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© Valter Hugo Muniz

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Quels facteurs ont contribué à l’idée d’une «identité européenne»? Dans le cadre d’une définition large du sécularisme, comment les Églises et les autres communautés religieuses peuvent-elles apporter leur contribution? Dans ce contexte, quel est le rôle de la Suisse?

Le 20 avril, des responsables religieux, des décideurs et des journalistes se sont réunis au Centre œcuménique de Genève pour débattre de ces questions, parmi d’autres. Le public a également été invité à faire part de ses réflexions. Cet événement était organisé par le Conseil œcuménique des Églises (COE) et le Mouvement des Focolari, une organisation internationale qui défend les valeurs d’unité et de fraternité universelle.

Le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE, a expliqué comment le Pèlerinage de justice et de paix de l’organisation permettait de créer un lien entre le travail des Églises et les racines de leur foi. «Pour nous, le Pèlerinage représente l’ouverture, la volonté de changement», a-t-il déclaré.

M. Tveit venait de rentrer de Washington, où il a participé à un événement œcuménique. Il y a rencontré des chrétiens appartenant à de nombreuses Églises des États-Unis pour définir le racisme à notre époque.

«Les États-Unis sont déchirés par le racisme», a-t-il ajouté, relatant une conversation avec Jim Wallis, fondateur de Sojourners et auteur de «America’s Original Sin» (Le Péché originel de l’Amérique), un ouvrage traitant du racisme. M. Tveit a poursuivi : «Posons-nous la même question à propos de notre continent : quel est le péché originel de l’Europe?»

Pasquale Ferrara, diplomate, professeur à l’université LUISS de Rome et à l’institut universitaire Sophia de Loppiano, participait également au débat. Il a parlé des éléments qui créent un sentiment d’unité tout en entretenant la diversité. «Nous devons défendre une vision responsable de l’avenir dans laquelle les identités se conjuguent avec créativité, un avenir où elles ne sont pas effacées, mais où elles se construisent ensemble, s’enrichissent et s’associent pour créer un monde plus juste et plus équitable», a-t-il déclaré.

L’humilité est un autre élément fondamental qui nous permettra de vivre ensemble, a ajouté Erik Ackermann, membre de la communauté juive de Genève. «Nous devons parler de nos convictions, mais avec humilité, car c’est ce qui nous permettra de vivre ensemble, a-t-il précisé. Puisque les êtres humains sont créés à l’image de Dieu, lorsque je me rapproche de quelqu’un, je me rapproche inévitablement de Dieu.»

D’après Gaëlle Courtens, journaliste pour la Fédération des Églises protestantes en Italie et l’agence de presse «NEV – notizie evangeliche», non seulement l’Europe traverse une crise majeure sur le plan politique, économique, social, moral et sécuritaire, mais elle doit également faire face à la plus grande crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale. «Il s’agit d’un cocktail explosif qui menace sérieusement la structure même de l’Europe, a affirmé Mme Courtens. C’est ce que montre clairement la montée en puissance des mouvements xénophobes, antisémites et islamophobes d’extrême droite.»

Marguerite Contat, ancienne cheffe de délégation du Comité International de la Croix-Rouge, et coprésidente de l’Assemblée constituante de Genève, présidait la discussion et a tenté de résumer les réflexions du groupe sur une nouvelle définition de l’identité européenne favorisant la vie, l’innovation et la créativité, et sur ses liens avec la religion.

«Nous avons parlé de la question de l’intégration religieuse, a-t-elle rappelé. Pour moi, plus que jamais, la religion et les communautés religieuses ont un rôle à jouer, et doivent s’emparer de leur mission, non pas pour affirmer la supériorité de leur foi, mais pour partager les magnifiques richesses portées par la diversité de nos populations.»

Vidéo: Catherine Riedlinger, Focolare - Europe: Quelle identité? Quelles valeurs?

Pèlerinage de justice et de paix du COE