La lutte contre l'intolérance est un moyen essentiel de résister au projet mondialisateur néolibéral. Cette lutte, dirigée contre ce qu'on appelle la « pensée unique », répond à la situation d'urgence vitale provoquée par la culture de la violence et ses fruits mortels. C'est ce qu'a soutenu Geneviève Jacques, directrice des programmes du Conseil oecuménique des Eglises (COE), dans le cadre du troisième Forum Social Mondial tenu à Porto Alegre, Brésil.

Mme Jacques s'exprimait lors d'une table ronde du programme officiel du Forum consacrée au thème « Combattre l'intolérance - respecter la diversité ». Devant quelque 600 personnes réunies à quelques mètres du fleuve Jacuí, l'oratrice a développé la thèse selon laquelle « l'illusion d'universalité » donnée par la mondialisation est en réalité une grave menace pour « l'universalité des droits de la personne ».

Selon Mme Jacques, le projet mondialisateur, dont les conséquences néfastes en termes d'inégalité, d'incertitude et de fragmentation sociale nourrissent une « culture de la violence », écrase et étouffe les différences culturelles. En réaction à cela, les personnes et les communautés cherchent de nouveaux points de référence qui leur permettent d'affirmer leur identité. Le caractère absolu donné à ceux-ci favorise le développement de l'intolérance et menace par là même l'universalité des droits de la personne.

Geneviève Jacques a mis ses auditeurs au défi « d'aller au delà de la tolérance » pour accéder à « une vision pluraliste de la coexistence et de la solidarité » mettant en valeur « la dignité de la différence ». Dans ce contexte, les religions ont beaucoup à apporter car elles figurent parmi « les réponses les plus puissantes à la question de l'identité ». Mais si l'affirmation de l'identité religieuse peut constituer un apport positif, elle peut aussi, dans le cas du fanatisme, être une menace pour la coexistence.

Selon Mme Jacques, la nécessité du « pluralisme » s'impose, un pluralisme qui ne consiste pas à masquer les différences mais à promouvoir « la recherche d'une rencontre de personnes engagées». Pour cela, il faut créer des « espaces de dialogue et de confiance mutuelle ». Dans ce contexte, des initiatives telles que la Décennie « vaincre la violence » (2001-2010) du COE prennent une dimension particulière. Si la Décennie est l'occasion de critiquer la légitimation religieuse de la violence, elle permet aussi d'entamer une réflexion autocritique sur « les positions ambiguës et les revendications exclusivistes ».

Dans le cadre de la Décennie, les Eglises sont appelées à créer des espaces de « dialogue au service de la vie » ouverts aux diverses religions, afin de promouvoir une meilleure entente et d'unir les efforts dans la lutte commune pour la justice et les droits de la personne. De même, la Décennie nous invite à « discerner les signes des temps », à rejeter « l'esprit, la logique et la pratique » de la violence, à lancer des actions concrètes dans la perspective des victimes de la culture de la violence, et à promouvoir des réseaux d'échange et de communication.

Le Forum social mondial est l'un de ces espaces privilégiés qui nous sont ouverts pour la « recherche d'une rencontre de personnes engagées », a affirmé Geneviève Jacques au terme de son exposé. Dans sa riche diversité, il offre de multiples occasions de partager les expériences et les rêves, d'élargir les horizons, d'unir les efforts et de promouvoir des stratégies permettant de progresser en direction de cet « autre monde possible », ce monde en lequel les dizaines de milliers de participants au Forum croient avec ferveur.

Le texte complet de l'exposé de Geneviève Jacques (en espagnol) est publié sous

wcc-coe.org/wcc/what/jpc/speeches-s.html

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La délégation oecuménique parrainée par le COE travaille dans le cadre du « comité oecuménique » mis en place par le COE, la Fédération luthérienne mondiale, l'Alliance oecuménique « agir ensemble », le Conseil des Eglises d'Amérique latine et une coalition oecuménique d'Eglises brésiliennes et d'organisations qui leur sont liées.

Les membres de la délégation animent une série d'ateliers qui établissent des liens entre la foi chrétienne et certaines formes de résistance à un ordre mondial injuste exercées par les Eglises et les organisations oecuméniques et sociales.

On trouvera de plus amples détails sur la participation du COE au FSM, avec la description des ateliers et les textes des exposés, sous :

www.wcc-coe.org/wcc/what/jpc/wsf-e.html (anglais)

www.wcc-coe.org/wcc/what/jpc/wsf-s.html (espagnol)

www.wcc-coe.org/wcc/what/jpc/wsf-g.html (allemand)

www.wcc-coe.org/wcc/what/jpc/wsf-f.html (français)