Étude biblique 4

Eleni Kasselouri-Hatzivassiliadi

Actes 8,26-40

Traduction œcuménique de la Bible (TOB)

26L'ange du Seigneur s'adressa à Philippe: «Tu vas aller vers le Midi, lui dit-il, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza; elle est déserte». 27Et Philippe partit sans tarder. Or un eunuque éthiopien, haut fonctionnaire de Candace, la reine d'Éthiopie, et administrateur général de son trésor, qui était allé à Jérusalem en pèlerinage, 28retournait chez lui; assis dans son char, il lisait le prophète Ésaïe. 29L'Esprit dit à Philippe: «Avance et rejoins ce char». 30Philippe y courut, entendit l'eunuque qui lisait le prophète Ésaïe et lui dit: «Comprends-tu vraiment ce que tu lis? -- 31Et comment le pourrais-je, répondit-il, si je n'ai pas de guide?» Et il invita Philippe à monter s'asseoir près de lui. 32Et voici le passage de l'Écriture qu'il lisait:

Comme une brebis que l'on conduit pour l'égorger,

comme un agneau muet devant celui qui le tond,

c'est ainsi qu'il n'ouvre pas la bouche.

33Dans son abaissement il a été privé de son droit.

Sa génération, qui la racontera?

Car elle est enlevée de la terre, sa vie.

34S'adressant à Philippe, l'eunuque lui dit: «Je t'en prie, de qui le prophète parle-t-il ainsi? De lui-même ou de quelqu'un d'autre?» 35Philippe ouvrit alors la bouche et, partant de ce texte, il lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus. 36Poursuivant leur chemin, ils tombèrent sur un point d'eau et l'eunuque dit: «Voici de l'eau. Qu'est-ce qui empêche que je reçoive le baptême?» […] 38Il donna l'ordre d'arrêter son char; tous les deux descendirent dans l'eau, Philippe et l'eunuque, et Philippe le baptisa. 39Quand ils furent sortis de l'eau, l'Esprit du Seigneur emporta Philippe, et l'eunuque ne le vit plus, mais il poursuivit son chemin dans la joie. 40Quant à Philippe, il se retrouva à Azot et il annonçait la Bonne Nouvelle dans toutes les villes où il passait jusqu'à son arrivée à Césarée.

L’histoire de Philippe et de l’eunuque éthiopien est l’une des plus profondes et fascinantes de l’Écriture. Actes 8,26-40 s’insère au cœur du thème général du livre: la diffusion de l’Évangile conformément au grand mandat donné par Jésus en Actes 1,8. La bonne nouvelle a déjà été proclamée à Jérusalem le jour de la Pentecôte (Actes 2), avec des résultats remarquables, et les disciples de Jésus ont commencé, depuis peu, à élargir leur champ d’action à la Judée (Actes 8,1-4) et à la Samarie (Actes 8,5-25). Ce récit assure la transition entre le peuple de Dieu et le monde non circoncis; il démontre l’intervention de Dieu dans le lancement de la mission de la communauté de foi aux personnes qui n’étaient pas juives et qui étaient en marge du mouvement de Jésus en pleine croissance.

Le texte dans son contexte

Après avoir obtenu d’excellents résultats dans sa mission en Samarie, Philippe se voit enjoindre, par un messager de Dieu, de partir et d’entamer une nouvelle mission dans un autre endroit. Actes 8,27 présente une brève introduction de l’autre protagoniste de cette histoire. Il nous est présenté comme «un eunuque éthiopien, haut fonctionnaire de Candace, la reine d'Éthiopie, et administrateur général de son trésor». Dans les documents anciens, l’Éthiopie est désignée comme les pays situés au sud de l’Égypte, le Soudan actuel et probablement plus au sud encore. Homère la mentionne en précisant que les Éthiopiens «vivent aux confins du monde» (Odyssée 1,23). On peut en déduire logiquement que les Éthiopiens étaient les habitants des pays au sud de l’Égypte. À l’époque de l’Ancien Testament, cette région était appelée Kouch. À l’époque romaine, on l’appelait la Nubie. Selon Hérodote (II-22.3), les habitants de l’Éthiopie étaient noirs. Les gens à la peau sombre originaires d’Afrique fascinaient les Grecs et les Romains. On peut avoir une idée assez juste de la partie de l’Afrique d’où venait cet Éthiopien du fait que ce texte mentionne la reine Candace. Il précise qu’il s’agissait d’un «eunuque». Pour les auditoires gréco-romains, il est probable que le mot «eunuque» (ευνούχος) désignait un homme castré. Les anciennes constructions sur la masculinité s’appuyaient sur une compilation de discours sur le genre, la sexualité, le statut social et la race, et les eunuques perturbaient et déstabilisaient chacun de ces discours.

En conséquence, les personnages d’eunuques, dans les textes, avaient le pouvoir de rendre visible le caractère arbitraire et artificiel des masculinités anciennes. Par ailleurs, cet homme était un «haut fonctionnaire de Candace» et «administrateur général de son trésor». C’était un ministre des finances. Cela signifie qu’il était riche et qu’il exerçait une autorité certaine (bien qu’il fût esclave). Il était venu à Jérusalem en pèlerinage. On s’est posé des questions sur l’identité religieuse de cet homme. Les spécialistes ne sont pas d’accord sur la religion à laquelle il appartenait. D’après Deutéronome 23,1, un eunuque n’était pas autorisé à entrer dans l’assemblée (קָהָל, qāhal; LXX, ἐκκλησία) du Seigneur.

Pourtant, si nous considérons l’intertexte explicitement récité en Actes 8, nous remarquons que, dans le Livre d’Ésaïe, celui-ci a prophétisé que les eunuques «qui gardent le sabbat, qui choisissent de faire ce qui plaît au Seigneur et qui se tiennent dans l’alliance avec le Seigneur» monteront sur la sainte montagne du Seigneur. Ils «jubileront dans la maison où l’on prie le Seigneur», et «leurs holocaustes et leurs sacrifices seront en faveur sur l’autel du Seigneur parce que sa Maison sera appelée Maison de prière pour tous les peuples» (Ésaïe 56,4, 7-8). Ainsi, cette prophétie renverse l’interdiction du Deutéronome. Une autre possibilité est que cet eunuque ait été un craignant-Dieu – une personne qui avait décidé de suivre les prescriptions du judaïsme mais sans être circoncis. Certains spécialistes réfutent cette possibilité en faisant remarquer que le christianisme a été présenté aux craignant-Dieu en Actes 10, avec la conversion de Corneille. Les Actes ne disent pas que l’Éthiopien était un craignant-Dieu alors qu’ils le précisent dans d’autres cas (Actes 10,1-3, 22; 13,16, 26, 43, 50; 16,4; 17,4, 17). Il semble que cet eunuque ait été un adhérent du judaïsme. Il y avait probablement, en Éthiopie, des gens qui se rattachaient au judaïsme par la lignée de Ménélik 1er, avant le Christ. Il est indubitable que l’influence judaïque et un reflet de l’Ancien Testament avaient atteint l’Éthiopie bien avant l’introduction du christianisme en 340 et avant que la Bible ait été traduite en éthiopien.

Le passage de l’Écriture que lisait l’eunuque et que Philippe commente est Ésaïe 53,7-8, un texte qui appartient au quatrième Chant du Serviteur Souffrant dans ce Livre. Le texte des Actes ne précise pas ce que Philippe a dit à propos de ce texte, et il est possible que le rédacteur des Actes n’ait pas su quels étaient les termes exacts employés par l’évangélisateur. En se fondant sur les termes grecs utilisés et sur la réponse de l’eunuque au verset 36, on peut déduire du texte que c’est le simple ευαγγέλιον, la bonne nouvelle, l’Évangile, que l’eunuque a entendu. Dans l’Évangile de Luc, il est dit que «toute chair» verra le salut de Dieu (Luc 3,6), que le repentir et le pardon des péchés seront prêchés à «toutes les nations» (Lc 24,47), et que les gens viendront «du levant et du couchant, du nord et du midi, pour prendre place au festin» avec Abraham, Isaac et Jacob (Luc 13,29).

À la question de Philippe, l’eunuque répondit qu’il ne comprenait pas ce qu’il lisait; il ne demandait pas mieux qu’on l’aide. On peut donc déduire de la déclaration de l’eunuque qu’il demandait à comprendre et à être instruit. L’eunuque décida de se faire baptiser, et il donna l’ordre d'arrêter son char. Philippe et lui descendirent dans l'eau et consommèrent la conversion. Si l’eunuque a donné l’ordre d’arrêter le char, cela pourrait indiquer qu’il avait un conducteur, ce qui implique que l’événement aurait eu un témoin. La phrase: «Philippe et l’eunuque descendirent dans l'eau (κατέβησαν αμφότεροι εις το ύδωρ) fait penser à une immersion; et si l’on associe cela à la définition première de baptiser (βαπτίζω), il semble clair qu’il y a eu ici un baptême par immersion. Le début du verset 39 renforce cette idée d’immersion: «Quand ils furent sortis de l'eau» (ανέβησαν από του ύδατος). Il semblerait que les Actes mettent en évidence le fait que le baptême de l’eunuque fut la réponse appropriée au message de l’Évangile du fait qu’on trouve dans ce texte au moins six références à ce sujet.

Puis l’Esprit intervient à nouveau et emporte Philippe loin de l’eunuque pour lui confier une autre mission. Cela implique une fois encore, comme au verset 29, l’intervention directe de Dieu. On trouve l’expression «l'Esprit du Seigneur» en Actes 5,9 et en Luc 4,18; quant à l’Esprit (plutôt qu’un ange) qui transporte une personne, il en est question en 1 Rois 18,12, 2 Rois 2,16 et Ezéchiel 3,14. Le fait que l’eunuque «poursuivit son chemin dans la joie» implique probablement qu’il avait effectivement reçu l’Esprit.

Le texte dans notre contexte

Ce texte nous offre une merveilleuse illustration de l’intervention de Dieu dans les entreprises missionnaires du premier siècle, par le truchement de l’ange (verset 26) et de l’Esprit (versets 29 et 39). Le livre des Actes élargit le thème de la prédication de l’Évangile universel à tous les peuples, du fait que l’Éthiopien représente non pas le début de la mission aux Gentils mais l’inclusion du peuple marginalisé de Dieu, ainsi que prédit dans la prophétie. En outre, la réponse naturelle à la prédication de Jésus à partir des Écritures est réitérée sous une forme voilée et abrupte qui non seulement sert à nous donner une idée des pensées profondes de l’eunuque mais qui vient en outre renforcer la nécessité d’inclure le baptême par l’eau dans le message de l’Évangile.

Par le baptême, Christ invite les gens à abandonner leur vie ancienne, dans laquelle ils vivaient à l’ombre du péché et de la mort, pour entrer dans une vie nouvelle dans laquelle le péché et la mort ont été vaincus. Dans ce sens, le baptême est le sacrement de guérison par excellence, une guérison qui concerne la personne tout entière: esprit, corps et âme. Dans le baptême, l’eau devient le symbole de la naissance et de la vie nouvelles. On retrouve cette image de l’eau dans toute la Bible, depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse. L’eau est source et aliment de vie, pas seulement physiquement mais aussi symboliquement. Le franchissement de la mer Rouge et la délivrance de l’armée de Pharaon sont devenus la pierre de touche de la foi et de la vie de l’Israélite. Le lavement des pieds des disciples n’était pas seulement un acte de purification mais aussi un mandat fait aux douze disciples de servir les gens dans l’humilité. Nous comprenons alors l’importance et la nécessité de l’eau lorsque Jésus dit de lui-même qu’il est «l’eau vive». L’eau est un don de Dieu, et un droit humain fondamental. En ce début du 21e siècle, nous connaissons une crise mondiale de l’eau, qui va s’aggravant. La pauvreté, les abus de pouvoir, les systèmes politiques injustes et l’inégalité sont au cœur de ce problème. Nous, les chrétiennes et les chrétiens, nous devrions œuvrer en faveur de la préservation, de l’emploi responsable et de la juste distribution de l’eau pour toutes et tous. Le tsunami de 2004 et les inondations récurrentes en Inde ont posé aux Églises chrétiennes des questions cruciales sur l’eau et sur la manière dont l’eau devrait constituer une catégorie sérieuse pour la réflexion théologique et pour l’action. Il est crucial et nécessaire d’arracher l’eau à ses emplois à des fins d’oppression et d’exploitation et de lui rendre ses propriétés originelles: donner et entretenir la vie.

Depuis ses tout débuts, la communauté de Jésus est une communauté de prière. Si l’Église accorde une grande importance à son unité fondamentale, elle encourage aussi les diverses manières dont les gens, dans les différentes cultures, prient et louent Dieu. La réflexion théologique contemporaine répète à juste titre que la mondialisation s’accompagne d’une occidentalisation qui affaiblit les cultures locales. L’évangélisation, ce ne devrait pas être une homogénéisation qui menace les différentes expressions de la liturgie. La liturgie, dans toutes les traditions chrétiennes, est en rapport étroit avec l’action et la transformation des injustices de ce monde. L’eucharistie, qui est le cœur et l’accomplissement de la liturgie, fait souvenir des personnes pour lesquelles Jésus avait une affinité particulière, en particulier celles qui sont pauvres, impuissantes, marginalisées et rejetées.

La liturgie, ce n’est pas une fuite devant la vie mais une transformation permanente de la vie selon le prototype Jésus Christ, par la puissance de l’Esprit. S’il est vrai que, dans la liturgie, non seulement nous entendons un message mais nous participons au grand évènement que sont la libération du péché et la koinonia (communion) avec le Christ par la présence réelle de l’Esprit Saint, alors cet événement de notre incorporation personnelle dans le corps du Christ, cette transfiguration du petit être que nous sommes pour devenir un membre du Christ doivent se manifester avec évidence et être proclamés dans la vie concrète. La liturgie doit se prolonger dans les situations personnelles de chaque jour. Chacune et chacun des fidèles sont appelés à poursuivre une «liturgie» personnelle sur l’autel secret de son cœur, à réaliser une proclamation vivante de la bonne nouvelle «pour le salut du monde entier». Sans ce prolongement, la liturgie reste incomplète.[1]

En outre, l’Église de Jésus Christ est une communauté herméneutique, qui comprend de nombreuses voix herméneutiques différentes mais qui ont en commun la même foi en Jésus Christ. Elle ne cesse de demander, comme Philippe: «Comprends-tu vraiment ce que tu lis?» Pour l’Église, la Bible est la parole de Dieu divinement inspirée, exprimée d’une manière humaine. Cela ressemble beaucoup à la manière dont elle décrit Jésus Christ: le Verbe de Dieu, exprimé sous forme humaine. Les Écritures et Jésus Christ ont en commun un caractère «théanthropique» – humano-divin. Ils sont hors du temps et pourtant fortement marqués par le temps qui les a produits. L’exégèse (la lecture et la compréhension) de l’Écriture est l’exégèse du Christ. Christ est la clef herméneutique – la clef d’interprétation – de l’Écriture et de toute la vie de l’Église.

Dans ce sens, la mission de l’Église est la responsabilité d’interpréter le récit de la vie et de la mort de Jésus Christ ici et maintenant, de proclamer ce message en le présentant comme le message de la puissance créatrice de Dieu. De nos jours, les Églises devraient parler de manière prophétique, repenser et réévaluer théologiquement et pratiquement non pas le caractère institutionnel de la mission et de l’Église mais leur conscience eschatologique du fait qu’elles sont un aperçu et un avant-goût du Royaume de Dieu, une manifestation proleptique de cette réalité ultime qui devrait toujours déterminer leur approche de l’histoire. La mission appelle les Églises à la tâche de pardonner, de vaincre la crainte et l’hésitation, de réconcilier et de défendre la justice pour toutes et tous, en particulier dans les situations où le peuple de Dieu souffre de la violence, de l’oppression, de la pauvreté et de la guerre. À la mission devrait participer l’ensemble du peuple de Dieu, pour partager, servir et se renouveler mutuellement dans un esprit d’amour et de respect pour l’humanité et pour l’ensemble de la création de Dieu. Si les Églises et leurs fidèles sont incapables de transmettre, par la mission, cet Évangile – lequel n’est pas du monde et donc pas une expression de civilisation, de richesse et de connaissance mais la gloire de Dieu telle que révélée dans le mystère de la kénose, de la résurrection et de la Pentecôte –, alors elles n’ont rien d’essentiel à offrir au monde. L’œuvre de la mission, ce n’est pas simplement la proclamation de quelques idées ou une invitation qui ne concerne qu’un groupe restreint d’individus; elle consiste à faire revenir de la division et rassembler – comme lui-même l’a fait – toutes les nations de la terre pour édifier une unique communauté de foi et d’esprit qui transcendera les barrières du genre, de la race, de la culture, du statut économique et social ou de la caste. C’est une invitation à un cheminement commun, à une liturgie de transformation du monde entier.

Questions pour la réflexion et la discussion

1. Imaginez que vous êtes l’Éthiopien. Quels sont vos sentiments après avoir écouté l’explication que Philippe vous a donnée du prophète Ésaïe?

2. Résumez en quatre mots vos réflexions et sentiments à propos de Philippe et de sa méthode missionnaire.

3. Dans la nouvelle déclaration sur la mission: Ensemble vers la vie, on lit au paragraphe 59: «Vivre concrètement notre foi en communauté est une manière importante de participer à la mission. Par le baptême, nous devenons des sœurs et des frères faisant partie d'un même ensemble en Christ (cf. Hébreux 10,25). L'Église est appelée à être une communauté inclusive qui accueille tout le monde. Par ses paroles et par ses actes, et dans son existence même, l’Église est un avant-goût du règne à venir de Dieu et elle en témoigne. L’Église est le rassemblement des fidèles et leur envoi en paix.» Quelles réflexions ce paragraphe vous inspire-t-il à propos du récit que nous avons lu?

Prière

Notre Dieu Trine,

Délivre-nous des tribulations, de la colère, du danger et de la nécessité.

Aide-nous à comprendre ce que nous lisons.

Donne-nous des guides pour nous mener sur les chemins de la lumière et de la sagesse.

Aide-nous à proclamer en paroles et en actes ta bonne nouvelle, maintenant et à jamais.

Dieu de vie, conduis-nous vers la justice et la paix

comme tu l’as fait avec Philippe et l’eunuque éthiopien.

Amen.

À propos de l’auteure

Elèni Kasselouri-Hatzivassiliadi est une bibliste orthodoxe grecque; elle enseigne au Centre hellénique d'enseignement universitaire par correspondance, en Grèce.



[1] Giannoulatos Anastasios, Archevêque d’Albanie: Mission in Christ's Way: An Orthodox Understanding of Mission, COE et Holy Cross, Genève et Brookline (Mass.) 2010, pp. 95-96.