Réunion du Comité Central du COE, 13 - 20 février 2008

« Nous sommes décidés à demeurer ensemble »[1]

PERSÉVÉRER DANS LA RECHERCHE DE L'UNITÉ

Remarques liminaires

1. Je voudrais dire pour commencer que mon discours sera quelque peu différent des rapports présentés habituellement les années précédentes. Lors de la première réunion de ce Comité central, en août-septembre 2006, après analyse de la situation, certains ont suggéré que l'on consacre plus de temps à la discussion du rapport; je suis entièrement d'accord sur ce point. Le Comité central ne se réunit pas très fréquemment et, chaque fois, il a un ordre du jour très chargé; et nous sommes censés établir ensemble notre programme - et surtout les visions et les espoirs qui lui donnent un sens. C'est pourquoi mon intervention, plus courte que d'habitude, doit être considérée comme une invitation au partage et au dialogue.

2. Il s'agit ici de la deuxième réunion plénière de ce Comité central. Deux années se sont écoulées depuis notre dernière Assemblée, et nous commençons déjà à envisager la prochaine. A notre précédente réunion, j'ai évoqué et invoqué « un parcours commun de gratitude pour le don merveilleux de l'unité que nous fait Dieu », qui est l'une de nos responsabilités en tant que membres du Comité central. J'ai également dit que notre parcours commun a pour raison d'être « notre engagement oecuménique, chose belle mais difficile », une volonté qui nous rassemble « en dépit des nombreuses différences qui existent entre nous ». J'ai dit que notre ardent engagement oecuménique se fondait sur l'espérance qui renforce notre foi et notre amour à partir de la résurrection du Christ.

Notre mandat selon la constitution

3. Au cours de la présente réunion, nous allons célébrer le 60e anniversaire du COE. Les anniversaires sont autant d'occasions d'évoquer et de faire revivre de bons souvenirs. Mais si nous célébrons cet anniversaire, ce n'est certainement pas pour nous féliciter de l'existence du COE mais plutôt pour nous rappeler l'héritage que nous ont laissé ceux qui sont venus avant nous. Si nous évoquons le passé, c'est pour avancer plus loin encore, avec plus de détermination encore, dans un monde sensiblement différent de celui auquel étaient confrontés les délégués qui se sont réunis à Amsterdam en 1948 pour fonder le Conseil oecuménique des Eglises.

4. Nous le savons très bien, mais il est toujours utile de le rappeler : notre Constitution définit sa « Base » dans les termes suivants : « Le Conseil oecuménique des Eglises est une communauté fraternelle d'Eglises qui confessent le Seigneur Jésus Christ comme Dieu et Sauveur selon les Ecritures et s'efforcent de répondre ensemble à leur commune vocation pour la gloire du seul Dieu, Père, Fils et Saint Esprit » (article I). A l'article III : « Fonctions et buts », nous lisons tout d'abord que « le Conseil oecuménique des Eglises est constitué par les Eglises pour servir le seul mouvement oecuménique » ; en d'autres termes, d'une part le COE ne s'identifie pas au mouvement oecuménique en tant que tel ; il considère qu'il fait partie d'un mouvement oecuménique qui est plus vaste que lui. D'autre part, il ne considère pas qu'il a pour fonction de n'être au service que de lui-même : il est un instrument au service du mouvement oecuménique, lequel, comme je l'ai dit, est plus vaste que le COE, celui-ci n'en constituant qu'une partie. Donc, si nous nous penchons sur notre histoire tout en regardant vers l'avenir, l'essentiel n'est certainement pas de savoir dans quelle mesure le COE a acquis plus d'envergure, mais plutôt de considérer dans quelle mesure il a bien servi et continue à servir le mouvement oecuménique. Bien entendu, on suppose que ce service a été et reste très important. Si donc je mets l'accent sur la dimension du service rendu au mouvement oecuménique, ce n'est pas à cause de certains doutes que l'on pourrait émettre à cet égard, mais parce qu'il est essentiel de nous rappeler en permanence ce pour quoi le COE fut créé et ce qu'il doit toujours demeurer.

5. Dans cette même section de la Constitution, il est également dit que « le but premier de la communauté fraternelle d'Eglises que forme le Conseil oecuménique des Eglises est de s'appeler mutuellement à tendre vers l'unité visible en une seule foi et en une seule communauté eucharistique, exprimée dans le culte et dans la vie commune en Christ, à travers le témoignage et le service au monde, et de progresser vers cette unité afin que le monde croie ». J'ai mis en évidence un certain nombre de termes pour bien faire ressortir l'approche holistique qui est celle du COE : c'est un instrument au service du « seul mouvement oecuménique ». Dans ce sens, ce texte précise ensuite comment le COE doit concrètement exprimer sa volonté de « réaliser une koinonia de foi et de vie, de témoignage et de service », à savoir par les moyens suivants :

  • « favoriser la recherche dans la prière du pardon et de la réconciliation »;
  • « faciliter le témoignage commun en chaque lieu et en tous lieux »;
  • « traduire en actes [son] engagement en faveur de la diaconie en servant tous ceux qui sont dans la détresse »;
  • « favoriser le développement d'une conscience oecuménique »;
  • « [les Eglises doivent] se prêter mutuellement assistance dans leurs relations avec les croyants des autres communautés religieuses »;
  • « encourager le renouveau et la croissance dans l'unité, le culte, la mission et le service ».

6. J'ai cité ici d'assez larges extraits de la Constitution du COE pour différentes raisons. Premièrement, cette constitution exprime adéquatement les convictions et la volonté de toutes les Eglises et organisations qui constituent le COE, puisque toutes « les Eglises qui demandent à adhérer au Conseil oecuménique des Eglises doivent en premier lieu donner leur accord explicite à la Base (article I de la Constitution) sur laquelle repose le Conseil oecuménique des Eglises et confirmer leur engagement en faveur des fonctions et buts du Conseil (article III de la Constitution) » (art. I.3 du Règlement). On voit donc que tous les articles expriment un accord fondamental et complet entre les Eglises membres du COE, et j'ose dire que cet accord dépasse même le simple cercle des Eglises membres du COE. Deuxièmement, ces formulations reflètent avec précision l'histoire du mouvement oecuménique qui a abouti à la création du COE avec ses différents courants convergents : mission, christianisme pratique, foi et constitution, éducation chrétienne. Troisièmement, tous ces éléments sont des constituants fondamentaux et intégraux de la manière dont nous envisageons l'oikoumene. En combinant tous ces courants de cette manière, la Constitution les reconnaît comme des dimensions spécifiques du cheminement oecuménique unique. Elle veut accorder à chacun d'eux l'importance qui lui est due dans une conception holistique du salut et de la condition de disciple. Dès le départ, donc, la Constitution exclut toute controverse sur l'importance plus ou moins grande que pourrait revêtir ou qui devrait être accordée à telle ou telle dimension par rapport aux autres. Il se peut que, à l'occasion, en raison de circonstances contextuelles correspondant à des possibilités d'action, on ait accordé plus d'attention à l'une ou l'autre de ces dimensions, que ce soit à l'extérieur du COE ou même à l'intérieur; mais, par principe, toutes ces dimensions sont liées entre elles et il faut que le Conseil les considère et les traite de manière « intégrée », comme nous avons pris coutume de le dire.

7. Je voudrais ajouter un commentaire à ce stade : si l'engagement oecuménique comporte des dimensions différentes, toutes ont en commun un centre vivant, lequel est, précisément, l'appel à l'unité visible. Cet appel peut aussi s'exprimer de multiples manières, comme par exemple : « vocation commune », « vie commune en Christ », « témoignage commun » de la « foi unique », ou encore la volonté de parvenir à « une seule communauté eucharistique ». Bref, notre vocation et l'objectif premier du COE consistent à recevoir de Dieu le don de l'unité et à y répondre dans la koinonia de frères et soeurs dans l'Eglise une. Ainsi donc, cette célébration du 60e anniversaire du COE est pour nous l'occasion de redécouvrir notre vocation, tout en réaffirmant cet objectif et cet engagement. Le monde dans lequel nous vivons a profondément changé, tout comme, de nos jours, la situation religieuse a profondément changé - mais il n'est aucunement nécessaire de modifier pour autant cet engagement fondamental qui, depuis 60 ans, rassemble les Eglises dans la communion fraternelle que constitue le COE. Cela a été notre vocation tout au long de ces années, et cela restera notre vocation dans les années à venir.

L'appel à l'unité dans les grands rassemblements oecuméniques

8. Lorsque les délégués se sont réunis à Amsterdam en 1948, ils étaient très conscients que l'ordre ancien du monde était rompu. Trois ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, ils ont pris acte d'une situation de « désillusionnement et de désespoir ». « Des millions d'êtres ont faim, des millions n'ont plus ni foyer, ni patrie, ni espoir » (extrait du Message de la Première Assemblée du COE, Amsterdam 1948). Mais, pour ces délégués, il ne s'agissait pas simplement de dénoncer un état de fait : ils reconnaissaient la nécessité de se repentir : « Trop souvent, nous avons tenté de servir Mammon en même temps que Dieu; nous avons fait passer d'autres loyalismes avant notre loyauté à Jésus Christ; nous avons mêlé l'Evangile et nos intérêts d'ordre économique, national ou racial; nous avons eu la terreur plus que la haine de la guerre. »

9. Pourtant, cette Assemblée était pétrie de la conviction que « le monde est dans la main du Dieu vivant », que, en Christ Jésus, « toute la puissance du mal a été brisée et la porte de la liberté et de la joie dans le Saint Esprit ouverte à tout homme ». La perspective missionnaire était claire : « Il nous faut prier, demandant que Dieu ravive en son Eglise entière la passion d'annoncer au monde entier cet Evangile et d'appeler tout homme[2] à croire en Jésus Christ, à vivre de son amour et à espérer sa venue ». Les dimensions diaconale et prophétique étaient tout aussi clairement exprimées : « Il faudra réapprendre à parler ensemble hardiment au nom de Christ à ceux qui détiennent l'autorité comme à ceux qui lui sont soumis, à combattre toute terreur, toute cruauté et toute discrimination raciale; à porter assistance aux méprisés et aux parias, aux prisonniers et aux réfugiés. Il faudra que l'Eglise, partout, soit la voix de ceux qui ne peuvent élever leur voix dans le monde, la maison où tout homme trouve avec joie sa place ».

10. Le vécu du don de l'unité et la volonté commune de tendre vers l'unité ont servi de fondement et de moteur à la vocation missionnaire et diaconale : « Nous sommes un en le [le Christ] confessant comme Dieu et Sauveur. Nous n'ignorons cependant pas nos divisions : elles existent en matière de foi, de constitution et de tradition; notre orgueil national, notre orgueil de classe ou de race y ont aussi leur part. Mais Christ a fait de nous son peuple, et, lui, n'est pas divisé. C'est en le cherchant que nous nous trouvons. Ainsi, à Amsterdam, en constituant le Conseil oecuménique des Eglises, nous avons contracté envers lui un nouvel engagement et nous nous sommes liés les uns aux autres. Nous sommes décidés à demeurer ensemble. Et nous appelons toutes nos paroisses et communautés chrétiennes à travers le monde à reconnaître le lien que nous avons noué et à le maintenir dans leurs relations mutuelles. Reconnaissants envers Dieu de ce qu'il nous a donné, c'est à lui que nous confions l'avenir. » Soixante ans après qu'elle a été proclamée, nous reprenons aujourd'hui cette déclaration à notre compte.

11. Et puis, en 1950, la célèbre déclaration du Comité central de Toronto a approfondi la conception que le COE a de l'Eglise, des Eglises et de leurs relations avec le Conseil oecuménique des Eglises. Elle précise bien ce que le COE n'est pas, à savoir une super-Eglise, ni un instrument devant servir à négocier des unions entre Eglises, pas plus qu'une organisation qui serait fondée sur une conception particulière de l'Eglise, quelle qu'elle soit. Elle se refuse à dire que chaque Eglise devrait considérer comme relative sa conception propre de l'Eglise, ni qu'il faudrait accepter une doctrine spécifique sur la nature de l'unité de l'Eglise. Puis la déclaration précise les principes fondamentaux positifs sur lesquels repose le COE : « La conversation entre les Eglises, leur collaboration et leur témoignage commun doivent être fondés sur leur conviction commune que le Christ est le chef divin du Corps »[3]; « l'Eglise du Christ est une »; « l'appartenance à l'Eglise du Christ s'étend au delà du corps des fidèles d'une Eglise »; le COE est un lieu de rencontre où étudier ensemble la relation « à la sainte Eglise catholique professée par les confessions de foi », sans que cela implique que « chaque Eglise doive considérer les autres comme des Eglises dans le sens vrai et plein du terme »; mais les Eglises membres « reconnaissent dans les autres Eglises des éléments de la vraie Eglise »; et l'on y trouve enfin des implications pratiques telles que les consultations mutuelles, la solidarité entre Eglises, des relations spirituelles qui permettent aux Eglises d'apprendre les unes des autres et de s'entraider. Ce sont là des définitions fondamentales; mais plus important peut-être est le discernement spirituel relatif à l'unité qui sert de leitmotiv à tout ce document : « L'unité naît de l'amour de Dieu en Jésus Christ qui, en liant les Eglises membres à lui, les lie les unes aux autres. Le Conseil souhaite ardemment unir plus étroitement les Eglises au Christ, les rapprochant ainsi les unes des autres. Liées par cet amour, les Eglises voudront prier sans cesse les unes pour les autres et se fortifier mutuellement dans leur culte et leur témoignage, portant leurs fardeaux réciproques et accomplissant ainsi la loi du Christ. »

12. Cette conviction que, en Christ, nous sommes un, et le désir sincère de l'unité entre chrétiens et entre Eglises, nous les retrouvons comme éléments moteurs des grands rassemblements oecuméniques qui ont mené à la fondation du Conseil oecuménique des Eglises : la Conférence missionnaire d'Edimbourg en 1910, la Conférence mondiale du Christianisme pratique à Stockholm en 1925, et la première Conférence mondiale de Foi et constitution, à Lausanne en 1927.

13. A la grande différence de la situation qui prévalait en 1948, lorsque fut fondé le COE, l'ambiance à la Conférence mondiale des missions d'Edimbourg était empreinte d'optimisme et de la conviction que les relations internationales et les perspectives futures de l'humanité évoluaient de façon positive. En fait, la première guerre mondiale n'était pas loin, mais les délégués n'en avaient pas conscience. Dans son message, présenté en deux parties - l'une adressée « aux membres de l'Eglise en terres chrétiennes » et l'autre « aux membres de l'Eglise chrétienne en terres non chrétiennes » -, évoquant les dix années à venir, la conférence exprimait cet espoir : « Si elles sont bien employées, elles pourraient compter parmi les plus glorieuses de l'histoire chrétienne ». Et la conférence lançait un appel pressant pour l'évangélisation de tous les peuples et nations : « Résolus à nous mettre au service de tous et de chacun au sein de la famille chrétienne [...], ce dont nous avons besoin plus que tout, c'est d'être plus profondément conscients de notre responsabilité envers le Dieu Tout-Puissant qui nous a confié la grande mission d'évangéliser le monde ». S'adressant aux chrétiens des « terres non chrétiennes », le texte disait : « Rien ne nous cause plus de joie que d'apprendre, comme nous le confirment des rapports qui nous arrivent de toute part, la croissance régulière en quantité, en zèle et en puissance de l'Eglise chrétienne en devenir dans des pays qui naissent à une existence nouvelle ». Peut-être avons-nous de bonnes raisons de considérer avec une certaine réticence le ton plutôt triomphaliste de cette phrase (et d'autres passages des messages), mais cela ne doit en rien diminuer la joie que nous éprouvons nous-mêmes à considérer cette unité que les délégués vivaient et recherchaient pour proclamer l'Evangile de façon crédible : « Nous sommes parvenus à un stade d'unité dans l'action commune plus avancé que l'Eglise chrétienne n'en a jamais connu depuis des siècles »; et encore : « Nous rendons grâce à Dieu pour cette aspiration à l'unité, si manifeste parmi vous et qui est aujourd'hui l'une de nos plus profondes aspirations ». C'est aussi cette profonde aspiration qui nous pousse à nous rassembler en tant que Comité central du COE.

14. En 1925 à Stockholm, la Conférence du Christianisme pratique a voulu relever un défi très concret mais considérable : « Répondant à son appel : "Suis-moi !", nous avons, au pied de la Croix, accepté l'impératif de mettre en pratique son Evangile dans tous les domaines de la vie humaine - industriel, social, politique et international ». Cette conférence déclarait que « l'âme est la valeur suprême » et donc que « le droit primordial est le droit au salut ». Elle se faisait ensuite l'avocate d'un « internationalisme chrétien », reconnaissait le « pressant besoin d'éducation » et exprimait « notre horreur de la guerre, la conviction qu'elle est incapable de régler les conflits internationaux ». Entre autres, cette conférence s'est plus spécifiquement adressée aux jeunes et aux « travailleurs » : « Nous partageons leurs aspirations à un ordre social juste et fraternel ». Une fois de plus, le concept de « l'unité » occupait une place clé. Tout en reconnaissant que la conférence elle-même était « l'exemple le plus remarquable de communauté fraternelle et de coopération, par-delà les frontières des pays et des confessions, que le monde ait jamais vu », les délégués précisaient leurs objectifs : « Parvenir à une unité d'action pratique dans la vie et le travail des chrétiens », ajoutant : « La conférence en soi est un fait évident; mais elle n'est qu'un commencement. » Une fois encore, l'unité n'était pas simplement une aspiration, pas simplement un objectif concret, mais aussi une expérience spirituelle : « En récitant ensemble le Notre Père, chacun dans sa langue maternelle, nous avons redécouvert notre foi commune et nous avons vécu comme jamais auparavant l'unité de l'Eglise du Christ ». C'est sur cette base, et avec la création d'un comité de continuation, que la conférence a exprimé son espoir pour l'avenir : « Ne pouvons-nous pas espérer que, grâce aux travaux de cet organisme et par l'intensification de la communion fraternelle et de la coopération entre chrétiens de tous les pays, dans l'Esprit un, notre unité en Christ se manifestera de plus en plus au monde dans le mouvement du ‘Christianisme pratique' ? Ce n'est qu'en devenant un intérieurement que nous atteindrons à la réelle unité de l'esprit et de l'âme. Plus nous nous approcherons du Crucifié et plus nous nous rapprocherons les uns des autres, aussi variées que soient les couleurs de la Lumière du monde qui se reflètent dans notre foi à chacun. Au pied de la Croix de Jésus Christ, nous tendons les mains les uns vers les autres. Il fallait que le Bon Berger mourût pour qu'il pût rassembler les enfants de Dieu dispersés. L'espérance du monde, c'est le Seigneur crucifié et ressuscité, et lui seul. »

15. L'unité ou l'appel à l'unité fut traité très sérieusement et explicitement lors de la première Conférence mondiale de Foi et constitution, à Lausanne en 1927. Dans la toute première phrase du préambule aux documents reçus par cette conférence, « pour transmission aux Eglises », nous lisons : « Nous, représentants de nombreuses communions chrétiennes présentes dans le monde entier, unis dans la confession commune de notre foi en Jésus Christ, le Fils de Dieu, notre Seigneur et Sauveur, croyant que l'Esprit de Dieu est avec nous, nous sommes réunis pour étudier les choses sur lesquelles nous sommes d'accord et celles sur lesquelles nous ne sommes pas d'accord » (c'est moi qui mets en évidence le terme ‘unis'). Le texte dit ensuite : « Nous rendons grâce à Dieu et nous nous réjouissons des accords auxquels nous sommes parvenus; c'est sur ces accords que nous allons construire. Lorsque les rapports mentionnent des désaccords, nous appelons le monde chrétien à reconsidérer sérieusement les opinions divergentes que nous pouvons avoir à l'heure actuelle et à faire de sérieux efforts pour parvenir à la vérité telle qu'elle est aux yeux de Dieu, vérité qui devrait constituer le fondement de l'unité de l'Eglise. »

16. L'un des documents adoptés était précisément consacré à « l'appel à l'unité »[4]. Il déclare : « Dieu veut l'unité. Notre présence à cette conférence témoigne de notre désir de soumettre nos volontés à la sienne. Quelle que soit la manière dont nous voudrions justifier les origines de la désunion, nous regrettons qu'elle subsiste et, désormais, nous devons oeuvrer, dans la pénitence et la foi, pour reconstruire les murs brisés. L'Esprit de Dieu a été au milieu de nous; c'est lui qui nous a fait venir ici. Sa présence s'est manifestée dans notre culte, dans nos délibérations et dans toute la communauté fraternelle que nous formons. Il nous a fait nous découvrir les uns les autres; il a élargi nos horizons, vivifié notre intelligence et attisé notre espérance. Nous avons osé, et Dieu a justifié notre audace. Nous ne pourrons jamais plus être les mêmes. Nous lui en sommes profondément reconnaissants, et cette reconnaissance doit s'exprimer dans des efforts soutenus pour diffuser, dans les groupes plus restreints où nous sommes appelés à vivre chez nous, les perspectives qui nous ont été accordées ici. »[5] Mais la dimension missionnaire transparaît aussi dans la définition que cette conférence donne de la nature de l'Evangile : « L'Evangile est l'appel prophétique adressé à l'homme pécheur, lui demandant de se tourner vers Dieu, la joyeuse nouvelle de la justification et de la sanctification pour ceux qui croient en Christ. C'est le réconfort pour ceux qui souffrent ; pour ceux qui sont dans les chaînes, c'est l'assurance de la glorieuse liberté des fils de Dieu. L'Evangile apporte la paix et la joie au coeur, et il est, chez l'homme, source d'abnégation, de disponibilité au service fraternel et d'amour miséricordieux. »[6]

17. Permettez-moi, à ce propos, de rappeler à quel point la famille orthodoxe et l'Eglise catholique ont elles aussi exprimé clairement ce désir d'unité. C'est ainsi, par exemple, que le Patriarcat oecuménique a publié dès 1920 une encyclique rédigée par le Saint Synode et adressée « à toutes les Eglises du Christ »; elle appelait à un « rapprochement éminemment souhaitable et nécessaire entre les différentes Eglises chrétiennes et à la communion fraternelle entre elles », demandant que l'on dépasse « les préjugés, pratiques ou prétentions désuètes ». « Il s'agit de ranimer et de renforcer l'amour entre les Eglises afin qu'elles se considèrent les unes les autres […] comme faisant partie de la maison du Christ, et comme « admises au même héritage, membres du même corps, associées à la même promesse, en Jésus Christ » (Ephésiens 3,6). Entre autres propositions concrètes, cette encyclique évoquait la possibilité de « convoquer des conférences panchrétiennes pour étudier des questions d'intérêt commun à toutes les Eglises. »

18. En 1965, au Concile Vatican II, l'Eglise catholique romaine a adopté un décret sur l'oecuménisme intitulé Unitatis redintegratio, lequel apportait son soutien complet et clair aux efforts oecuméniques déployés en faveur de l'unité. Il reconnaissait les membres d'autres Eglises comme des frères et soeurs en Christ et soulignait l'action de l'Esprit Saint, source de l'unité : « L'Esprit Saint, qui habite dans les croyants, qui remplit et régit toutes les Eglises, réalise cette admirable communion des fidèles et les unit tous si intimement dans le Christ qu'il est le principe de l'unité de l'Eglise » (UR 2). Ce texte déclarait aussi que « le souci de réaliser l'union concerne l'Eglise tout entière, fidèles autant que pasteurs, et touche chacun selon ses possibilités, aussi bien dans la vie quotidienne que dans les recherches théologiques et historiques » (UR, 5). En conclusion, le Concile affirmait qu'il « souhaite instamment » que ne soit mis aucun « obstacle […] aux voies de la Providence » et que l'on ne préjuge pas « des impulsions futures de l'Esprit Saint » (UR, 24).

19. Pour en revenir au COE, il n'est pas nécessaire maintenant (ni d'ailleurs possible) de reprendre dans le détail les nombreux textes qui, au cours des 60 années d'existence du COE, ont traité de « l'unité que nous recherchons ». Voici le résumé qui est donné de différentes assemblées dans l'important document intitulé : Vers une conception et une vision communes du Conseil oecuménique des Eglises, adopté par le Comité central du COE en 1997 (CVC 1.13 et 1.14) : « L'Assemblée de la Nouvelle Delhi (1961) [...] a adopté la première déclaration officielle sur "l'unité de l'Eglise" : "Nous croyons que l'unité, qui est à la fois le don de Dieu et sa volonté pour son Eglise, est rendue visible lorsque, en un même lieu, tous ceux qui sont baptisés en Jésus Christ et le confessent comme Seigneur et Sauveur sont conduits par le Saint Esprit à former une communauté pleinement engagée...". Les Assemblées d'Upsal (1968), de Nairobi (1975), de Vancouver (1983) et de Canberra (1991) ont continué à approfondir cette conception commune en abordant la quête de l'unité dans sa dimension universelle, embrassant non seulement l'Eglise mais la communauté humaine tout entière. Elles ont étudié des concepts tels que la conciliarité et la communauté conciliaire (Upsal et Nairobi), la vision eucharistique (Vancouver) et "l'unité de l'Eglise en tant que koinonia : don et vocation" (Canberra). » Dans cette dernière déclaration de la 7e Assemblée du COE, nous trouvons aussi cette importante définition : « L'unité de l'Église à laquelle nous sommes appelés est une koinonia qui est donnée et s'exprime dans la confession commune de la foi apostolique, dans une vie sacramentelle commune à laquelle nous accédons par un seul baptême et que nous célébrons ensemble en une seule communauté eucharistique, dans une vie vécue ensemble dans la reconnaissance mutuelle et la réconciliation des membres et des ministères; elle s'exprime enfin dans la mission par laquelle nous devenons ensemble témoins de l'Evangile de la grâce de Dieu auprès de tous et au service de la création tout entière. »

20. En 1998, célébrant le cinquantième anniversaire du COE, la Huitième Assemblée a organisé un culte au cours duquel nous avons renouvelé notre engagement et nous avons réaffirmé la vision oecuménique; celle-ci était ainsi présentée : « Nous aspirons à l'unité visible du Corps du Christ, affirmant les dons de tous - jeunes et vieux, femmes et hommes, laïcs et ordonnés. Nous attendons la guérison de la communauté humaine, l'intégrité de toute la création de Dieu. Nous croyons au pouvoir libérateur du pardon, qui transforme l'hostilité en amitié et brise l'engrenage de la violence. Nous nous ouvrons à une culture de dialogue et de solidarité, partageant la vie avec des étrangers et recherchant la rencontre avec les personnes appartenant à d'autres religions ». En s'engageant à « demeurer ensemble » et à « croître sans trêve ensemble dans l'unité », les délégués ont également affirmé que « ni les échecs, ni les incertitudes, ni les craintes, ni les menaces n'affaibliront notre intention de poursuivre ensemble notre cheminement vers l'unité ».

21. Enfin, en 2006 à Porto Alegre, la Neuvième Assemblée a adopté une déclaration intitulée : « Appelés à être l'Eglise une », texte qui était « une invitation adressée aux Eglises », leur demandant de « renouveler [leur] engagement à rechercher l'unité et à approfondir le dialogue ». Ce document souligne l'engagement des Eglises à l'égard de « la pleine unité visible », « une unicité dans la riche diversité », l'importance de la proclamation de l'Evangile, le fait que, par le baptême, « nous appartenons les uns aux autres », que « la mission fait partie intégrante de la vie de l'Eglise »; puis ce texte pose des questions auxquelles les Eglises sont invitées à répondre, avant de conclure ainsi : « Nos Eglises font route ensemble dans la conversation et l'action commune, avec la certitude que le Christ ressuscité continuera à se révéler, comme il l'a fait en rompant le pain à Emmaüs, et qu'il dévoilera le sens profond de la communauté fraternelle et de la communion (Lc 24,13-35). Prenant acte des progrès accomplis dans le mouvement oecuménique, nous encourageons nos Eglises à continuer d'avancer sur ce chemin ardu mais joyeux, mettant notre confiance en Dieu le Père, Fils et Saint Esprit, dont la grâce transforme en fruits de communion les efforts que nous faisons pour parvenir à l'unité. Ecoutons ce que l'Esprit dit aux Eglises ! » (les italiques sont dans le texte original)

Conclusion : Appelés à persévérer

22. Pourquoi ai-je ainsi longuement rappelé des documents de référence de notre histoire, de notre vision et de nos engagements ? Il se fait que, par le passé, de très nombreuses questions ont été posées et de très nombreux doutes exprimés à propos de notre cheminement commun, par des personnes soit appartenant à nos milieux, soit y étant extérieurs. Dans quelle mesure s'est-il vraiment agi d'un cheminement commun ? Dans quelle mesure ne nous sommes-nous pas retranchés derrière nos frontières confessionnelles ou institutionnelles, sans vraiment nous ouvrir à la contribution de l'autre ? Est-ce que nous ne multiplions pas les déclarations alors que, en même temps, nous n'osons pas concrétiser ce que nous ne cessons de déclarer ou nous nous refusons à le faire ? Est-ce que nous n'étouffons pas le saint et impérieux désir qu'ont les laïcs d'aller plus loin ? Sommes-nous capables de transmettre à des gens qui n'ont pas notre formation théologique les distinctions théologiques parfois subtiles que nous faisons ? Est-ce que nous ne nous préoccupons pas trop souvent de nous-mêmes, ce qui nous rend incapables d'assurer envers les autres le service du témoignage et de l'amour ? Notre voix prophétique ne s'est-elle pas notablement affaiblie ? N'avons nous pas « professionnalisé » l'engagement oecuménique au risque que de lui faire perdre son ardeur originelle ? Ecoutons-nous vraiment ce que l'Esprit Saint atteste et révèle, ou nous contentons-nous de répéter nos vieilles rengaines ?

23. Cela fait beaucoup, beaucoup de questions. Et puis, il y a aussi le paysage religieux actuel, qui a profondément changé et continue à changer à l'échelle du monde. La sécularisation ne cesse de s'étendre dans des pays qualifiés autrefois de « terres chrétiennes ». D'autres Eglises et mouvements « non oecuméniques » croissent et se multiplient. Ont-ils une vitalité que nous avons perdue ? Leur zèle missionnaire est-il plus intense que le nôtre ? Font-ils mieux le lien entre leurs activités diaconales et ce qui constitue le coeur de leur foi ? Auraient-ils saisi les signes des temps, et réagissent-ils en conséquence, alors que nous, nous ne les verrions pas ? Ce sont là des questions radicales. Certains vont même jusqu'à laisser entendre que le mouvement oecuménique est dans une impasse, qu'il est en train de mourir.

24. Frères et soeurs, avant que vous ne soyez trop fâchés d'entendre le président de ce Comité central poser ce genre de questions, permettez-moi de préciser que ce ne sont pas vraiment mes questions à moi, du moins pas sous cette forme brutale; mais je suis sûr que vous les avez entendues maintes fois. Il y a trop de questions, posées trop souvent, pour qu'on les ignore en prétendant n'y voir que des préjugés; elles contiennent une part de vérité. Et nous devrions y prêter attention et les considérer comme autant de défis qui nous sont lancés.

25. Dans ce contexte, il est utile de nous pencher sur notre histoire et de renouveler notre engagement à l'égard de la vision oecuménique et du cheminement commun à la recherche de l'unité. Considérant cette histoire, nous pourrions, dans un esprit de repentance, reconnaître que, si nous avons nettement progressé dans ce parcours oecuménique, nous avons aussi commis de nombreuses erreurs, ne serait-ce qu'en n'étant pas capables de discerner plus clairement la voie dans laquelle l'Esprit Saint nous conduit. Mais ce n'est pas une raison pour abandonner : ce serait trahir notre vocation.

26. Nous réaffirmons que le dialogue théologique, la mission et la diaconie sont des parties intégrantes de ce que ce signifie être l'Eglise. Le fait que toutes les Eglises, y compris des Eglises évangéliques et pentecôtistes qui ne sont pas membres du COE, affirment la nécessité d'une approche « holistique » est déjà, en soi, un grand succès à l'acquit du mouvement oecuménique. Nous réaffirmons que la quête de l'unité visible est au coeur même de notre cheminement, et que nous ne pouvons pas nous détourner de ce but. Et puis encore : comme l'a bien mis en évidence le Forum chrétien mondial qui s'est tenu en novembre 2007 à Limuru, au Kenya, non seulement nos Eglises mais aussi des Eglises évangéliques et pentecôtistes reconnaissent qu'il est important de réaliser l'unité. C'est là un second succès important à l'acquit du mouvement oecuménique dans son ensemble. J'y vois donc une évolution prometteuse, inspirée par l'Esprit Saint. En fait, à ce premier Forum chrétien mondial, les participants se sont fait mutuellement part de leur vécu dans la foi et ils ont appris à mieux se connaître et à reconnaître la foi et les valeurs spirituelles les uns des autres. Peut-être que, lors d'un prochain forum, nous pourrions nous informer mutuellement de la manière dont, chacun du point de vue de sa tradition confessionnelle particulière, nous concevons l'Esprit Saint et la manière dont l'Esprit Saint est à l'oeuvre dans nos vies, dans nos Eglises et dans notre monde.

27. En préparant cette allocution, j'ai aussi consulté des passages de la Bible qui touchent aux sujets qui nous intéressent. Comme vous le savez tous, ils sont nombreux; et ce sont autant de sources d'inspiration, de réconfort mais aussi de questionnements. Je voudrais n'en citer qu'un, qui décrit l'Eglise primitive à Jérusalem : « Ils étaient assidus à l'enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Actes 2,42). Le texte expose ensuite comment les membres de cette Eglise vivaient cette communauté fraternelle, satisfaisant aux besoins de chacun et partageant leurs ressources avec les pauvres. On voit donc là une communauté qui a une conception holistique de ce qu'est l'Eglise et de ce que signifie la condition de disciple. Certes, les Actes précisent aussi qu'il ne s'agissait pas là d'une réalité complète et permanente, mais du moins était-ce le genre d'unité dans la foi et dans l'amour que recherchaient avec application les membres de cette Eglise primitive, bien décidés à répondre à cette vocation. Mais on pourrait aussi traduire ce texte d'une manière un peu différente : « Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres et dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et les prières ». Dans notre cheminement oecuménique, nous avons besoin de ce don de la persévérance, de la constance. « Nous sommes décidés à demeurer ensemble. »

28. Il y a ceux qui considèrent que le mouvement oecuménique est dépassé; respectons-les. Il y a ceux qui posent des questions radicales et critiques; écoutons-les, et considérons leurs critiques comme autant d'appels à mieux faire. Mais, plus que toute autre chose, le mouvement oecuménique a besoin de gens capables de persévérer. Demandons à l'Esprit Saint de nous accorder ce don de la persévérance, ainsi que la volonté d'avancer.

Remarque finale

Ainsi se termine mon intervention; mais j'aimerais ajouter une brève remarque finale. Ce n'est que la deuxième fois que nous nous réunissons en plénière. Nous n'en sommes donc, dans une certaine mesure, qu'aux premiers stades de notre découverte les uns des autres, et nous ne faisons que commencer à édifier entre nous une communauté fraternelle. Il va nous falloir prendre des décisions importantes, tant en séance publique qu'à huis clos. Demandons à l'Esprit Saint de nous accorder, dans toutes les séances, l'esprit de communauté fraternelle qui a inspiré les premiers chrétiens.

 Walter Altmann


[1] Message de la Première Assemblée du COE, Amsterdam 1948. Cette phrase célèbre fut proposée par Kathleen Bliss, la seule femme à avoir été invitée à faire un discours en plénière. - Cf. Michael KinnAmon : The Vision of the Ecumenical Movement and How it has been Impoverished by its Friends, St. Louis (Missouri) 2003, p. 139. On y trouvera aussi le texte de ce message.

[2] Le langage inclusif n'est en vigueur que depuis quelques décennies.

[3] Le texte se réfère explicitement à la déclaration des délégués orthodoxes à Edimbourg en 1937 (Deuxième Conférence mondiale de Foi et constitution) : « En dépit de toutes nos différences, notre Maître et Seigneur commun est un - c'est Jésus-Christ, qui nous amènera à une collaboration de plus en plus étroite pour l'édification du Corps du Christ ».

[4] D'autres documents étaient consacrés à des problèmes clés dont nous continuons aujourd'hui à débattre : le message de l'Eglise au monde - l'Evangile; la nature de l'Eglise; la confession de foi commune de l'Eglise; le ministère de l'Eglise; les sacrements; l'unité de la chrétienté en rapport avec les Eglises existantes.

[5] Il est intéressant de noter que cette conférence, qui s'intéressait à des problèmes doctrinaux, a fait son autocritique concernant le manque d'inclusivité : « Certains d'entre nous, pionniers de cette entreprise, ont vieilli dans leur quête de l'unité. C'est sur la jeunesse que nous comptons pour reprendre le flambeau. Nous, les hommes, nous l'avons trop porté seuls pendant des années. Il faudrait désormais accorder aux femmes leur part de responsabilité; c'est ainsi que l'Eglise tout entière sera en mesure de réaliser ce qu'une partie d'entre elle ne saurait faire à elle seule. »

[6] En 1937 à Edimbourg, lors de la Deuxième Conférence mondiale de Foi et constitution, le thème de « l'unité » fut une fois encore au coeur des délibérations. Tout en reconnaissant que « nos divisions vont à l'encontre de la volonté de Christ », les délégués ont déclaré que leur unité était « une unité de coeur et d'esprit », ajoutant : « Cette unité, ce n'est pas l'accord de nos esprits ou le consentement de nos volontés : il est fondé en Jésus-Christ lui-même, qui a vécu, est mort et est ressuscité pour nous amener au Père et qui, par le Saint Esprit, demeure dans son Eglise. Nous sommes un parce que nous sommes tous les objets de l'amour et de la grâce de Dieu et qu'il nous a appelés à témoigner de son glorieux Evangile dans le monde entier. »