Message des présidentes et présidents du COE à l’occasion de la Pentecôte 2017


Les adeptes de la Voie
en Pèlerinage de justice et de paix

Quand le jour de la Pentecôte arriva,
ils se trouvaient réunis tous ensemble. (Actes 2,1)

Pendant la Pentecôte 2017, prenons le temps d’une profonde réflexion sur ce que signifie être des adeptes de la Voie en Pèlerinage de justice et de paix, ainsi que nous y invite Actes 2,1-47.

Quand le jour de la Pentecôte arriva, les disciples de Jésus étaient tous ensemble dans le même lieu. Les disciples, c’est-à-dire les apôtres, les femmes et Marie, la mère de Jésus, avec ses frères, se consacraient unanimes (homothumadon) à la prière. Ils étaient tous et toutes dans un même esprit d’anticipation. Il y avait une unicité, une conjonction, de communauté (association), d’esprit et de lieu. Toutes et tous attendaient l’accomplissement des paroles de Jésus, qui leur avait annoncé la venue de l’Esprit Saint. Le mot Pentecôte vient du grec qui signifie le cinquantième élément, ou le cinquantième dans une suite. Chez les juifs, le terme s’appliquait à l’une des trois grandes fêtes, qui commençait le cinquantième jour après la Pâque. De toutes les fêtes de l’année juive, c’était celle qui attirait le plus de pèlerins venus de terres lointaines et de différents pays. De ce fait, de nombreux pèlerins étrangers étaient rassemblés à Jérusalem pour les festivités.

Le jour de la Pentecôte, le don promis de l’Esprit Saint se déversa sur les disciples. Pas uniquement sur les apôtres, mais sur les 120 femmes et hommes qui se trouvaient là. Puis Pierre qui était avec eux, élevant la voix, s’adressa aux personnes juives, c’est-à-dire juives de naissance, mais aussi à toutes les autres, prosélytes ou étrangères, qui séjournaient à Jérusalem. Dans les premiers temps de l’Église, on appelait les personnes qui croyaient en notre Seigneur Jésus Christ les adeptes de «la Voie» (Acts 9,2). Le terme était apparemment utilisé comme synonyme de disciples de Jésus (à cinq reprises dans les Actes: 19,9; 19,23; 22,4; 24,14; 24,22). Et il s’agit de «la» voie, car elle était unique. Jésus est la «voie» et la «vérité» et la «vie» (cf. Jean 14,6). Les disciples de Jésus étaient un peuple en pèlerinage. À leurs yeux, le pèlerinage incluait, entre autres, de rendre témoignage du Ressuscité.

Le mot pèlerinage vient du latin peregrinus, qui signifie étranger, et de peregri, en pays étranger. Saint Augustin décrit le cheminement spirituel chrétien comme une forme d’aliénation et d’exil. Les disciples de notre Seigneur ont été persécuté-e-s à cause de son nom. «La voie» est une expression courante des Actes pour désigner la religion chrétienne. C’est une métaphore de la vie et de notre comportement. La voie de Dieu et la voie de la vie sont considérées comme la seule voie juste et vraie. La première fois que le terme «chrétiens» (qui signifie littéralement «du Christ») est utilisé pour décrire les disciples de Jésus, c’est à Antioche, en Syrie (Actes 11,26: «Et c’est à Antioche que, pour la première fois, le nom de “chrétiens” fut donné aux disciples.»). «La voie» fait référence à leur manière de vivre, c’est-à-dire à leur manière de cheminer dans la vie. Les chrétiennes et les chrétiens ont adopté un mode de vie particulier, fondé sur le Christ, en qui ils et elles ont trouvé la voie, la vérité et la vie. Leur mode de vie les désignait comme des disciples de Jésus Christ. Coram Deo est un terme latin qui signifie «devant la face de Dieu» ou «en présence de Dieu». Vivre coram Deo signifie vivre dans la grâce de Dieu, sous l’autorité de Dieu et à la gloire de Dieu. La spiritualité chrétienne propose une autre conception de la qualité de la vie, et elle encourage un mode de vie prophétique et contemplatif. Telle est la signification de la Pentecôte. Il s’agit de choisir une nouvelle vie en Christ. Sur le Christ, le Ressuscité, une société a été fondée, non pas sur le principe de l’intérêt personnel et de la compétition, mais sur celui d’une justice compatissante et de l’abnégation. Le signe distinctif qui permettait de reconnaître les disciples était leur conviction que Jésus était le Messie.

Ils et elles étaient tous ensemble, dans un commun accord, partageant la même vision, la même mission, pour l’Église (louange, prière, partage de la Parole de Dieu) et la communauté (mise en commun des propriétés et des biens, Actes 2,44 ss.). Pour les disciples, le fait de mettre tout en commun n’était pas seulement une référence à leur foi en Jésus le Fils de Dieu, mais aussi au fait que leur comportement devait être en harmonie avec ce qu’ils et elles confessaient, à savoir que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant.

Être en pèlerinage implique de réfléchir en profondeur sur notre conviction personnelle que Jésus est le Seigneur, mais aussi sur notre obligation morale d’être à l’écoute des nombreux problèmes de justice socioéconomique qui nous entourent. La protection de la création de Dieu pour les générations futures fait partie de la mission de l’Église et de la responsabilité de l’humanité (pape François, Laudato Si’: Sur la sauvegarde de la maison commune, § 159).

En tant qu’adeptes de la voie, nous devons nous tenir là où Dieu se tient, même si c’est au prix de notre vie. De nos jours, des persécutions religieuses se produisent dans le monde entier. Avec une profonde tristesse, nous faisons mémoire des nombreux hommes et femmes qui ont perdu la vie à cause de la persécution. Nous sommes cependant appelé-e-s à suivre les traces de Jésus. Telle est notre conviction. Le christianisme nous offre une voie, un chemin pour nous engager dans l’Église et la société – pour incarner la voie. Le don de l’Esprit révèle sa puissance, non seulement par les langues et les prophètes, mais aussi dans nos vies et nos comportements. En suivant Sa voie, puissions-nous vivre dans l’anticipation de l’avènement du Règne éternel de Dieu.

Les présidents du Conseil œcuménique des Églises

  • Pasteure Mary-Anne Plaatjies van Huffel, Église réformée unifiante d'Afrique australe
  • Pasteure Sang Chang, Église presbytérienne de la République de Corée
  • Archevêque Anders Wejryd, Église de Suède
  • Pasteure Gloria Nohemy Ulloa Alvarado, Église presbytérienne de Colombie
  • Évêque Mark MacDonald, Église anglicane du Canada
  • Pasteure Mele’ana Puloka, Église wesleyenne indépendante de Tonga
  • S.B. Jean X, patriarche de l'Église orthodoxe grecque d’Antioche et de tout l’Orient
  • S.S. Karékine II, patriarche suprême et catholicos de tous les Arméniens