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Discours de bienvenue du secrétaire général du COE

Bienvenue au Centre œcuménique

Au nom du Conseil œcuménique des Églises et de ses 345 Églises chrétiennes membres dans plus de 140 pays, je vous souhaite la bienvenue au Centre œcuménique. Ce complexe abrite près d'une cinquantaine d'organisations actives au sein de la communauté internationale. Beaucoup d'entre elles sont liées aux Églises et aux religions mondiales.

Nous sommes ici pour parler de l'avenir mais, tout d'abord, honorons le passé.

Le Centre œcuménique a été construit dans le cadre de la «Genève internationale» dans la première moitié des années 1960. Il a été conçu comme un espace de dialogue et de partenariat entre les Églises et d'autres acteurs de bonne volonté. Son propriétaire, le Conseil œcuménique des Églises, participe à la quête historique de l'unité des chrétiens, qui pourrait servir de modèle pour parvenir à un sentiment profond et partagé à grande échelle d'unité dans le monde.

La construction du bâtiment original a été entreprise justement parce que le Conseil œcuménique des Églises souhaitait accueillir ses partenaires et amis au sein d'un espace commun.

Nos prédécesseurs espéraient que le fait de travailler à proximité les uns des autres favoriserait les projets communs et le dynamisme entre les membres des divers réseaux et institutions partageant cet espace.

Cette vision était partagée par les architectes et les autres artistes qui ont conçu et équipé l'extérieur et l'intérieur de ces locaux. Les Églises et les autres bienfaiteurs qui ont offert des objets d'art et d'autres articles pour agrémenter le bâtiment l'ont gardé à l'esprit, tant au moment de la construction que dans les années qui ont suivi.

Quels que soient les conseils qu’aient reçus les architectes et artistes, il convient de rendre hommage à leur génie pour l'esthétique du parc, des bâtiments et des intérieurs créés dans les années 1960.

Ces artistes et ingénieurs étaient originaires essentiellement de Suisse et de Scandinavie. Le Centre œcuménique dans son ensemble est l'œuvre de Honegger Frères, un bureau local d'architectes de renom. Le chef de projet Henri Lesemann, le paysagiste Walter Brugger et l'artiste décorateur d'intérieur Otto Senn étaient aussi basés dans la région genevoise.

Mais à cette époque où le style «scandinave moderne» s'imposait dans le monde entier, deux Danois et un Suédois furent choisis pour travailler avec l'équipe suisse, notamment pour réaliser la chapelle et la grande salle de réunion qui jouxte celle-ci.

Le Danois Svend Erik Möller fut l'architecte de la chapelle et son compatriote Knud Ruge Lollesgaard créa les vitraux qui nous entourent. À côté, dans la grande salle, une tapisserie monumentale représentant la prière du Christ pour l'unité des chrétiens, «qu'ils soient un», a été conçue par l'artiste suédois Carl Einar Forseth. Nous rendons grâces aujourd'hui à tous ces grands visionnaires.

La chapelle, cœur spirituel du Centre œcuménique

Les spécificités de la chapelle et de la grande salle sont un témoignage rendu à Dieu et à la communauté fraternelle mondiale dont nous sommes ici appelés à accompagner l'épanouissement.

Nous sommes entourés de cadeaux offerts par nos membres et nos partenaires: icônes et autres œuvres d'art, mais aussi instruments de musique, dont un carillon indonésien et un orgue offert par les Églises de l'ancienne RDA à l'époque où l'Allemagne était divisée.

Ces objets d'art reflètent les diverses traditions du christianisme mondial. Le bois que vous voyez sur les murs et les fenêtres ainsi que dans les plus anciennes salles de réunion provient d'une cargaison que nous ont fait parvenir nos Églises membres au Ghana.

L'icône en mosaïque représentant le baptême de Jésus, à l'entrée de la chapelle, est un don du Patriarcat œcuménique de Constantinople.

Face à elle, sur le sol, Erik Möller et Otto Senn ont à leur tour créé une mosaïque prolongeant le thème des eaux du baptême, afin que nous «traversions les eaux» pour aller prier ensemble.

Plus globalement, la chapelle suggère un sentiment de «mouvement œcuménique». L'autel est surmonté d'un dais. Le plafond tout entier ondule comme une grande tente – une tente qu'on prendrait en voyage, le genre de tente où nos ancêtres dans la foi tenaient leurs cultes au cours de leurs cheminements d'un pays d'esclavage vers la terre de promesses. Cette image a une résonance particulière après l'Assemblée du Conseil œcuménique des Églises qui s'est tenue en Corée le mois dernier, quand nous nous sommes engagés à nouveau à réaliser «un pèlerinage œcuménique vers la justice et la paix».

Allier la dimension mondiale à l'échelle locale

Notre Conseil est à Genève depuis 1938, bien qu'il ne soit devenu officiellement le Conseil œcuménique des Églises qu’en 1948.

Nous sommes ravis d'être installés ici, nous nous efforçons d'entretenir de bonnes relations de voisinage et je crois qu'il est important pour nous de nous trouver à proximité de tant d'agences des Nations Unies et d'autres organisations internationales, ainsi que de fréquenter les sites de conférences où des gens viennent de tous horizons pour faire part de leurs expériences et de leurs préoccupations.

Par ailleurs, nous instaurons un dialogue avec le reste de l'humanité dans toutes ses expressions locales. Parmi ceux qui travaillent au Centre œcuménique, certains sont, comme moi, originaires d'autres villes et pays. Les programmes et projets pour lesquels nous travaillons depuis ces bureaux plantent des racines profondes et créent des connexions vitales avec des gens d'autres pays et d'autres cultures. Ainsi sommes-nous des habitants de Genève mais aussi des citoyens du monde. Il est parfois difficile de trouver un équilibre entre ces deux réalités qui vont de pair.

Le Centre œcuménique va bientôt avoir cinquante ans et nous avons réfléchi à ce que l'avenir pourrait nous réserver. Nous nous sommes demandé – en prenant en compte le fait que nos locaux sont vieillissants – comment allier au mieux notre implication dans les affaires du monde et les besoins et perspectives au niveau local.

Résidents de la «Genève internationale»

Il ne fait pas de doute que certaines organisations ont dû réexaminer leur situation au fil des crises financières de ces douze dernières années. Les organisations mobilisées pour les pays du Sud ont d'excellentes raisons d'envisager de quitter l'hémisphère Nord. L'impressionnante vitalité du franc suisse, notamment, soulève d'importantes questions pour des organisations telles que la nôtre, installées à Genève mais percevant leurs revenus dans des devises moins fortes.

Nous avons consciencieusement réfléchi à notre avenir. Tout au long de nos discussions, nous nous sommes efforcés de demeurer ouverts aux diverses idées et de rester flexibles dans nos réactions, tout en souhaitant marquer de façon positive notre collectivité par l'observation de principes écologiques.

En étudiant les possibilités et en réaffirmant les avantages que procure Genève en tant que point de convergence, nous avons contacté Implenia. Vous en saurez plus sur notre relation dans quelques minutes. Ce que je trouve formidable, c’est que, ensemble, nous avons trouvé des raisons d'espérer que la mise en valeur du Centre œcuménique et de ses terrains profite à notre travail, aux organisations qui occupent ces locaux, à la collectivité du Grand-Saconnex et à la perspective de faire de cette zone internationale un Jardin des Nations.

Prochaine étape – la transformation en un village vert

Nous allons bientôt connaître les détails du concours architectural qui a été organisé, ainsi que la liste des finalistes. Ceux et celles d'entre nous qui faisaient partie du jury ayant examiné les propositions pour la mise en valeur du Centre œcuménique se félicitent de l'intérêt manifesté pour ce projet. Nous tenons par ailleurs à remercier notre partenaire, Implenia, tous les jurés, ainsi que l'ensemble des experts qui nous ont conseillés à mesure que nous examinions les besoins, réfléchissions au passé et établissions le consensus en vue du changement.

Nous sommes enthousiasmés par le concept d'un «village vert», écologique et accueillant, dans le cadre du projet de «Promenade de la Paix» dans ce quartier du Grand-Saconnex. Nous y voyons une contribution à la réalité locale, ainsi qu'un espace permettant de se connecter à la réalité mondiale.

D'autres étapes devront être franchies au long de ce cheminement et il n'est pas impossible que nous soyons occasionnellement confrontés à des obstacles ou contraints de dévier notre route. Mais cela fait partie de tout pèlerinage et nous sommes déterminés à aller de l'avant, depuis ici, vers l'objectif de l'unité dans un monde de justice et de paix.