Image
Une AO accompagne un berger dans la vallée du Jourdain, octobre 2018. Photo: ©Albin Hillert/COE

Une AO accompagne un berger dans la vallée du Jourdain, octobre 2018. Photo: ©Albin Hillert/COE

La condamnation de l’antisémitisme par le Conseil œcuménique des Églises (COE) est claire et catégorique. Le COE considère l’antisémitisme comme irréconciliable avec la profession et la pratique de la foi chrétienne, et un péché contre Dieu et contre l’humanité. Nous avons réitéré et réaffirmé cette condamnation très récemment, en réponse à l’attaque tragique perpétrée contre la synagogue «Arbre de vie» à Pittsburgh le 27 octobre 2018, qualifiant l’attaque de «violation effroyable de notre humanité commune». (cf. www.oikoumene.org/en/press-centre/news/wcc-expresses-sympathies-and-condemnation-in-wake-of-pittsburgh-synagogue-shooting, en anglais)

Le COE accueillerait favorablement une définition suffisamment précise et suffisamment largement acceptée de l’antisémitisme qui permettrait d’identifier clairement les cas condamnables de haine envers les juifs en tant que juifs, tout en protégeant les critiques légitimes des actions d’individus, de groupes ou du gouvernement d’Israël contre toute caractérisation erronée d’«antisémites». Néanmoins, la définition proposée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) n’est pas d’un grand secours pour atteindre ces objectifs. Sa formulation vague et inclusive tend malheureusement à alimenter le message des personnes qui interprèteraient toute critique des politiques du gouvernement israélien comme étant motivée par l’antisémitisme.

Par ailleurs, la description donnée par le COE de la définition de l’antisémitisme de l’IHRA, qualifiée de «définition de travail juridiquement non contraignante», fait référence à la description que l’IHRA donne de sa propre définition. (cf. https://www.holocaustremembrance.com/working-definition-antisemitism)

Le COE est engagé à poursuivre l’accompagnement et le soutien donné à ses Églises membres, la communauté chrétienne palestinienne, et toutes les personnes qui recherchent une paix juste pour les deux peuples de la région fondée sur l’égalité des droits humains et la dignité pour tous. Nous ne pouvons tolérer l’utilisation abusive d’une définition de l’antisémitisme dont l’objectif ou l’effet produit compromet ou exclut cette vision.

Le COE a longtemps affirmé – et saisit cette occasion de le faire à nouveau – le droit de l’État d’Israël d’exister, à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues, en toute souveraineté et à l’abri de la menace de la violence. Nous dénonçons catégoriquement toute forme de violence fondée sur la religion, l’origine ethnique, la race ou toute autre dimension relevant de l’identité ou de l’appartenance d’une personne.

En gardant à l’esprit la situation de nombreuses personnes chrétiennes palestiniennes, le COE affirme de la même manière le droit des Palestinien-ne-s de vivre à l’abri de toute occupation militaire, à l’autodétermination à l’intérieur de leur propre État aux côtés d’Israël, et de vivre en paix. Dans la mesure où des politiques et pratiques spécifiques du gouvernement israélien entravent et contrarient la réalisation de ces droits, nous continuerons à exprimer nos critiques desdites politiques et pratiques.

Tel que mentionné dans notre précédente réponse au rapport récemment publié par l’ONG Monitor, datée du 14 janvier 2019, le COE attend de tous les pays qu’ils respectent et appliquent le droit et les principes internationaux des droits de la personne et du droit humanitaire. Nous ne distinguons Israël en aucun cas à cet égard. De nombreux pays n’honorent pas leurs engagements ni leurs obligations. Or, après plus de 50 ans d’occupation militaire, alors que les espoirs des Palestinien-ne-s d’atteindre la solution des deux États s’amenuisent en raison de l’occupation persistante et l’absence d’engagement à l’échelon international, la situation est – hélas – unique, et touche l’âme de toutes les personnes qui considèrent la Terre sainte comme la source de leurs traditions religieuses, en quête de la «lumière des nations».

Nous croyons fermement que ni la recherche d’une paix juste pour les deux peuples en Terre sainte ni la lutte sans relâche contre le poison de l’antisémitisme ne pourront progresser en qualifiant, à tord, les critiques de certaines politiques ou actions du gouvernement israélien d’«antisémites». Au contraire.

À lire également:

Le COE répond à un rapport déformateur de l’ONG Monitor et à ses critiques de l’EAPPI (communiqué de presse du COE du 14 janvier 2019)

Pour en savoir plus: www.eappi.org