tiers du monde.

Conclusion

Leprocessus du dialogue sur le dialogue a été intense ettransformateur pour nous en tant que groupe : la confiance etl'ouverture entre nous, avec toutes nos différences, ontété un don qui nous emplit de reconnaissance. Nousavons vécu un processus stimulant que nous voudrionspoursuivre. Renato Maiocchi4nous a remis en mémoire les Actes des apôtres enmontrant que les apôtres se confrontaient dans le dialogue etdans l'amour. Nous espérons que cette expériencesera entendue et poursuivie par d'autres jeunes théologienset missionnaires. Nous emporterons cette expérienceenrichissante avec nous et nous la transmettrons dans nos pays, nosEglises, nos paroisses et nos études.

<typohead type="4">2 d - Groupe sur la pneumatologie </typohead>

<typohead type="3">Rapport sur les discussions du groupe</typohead>

Notregroupe a affirmé l'intérêt croissant portéà la théologie de l'Esprit Saint comme un moyenutile de comprendre et même de changer la manière dontnous vivons la mission.

Nous avonsidentifié plusieurs sujets importants à considérersi nous voulons mieux comprendre les liens entre l'Esprit Saintet divers aspects de la mission :

  • La réconciliation en tant qu'oeuvre de l'Esprit dans l'Eglise, de manière que nous puissions être des communautés de réconciliation et de guérison dans le monde

  • La participation à l'oeuvre de l'Esprit dans la guérison, la restauration et le renouveau

  • La reconnaissance de l'oeuvre de l'Esprit dans d'autres religions, qui peut changer la nature du dialogue interreligieux

  • L'association à l'oeuvre de l'Esprit, au sens où les chrétiens sont rassemblés dans le corps du Christ précisément par la diversité, la variété et la multiplicité

  • L'invitation qui nous est adressée par l'Esprit à trouver notre identité en étant des disciples du Christ et des agents de la nouvelle réalité du royaume

  • L'accent mis sur la présence de l'Esprit Saint dans toute la création, qui nous appelle à une compréhension ecclésiale de la nature : notre responsabilité découle de la conception ecclésiale que nous avons de nous-mêmes.

Bien quenos vies doivent être vécues en tant que mission, le"style de vie chrétien" ne manifeste pas toujoursune telle conception. Dans cette perspective, nous devons aller audelà de nos contextes de vie habituels et franchir desfrontières pour pénétrer dans les contextes desautres - c'est en fait en grande partie ce qui constituela mission, et nous ne pouvons l'accomplir que par la puissancede l'Esprit Saint. En ce sens, nous pouvons suggérer quela mission est faite du fruit et des dons de l'Esprit Saint.Notre identité chrétienne nous impose de nous montrerouverts à l'Esprit et de nous laisser conduire par lui,de manière à être des agents de cette mission.

Notregroupe a vu un défi majeur dans la nécessité dedistinguer ou de caractériser la nature de l'EspritSaint. Cela nous a conduits à formuler plusieurs questionsessentielles :

  • Comment pouvons-nous, à supposer que cela soit possible, discerner que l'oeuvre de l'Eglise est en fait l'oeuvre de l'Esprit ?

  • Pouvons-nous discerner une différence entre l'expérience de l'Esprit Saint et d'autres expériences spirituelles ?

  • Quel intérêt y a-t-il, si tant est qu'il y en ait un, à décrire la nature de l'Esprit Saint ?

  • Comment percevons-nous et apprécions-nous les différentes manifestations du fruit et des dons de l'Esprit que nous observons dans les traditions chrétiennes dans divers contextes ?

  • Comment pouvons-nous comprendre la relation entre les personnes de la Trinité en tant que communauté ad intra et comment cette relations est-elle vécue en tant que perichoresis ad extra, par laquelle Dieu se manifeste ?

  • Y a-t-il une relation quelconque entre l'oikonomia du Christ et l'oikonomia de l'Esprit, et la mission du Christ et la mission de l'Esprit ?

Nouspouvons identifier comme un aspect de la mission oecuméniquecontemporaine la nécessité d'une rencontreouverte avec les chrétiens de diverses communautés,dans le souci d'apprendre les uns des autres. Au sein del'Eglise, nous distinguons différents types etexpressions de spiritualité qui sont présents dansdiverses traditions, dans différents contextes. Chacune de cesexpression peut ajouter à notre compréhension del'Esprit Saint, bien qu'on ne puisse dire qu'en lesadditionnant celle-ci sera complète. Le fait d'essayerde discerner l'Esprit Saint de cette manière apporte unecontribution à l'unité chrétienne.

Enfin,l'accent mis sur l'Esprit Saint est aussi puissant dansla mesure où il nous incite à prendre en compte lapertinence par rapport à ce monde quand nous parlons de lamission. Cette orientation implique moins un message spécifiqueà prêcher qu'une conception radicalementtransformatrice de l'expérience du royaume de Dieu iciet maintenant, et non pas seulement dans l'eschaton. Lefait que nous soyons transformés par l'Esprit nousconduit à être des agents du royaume dans noscommunautés et dans la communauté mondiale. Ainsi, lamission devient le travail que nous faisons pour l'avènementdu royaume chaque jour en chaque lieu.

(Le groupe a ajouté iciquelques réflexions et observations sur le colloque engénéral, qui ont été reprises dans laséance d'évaluation.)

3 - Résumé de la discussion des rapports des groupes

Les notes qui suivent ont uncaractère personnel et reflètent la manière dontles séances finales ont été comprises et prisesen note par les deux coprésidents. Il ne s'agit pas d'unprocès-verbal officiel de la discussion, et en aucun cas d'unaide-mémoire adopté.

Où cela est nécessaireet possible, ce document se réfère à descitations des rapports des groupes, mises en italique.

3 a - Discussion du rapport du groupe sur la réconciliation

1

Laquestion du péché héritémentionnée dans le rapport se fonde sur une histoire racontéedans le groupe à propos d'un évêque d'unpays européen qui a commencé par refuser de présenterses excuses pour les péchés commis par son Eglisecontre les Roms durant la Deuxième guerre mondiale, enprétendant que tout représentant de l'Eglised'aujourd'hui ne peut être considéréresponsable des torts causés dans le passé ("Cen'est pas nous qui avons fait cela "). Cela soulèvela question de la responsabilité collective des communautés,qui sont souvent appelées à s'excuser pour lestorts commis par les générations précédentes.Les autorités ou organes directeurs actuels de l'Eglisedevraient-ils confesser de tels péchés et, si oui, dequelle manière et au nom de qui ? En d'autrestermes, s'il est nécessaire, pour que la réconciliationait lieu, de redresser les torts passés, qui est appeléà en prendre la responsabilité ?

Il n'ya pas eu de controverse à ce sujet lors du colloque, mais lerécit mentionné lui-même a suscité defortes réactions.

2

Lepardon n'est pas une condition préalable. Confrontéà cette formulation, le groupe a expliqué son texte. Lepardon est essentiel à tout processus de réconciliation,de même que le désir des auteurs de solliciter lepardon, il n'y a pas de doute là-dessus. Toutefois, legroupe n'a pas voulu fixer une succession chronologique stricteet a reconnu que, oui, les "auteurs" doivent êtretenus responsables et prendre conscience de ce qu'ils ont fait,mais que cela pourrait se produire à tout moment du processusde réconciliation, sans être une condition de départ.Tout le monde n'a pas été d'accord aveccette explication. Certains ont estimé que si le pardonn'intervient pas dès le début, on se trouve dansune logique de vengeance.

3

"Metanoia".Durant la discussion, on a eu le sentiment que l'aspectliturgique de la réconciliation manquait (sacrement deconfession ou réconciliation par exemple). Le groupe l'aadmis, tout en soulignant qu'il n'avait jamais eul'intention de donner une description complète duprocessus de réconciliation.

4

Descritiques ont été exprimées à l'égarddu fait que le rapport ne mentionnait pas l'importance de lajustice punitive ou rétributive. Le groupe a réponduque le sujet n'était pas venu dans la discussion.

5

Certainsont regretté que l'aspect personnel de la réconciliationavec Dieu et la nécessité que chaque être humainsoit réconcilié avec Dieu ne soient pas mentionnés.Le groupe a indiqué qu'il voulait insister sur laréponse de l'humanité à la réconciliationde Dieu. Pour lui, le fait d'être réconciliéest le point de départ (et non un sujet de discussion). Celaconcerne l'identité chrétienne (raison pourlaquelle le texte affirme, au § 1, que l'identitéde l'Eglise vient de l'Ecriture). Il s'agitd'un point implicite. Néanmoins, tous les membres dugroupe reconnaissent qu'il n'y a pas de réconciliationsans le fruit de l'Esprit, et qu'ainsi la réconciliationest liée à la pneumatologie.

<typohead type="1">3 b - Discussion du rapport du groupe sur le ministère de guérison</typohead>

Le rapportn'a pas été lu, mais résumé enplénière.

Tant unaccord général que (plus souvent) un désaccordfondamental ont été exprimés quant à lamanière dont ce rapport décrit les élémentsdu ministère de guérison et critique la vision du monde"post-philosophie des lumières" (terme qui n'estpas très opportun s'il se réfère àl'approche scientifique rationnelle qui est précisémentcelle de la philosophie des lumières). "Je suis enaccord profond avec ce groupe en ce qui concerne la post-philosophiedes lumières" - "Important - nousn'avons pas suffisamment parlé de la guérison etde l'Esprit Saint" - "Je ne trouve pas quecela s'accorde avec mon contexte et mon Eglise " -"Je suis d'accord avec la critique " - "Jene trouve pas mon contexte ".

On peut résumerainsi certaines des critiques soulevées :

1

L'insistancesur l'élément "miraculeux" aété contestée. Selon le récit de latentation, dans le désert, Jésus a rejetél'utilisation du miraculeux pour manifester le royaume. Il achoisi la voie de l'impuissance, la théologie de lacroix. D'autres auraient préféré destermes tels que "profondément spirituel" au lieude "miraculeux". Certains étaient d'avisqu'un espace devrait être ouvert aux miracles, mais ontcontesté le poids qui leur est accordé dans le texte.

2

La critique de l'approchede la philosophie des lumières a été considéréecomme trop unilatérale par la plupart des orateurs, àl'exception des personnes qui estimaient qu'elle estnécessaire, puisque l'ethos des lumières a déçutant de chrétiens. On attendait un traitement plus attentif dela philosophie des lumières, et de la compréhension desénergies sacrées et non créées de Dieu.

3

Le manque de largeur dansla perspective a été critiqué. Même dansle modèle des lumières, il y a des formes de guérisonpersonnelle, il y a une préoccupation et une approchepastorales, et beaucoup de ce que la psychothérapie pourraitapporter à une telle discussion et qui manque totalement dansle rapport du groupe. La plénière a plaidé pourl'intégration des diverses traditions dans l'aspectde la guérison personnelle. On a critiqué égalementle fait que les niveaux sociaux du ministère de guérisonn'aient pas été abordés (ce que le rapportdu groupe reconnaît).

4

Des questions ont étésoulevées à propos de la relation entre la foi et laguérison. Quelle est la priorité : la foi enChrist ou dans la guérison miraculeuse ? Il faudraitaussi éclaircir l'objectif de la guérison.Fondamentalement, la guérison est basée sur larédemption et rétablit les personnes en vue de larédemption. En d'autres termes, quels sont la nature etle but de la guérison, quelles sont ses objectifs ?

5

Une questionspécifique a été posée à propos dece qu'on entend par des chrétiens plus expérimentésqui devraient guider ceux qui sont dotés de dons spirituels(voir § 3 La pratique de la guérison). La réponseà cela a été que la guérison spontanéedoit être contrôlées de l'extérieur,c'est-à-dire par la communauté, de manièrequ'elle demeure dans le cadre chrétien. Le groupe n'apas voulu parler du magistère de l'Eglise, mais a tenu àinsister sur la responsabilité.

Dans les réponsesvenues du groupe, il est apparu clairement qu'il y avait aussieu des discussions internes. Toutefois, on a affirmé que lacapacité de guérir est un des dons de l'Esprit etqu'on ne saurait la négliger en raison de son solidefondement biblique. Elle fait partie du ministère de l'Eglise(1 Co 12, Marc 16). Il faut établir une distinction entre lesmiracles que Jésus refuse dans le récit de la tentationet sa pratique de la guérison, clairement attestée dansle Nouveau Testament. Toutefois, il faut avoir conscience que pourchaque "original" biblique, il y a un "double"dans le monde, et ainsi il y a des miracles accomplis par d'autres.La relation entre la foi et la guérison n'est passimple, puisqu'elle peut impliquer la foi de la personne quiguérit et/ou la foi de la personne guérie. Parfois, lafoi est importante dans les récits de guérison, parfoiselle ne l'est pas. Néanmoins, il est évident quela foi contribue au bien-être des gens.

Le groupe s'estmontré conscient des limites de son rapport. S'il adécidé d'utiliser ce mode d'approche duministère de guérison, c'est parce qu'iln'avait pas souvent été discuté dans lesmilieux oecuméniques. Toutefois, le groupe sait qu'ila négligé d'autres aspects.

Il y a eu un accordgénéral pour contester l'utilisation excessive duverbe "devoir" dans le rapport. Il est clair que cerapport était conçu comme un point de départ dela discussion et non comme un document conclusif sur la question.

3 c - Discussion du rapport du groupe sur le dialogue

A la suite de laprésentation du rapport par le groupe sur le dialogue, il y aeu également une discussion animée. Débats etcommentaires ont porté sur les questions suivantes :

1

Point de salut en dehors du christianisme ….position extrême ?

Peut-on dire qu'uneposition affirmant qu'il n'y a pas de salut en dehors duchristianisme est une position "extrême" ? Sicertaines religions sont plus vraies que d'autres et quepourtant il y a un salut en dehors du christianisme, a-t-on demandé,cela signifie-t-il que, dans l'opinion du groupe, la véritéabsolue n'est pas nécessaire au salut ? "Vivreen paix implique-t-il qu'on doive renier ce qu'oncroit ?" Certains participants pour qui la mission est unepriorité ont affirmé que le salut est en Christ etqu'il n'y a pas de salut en dehors de la foi en Christ.Ils n'ont pas jugé correct qu'une telle positionsoit qualifiée d'extrême. Toutefois, ilsn'affirmeraient pas que le salut n'est possible que dansle christianisme. On a fait référence dans ladiscussion à des personnes de milieu musulman qui ont reçula révélation du Christ sans avoir eu de liens avec uneEglise ou avec le christianisme institutionnel.

Le groupe a reconnu qu'iln'avait pu que commencer à explorer la question. Sesmembres ont expliqué que, dans les discussions, ils n'avaientpas nié le salut en Christ. Le texte doit être comprisainsi : dans le dialogue interreligieux, il y a différentesthéories et positions. Certaines affirment que toutes lesreligions sont vraies. D'autres disent que seul lechristianisme est la vraie religion. "Nous nous sommes trouvésau milieu", a résumé le groupe en commentantoralement cette question. Le mot "extrême" dans letexte se réfère aux deux bouts d'une ligne depossibilités. Par "christianisme", on veut dire"christianisme institutionnel".

Cette réponse asuscité une question consécutive : "Puis-jeamener avec moi dans un dialogue la conviction qu'il n'ya pas de salut en dehors de la foi en Jésus Christ ?"La réponse du groupe a été "oui". Legroupe a dit qu'il avait essayé de montrer que, dans undialogue (par exemple entre chrétiens et musulmans), les deuxparties continuent à croire aux messages de leurs religionsrespectives, mais deviennent plus ouvertes. Le groupe a tenu àse distancer des positions exclusivistes.

A propos de l'Egliseet du salut, un participant a fait remarquer qu'il estnécessaire et important de distinguer entre les limitescanoniques et charismatiques de l'Eglise.

2

Durant ladiscussion, plusieurs personnes ont expliqué comment ellesperçoivent la vérité en tant qu'elleest liée à la mission et au dialogue. Toutefois, il nes'agissait pas d'une discussion structurée sur lavérité et la théologie. "Nous ne possédonspas la vérité, nous sommes une partie de la vérité",a dit un participant. Pour un autre, qui défendait un point devue orthodoxe, en tant qu'Eglises nous sommes la vérité,nous ne sommes pas une partie de la vérité. Si vousn'avez pas le sentiment que vous êtes la vérité,si vous pensez que vous n'êtes pas la vérité,alors il n'y a pas de dialogue possible.

3

On a discutéun certain temps de l'utilisation des termes de missionet de dialogue, et de leur relation dans le texte. Le dialogueremplace-t-il la mission ou devrait-il être vu comme une partiede la mission ? Quel est le but du dialogue ? Le groupe aexpliqué qu'il avait réalisé à quelpoint la mission a des significations très différentesdans la diversité des contextes représentés dansses discussions. Il estime que ce terme est difficile. Il a discutédu dialogue en tant que description de l'amour de Dieu, etdemandé instamment qu'on adopte avec les adeptesd'autres religions la même attitude que dans lesrelations oecuméniques. Mais il n'y a pas eu deconclusion définitive à ce débat terminologique,ni dans le groupe ni en plénière.

4

Plusieurs autres sujetsont été abordés brièvement. Une questiondifficile n'a pas trouvé de réponse dans ladiscussion : quelles sont les prochaines étapes possiblespour les chrétiens qui vivent dans une situation d'intolérancereligieuse, après qu'ils ont fait leur possible pouramorcer le dialogue mais n'ont pas reçu de réponsesatisfaisante ?

Le paragraphe sur laliturgie en tant que dialogue a été accueilli avecsatisfaction dans la discussion. La mission ne devrait pas êtreconsidérée seulement comme le fait "d'allerà l'extérieur" ou de "faire desadeptes".

5

Quelle est lasignification du dialogue ou de la mission dans un mondeentièrement sécularisé (avec une visiondu monde scientifique classique) où les gens n'ontaucune conviction religieuse, quelle qu'elle soit ? Dansde tels contextes, la mission a une connotation très négative.Qu'en est-il alors du dialogue interreligieux ? "Nouspouvons aussi, a-t-on répondu, entrer en dialogue avec unathée. Etre chrétien offre la possibilité devoir dans autrui la face de Jésus Christ. Ainsi, nous nepouvons limiter le dialogue à ceux qui ont une conceptionspécifique de la vérité. "

3 d - Discussion du rapport du groupe sur la pneumatologie

"Ce qui figure dansle rapport de notre discussion contient 10 pour cent de ce que nousavons discuté ….."

Dans la discussion enplénière, les thèmes suivants ont étémis en évidence

1

L'accent mis sur la présence del'Esprit Saint dans toute la création

Il n'est pas apparuclairement à quoi on se référait exactement. Sil'Esprit Saint est présent partout, quelle est alors lasignification du baptême ? Le groupe se réfère-t-ilaux questions de l'environnement ou à la présencede l'Esprit dans d'autres religions ?

Dans la réponse, ona souligné qu'il faudrait envisager différentsniveaux de présence de l'Esprit. L'Esprit Saintest présent de différentes manières - dansl'eucharistie, dans le monde, dans les êtres humains,dans les animaux, dans l'environnement. Il n'est pas vraid'affirmer que l'Esprit Saint n'était pasprésent avant la Pentecôte. L'Esprit est àl'oeuvre depuis la création, ce qui ne signifie pasque nous considérions l'Esprit comme un élémentde la nature ou que nous méconnaissions la Pentecôte.Tout ce qui vient à la vie le fait par l'Esprit Saint,rien ne prend vie par soi-même. Comment, pourrait-on demander,un animal célèbre-t-il Dieu ? Par sa vie même.Dieu n'est pas seulement le créateur (au début),mais aussi celui qui maintient en permanence toutes choses.

2

En un sens, on pourraitdire que l'Eglise est "pentecôtiste", mais ilest difficile de décrire cela, a dit le groupe en réponseà une question. Il a expliqué qu'il avait cherchéà donner une idée de sa discussion en se référantà "l'association à l'oeuvre del'Esprit, au sens où les chrétiens sontrassemblés dans le corps du Christ précisémentpar la diversité, la variété et lamultiplicité".

3

En plénière,certaines personnes ont demandé une explication du sens de laperichoresis5.Dans leur réponse, les membres du groupe ont rappeléque tout part du fait que Dieu représente un événementrelationnel dans son identité divine. La question est desavoir comment on vit cela dans l'Eglise. Quand nous parlons del'Esprit Saint dans le monde, nous nous référonsaux manifestations de Dieu dans le monde, qui ne sont pas séparéesde la vie propre de Dieu. Le terme de perichoresis définitce qu'on entend par les relations au sein de la Trinité(référence à une image de mains qui sejoignent).

4

Le groupe a réponduà une question sur la signification de la proposition des'éloigner du modèle classique (oecuménique)fondé sur la mission de Dieu (missio Dei). Laproposition de mettre un accent plus marqué sur le rôlede l'Esprit Saint nous oblige à prendre au sérieuxle fait que Dieu est un Dieu en relation. Cela implique de mettre enévidence aussi l'aspect relationnel de la vie humaine(la relation moi - toi en philosophie) et du témoignagechrétien. De nouvelles voies peuvent s'ouvrir ainsi àla compréhension et à la pratique du dialogue.

5

Une question a étésoulevée - indépendamment du texte du rapport dugroupe - à propos du sens de la référence,dans Matthieu 12,31-32, au péché impardonnable(blasphème contre l'Esprit). Un membre du groupe arépondu que la question avait été discutée,et a reconnu la difficulté et le caractère sérieuxde la question. Ces versets ont étouffé le débatsur le l'Esprit Saint dans bien des cas. Aucune réponsedéfinitive ne peut être donnée : il y ablasphème quand on ne tient pas compte du témoignage del'Esprit Saint. Si l'Esprit est présent, àl'oeuvre dans toute la création, le blasphèmeserait de méconnaître cela, par exemple.

6

Des remarques ont étéformulées en plénière à propos du lienentre l'Esprit Saint et la mission. Quelqu'un a dit que,en tant que chrétiens, nous allons au monde parce que nousavons reçu l'Esprit. C'est la mission de Dieu quinous conduit à le faire. La mission est une conséquencedirecte de la présence de l'Esprit et de la puissancequ'il donne (référence à Actes 1,8). Uneautre personne a mentionné l'importance de l'incarnationdu Christ (Philippiens 2) en tant qu'accent sur la mission dansson contexte particulier, qu'elle juge plus importante qu'unaccent exclusif sur l'Esprit.

Plusieurs membres dugroupe ont donné des réponses. L'incarnation duChrist est, en fait, le modèle de la mission. Mais il fautbien comprendre que c'est l'Esprit Saint qui donne sonidentité à Jésus (quand Jésus estbaptisé) et qu'ensuite Jésus franchit lesfrontières et prêche. L'Esprit donne une dynamiqueet tire les gens de leur situation propre. La mission doit êtrecomprise fondamentalement comme le vécu concret d'unevie chrétienne. Mais elle a quelque chose à voir avecle franchissement des frontières, le fait que chaque personnesorte de son "ego" propre. Aller jusqu'auxextrémités de la terre et aimer les gens n'estpossible que par l'Esprit.

4 - Recommandations communes

La plénière n'a pas voulufaire siennes toutes les recommandations formulées par lesgroupes. Celles-ci demeurent des recommandations des groupes.Toutefois, dans la dernière soirée du colloque, on aconsacré un moment à un échange en plénièresur le suivi à donner aux délibérations. Lesprésentes notes ne doivent pas être considéréescomme un procès-verbal adopté de la discussion, elle sebornent à résumer les questions (et non lesformulations) sur lesquelles il nous semble avoir atteint un certainconsensus.

* L'expérienced'un tel travail avec les jeunes missiologues et entre eux doitcontinuer, et la CME/COE doit prendre la responsabilité defaciliter l'organisation d'autres colloques tels quecelui de Rome.

* Autant que possible, ilfaudrait continuer avec les mêmes personnes, en ajoutanttoutefois au groupe des personnes de dénominations ou régionsinsuffisamment représentées. Il est important deprendre pour base les relations déjà établies,plutôt que de repartir avec un groupe entièrementnouveau. Si l'âge devient un problème, ont affirméles participants, alors on pourrait appeler le groupe "lestoujours jeunes missiologues".

* Faciliter la créationd'un réseau de jeunes missiologues par le biais d'unebase de données ou d'un répertoire sur Internet.

* La revueInternational Review of Mission est invitée àréserver un espace aux jeunes missiologues, et peut-êtremême à consacrer un numéro spécial àleurs recherches et à leurs écrits, en faisant appel àdes membres de ce groupe pour constituer un comité derédaction ad hoc.

Parmi les thèmesqui pourraient être inscrits à l'ordre du jourdes activités futures et des colloques, on a mentionnéceux-ci :

La réconciliationet la justice écologique

La réconciliationet la guérison dans les communautés brisées6

Les aspects liturgiquesdes thèmes discutés (rites de guérison, deréconciliation, partage de la richesse des ressourcesliturgiques)

La mission (franchissementdes frontières, dialogue avec d'autres personnes) ausens large du terme.

Notes rédigées par les deuxcoprésidents du Colloque de Rome, Beate Fagerli qui a présidéles dernières séances, et Jacques Matthey qui a prisdes notes.

Genève, le 7février 2005

 

1 Récit raconté dans le groupe et au groupe. Cf. le rapport sur la discussion en plénière ci-dessous.
2 On trouve cette définition dans: Healing and Wholeness. The Churches Role in Health. A report by the Christian Medical Commission. Genève, COE, 1990, p. 6.
3 Par l'expression "aspect personnel de la guérison", nous entendons une guérison qui implique la guérison physique, spirituelle, émotionnelle et/ou mentale d'un individu.
4 Cf. introduction générale à ce document.
5 Terme grec se référant au fait de donner et de recevoir mutuellement entre les trois personnes de la Trinité, leur interpénétration.
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