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S.E. Roch Marc Christian Kaboré
Président
Burkina Faso

 

Votre Excellence,

Au nom du Conseil œcuménique des Églises et de l’Alliance ACT, nous vous écrivons pour vous exprimer notre préoccupation devant les développements qui affectent la sécurité et les droits de la personne de beaucoup de vos citoyens, en particulier dans les régions du Sahel, du Nord, du Centre-Nord et de l’Est.

Nous savons qu’au cours des cinq dernières années, le Burkina Faso a été de plus en plus frappé par la violence extrémiste. Ces attaques violentes, qui visaient initialement l’armée et les institutions étatiques, ont pris un caractère religieux et sectaire de plus en plus marqué et affecté gravement les civils.

Nous avons également à l’esprit l’appel, en septembre 2018, du Gouvernement du Burkina Faso à la communauté internationale, demandant son appui face à l’émergence des menaces à la sécurité et au développement de la région.

Causant la mort de centaines de personnes, une vague de kidnappings et la fermeture de nombreuses écoles et églises, cette violence a également provoqué un déplacement massif et continu des populations venues des régions affectées.

Selon les dernières informations venues des agences onusiennes, on comptait 486 360 déplacés internes au début du mois d’octobre, ce qui représente le double des chiffres enregistrés en juillet. Depuis juillet, le nombre de personnes recevant de la nourriture et de l’assistance a doublé, pour atteindre 735 000 personnes. 71 centres de santé demeurent fermés et 75 autres n’offrent que des services minimaux, laissant plus de 880 000 personnes sans accès aux soins de santé. Selon un Plan d’action humanitaire révisé, 187 millions de dollars sont nécessaires pour l’aide humanitaire, mais, à la date du 29 octobre, seuls 37% des fonds avaient été reçus.

Nos Églises et partenaires sont déjà sur le terrain pour soutenir les communautés affectées et nous cherchons les moyens d’augmenter notre soutien pour les accompagner. Nous soutenons le Gouvernement du Burkina Faso dans ses efforts pour garantir l’aide nécessaire aux besoins humanitaires immédiats autant qu’à la coopération sécuritaire face à la menace extrémiste.

En même temps, nous souhaitons tout particulièrement attirer votre attention sur une situation immédiate et urgente dans les environs de Kongoussi qui a été portée à notre attention. Les attaques les plus dramatiques dans cette province ont eu lieu le 28 septembre, dans un village (Komsilga) situé à une vingtaine de kilomètres de Kongoussi, où 9 personnes ont été tuées. Le même jour, dans l’après-midi, 9 autres personnes ont été tuées dans un autre village (Deneon) à environ 27 km de Kongoussi. Ce soir-là, les gens ont commencé à fuir ces villages et bien d’autres de la région vers Kongoussi. Le nombre de personnes déplacées a continué d’augmenter au cours des jours suivants, et plus de 45 000 personnes déplacées ont été enregistrées à Kongoussi.

Dimanche 6 octobre, 2 personnes ont été tuées dans un autre village (Darbiti) à 6 km de Kongoussi. Dimanche 20 octobre, dans la soirée, 9 autres personnes ont été tuées dans un village (Zoura) situé à seulement 8 km de Kongoussi.

Selon les messages que nous avons reçus du pasteur Tegwende Leonard Kinda de l’Association des Églises évangéliques réformées du Burkina Faso – membre du COE et de l’Alliance ACT – un total de 242 personnes de 32 foyers, dont 141 enfants, 63 adultes et 38 personnes âgées, qui ont fui face à cette vague d’attaques meurtrières, sont actuellement réfugiées dans son église à Kongoussi.

Nous nous associons à l’appel pressant lancé au Gouvernement du Burkina Faso pour qu’il fasse tout ce qui est en son pouvoir pour projeter une présence militaire plus forte dans cette région, afin de protéger les personnes qui craignent pour leur vie contre une vague croissante d’attaques extrémistes.

Nous prions pour que la détermination et la sagesse vous guident dans vos efforts pour faire face à cette menace qui pèse sur l’ensemble de la nation, pour préserver tous les Burkinabés de la violence et des divisions sectaires, pour arrêter l’aggravation de l’urgence humanitaire résultant de ces attaques et pour répondre aux besoins humanitaires immédiats de tant de personnes touchées. Nous nous joignons à vous pour demander à la communauté internationale d’apporter le soutien nécessaire à votre gouvernement pour qu’il puisse relever ces défis cruciaux.

Veuillez agréer, Votre Excellence, l’expression de notre respectueuse considération.

 

Pasteur Olav Fykse Tveit
Secrétaire général, Conseil œcuménique des Églises


Rudelmar Bueno de Faria 
Secrétaire général, Alliance ACT