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© Albin Hillert/COE

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Par Albin Hillert

«Dans notre communauté, on ne parle pas ouvertement du VIH. Or, le problème, c’est que les gens sont à la fois informés et ignorants. Ils savent ce qu’est le VIH, que c’est une maladie qu’on ne peut pas soigner mais, pour autant, ils ne veulent pas trop en parler, comme s’ils ne voulaient pas vraiment en savoir plus.»

Nous sommes à la fin du mois d’octobre, et nous prenons part à une réunion d’un groupe de jeunes à l’église orthodoxe Saint-Pathenios de Nairobi, au Kenya. Le groupe se réunit tous les dimanches après l’office pour chanter, danser et prier, mais aussi pour trouver un lieu sûr permettant aux jeunes d’échanger leurs points de vue sur la vie et les problèmes auxquels ils sont confrontés.

Depuis quelques années, des collaborateurs des Initiatives et plaidoyer œcuméniques pour la lutte contre le VIH et le sida, un programme du Conseil œcuménique des Églises, dispensent des formations à l’étude biblique contextuelle à l’attention des responsables ecclésiastiques de l’église Saint-Pathenios. Ce que les responsables d’Église y apprennent leur sert aujourd’hui à aborder les questions touchant à la violence sexuelle, à la justice hommes-femmes et, en particulier, au VIH du point de vue de la religion.

«Ce que nous faisons en étude biblique contextuelle, globalement, c’est étudier des versets spécifiques de la Bible pour voir ce qu’ils nous disent sur les questions qui nous touchent ici aujourd’hui», explique un des jeunes pendant notre discussion. «Cela peut nous aider à comprendre que les personnes qui vivent avec le VIH ne sont pas maudites, par exemple. Elles peuvent continuer à travailler et mener une vie normale.»

Un autre jeune intervient: «Pour beaucoup de gens, le problème reste la stigmatisation. Nous savons que nous devrions considérer le VIH comme n’importe quelle autre maladie, comme le diabète, qui lui aussi est incurable. Mais quand on est infecté à VIH, on hésite quand même à le dire à ses amis. Le dimanche, on ne veut pas être l’objet de tous les ragots à l’église.»

Peter Kangethe, responsable laïque et jeune pasteur à l’église Saint-Pathenios, souligne: «Dans notre tradition africaine, l’Église a souvent traité le VIH comme un problème moral. Aujourd’hui, cependant, nous voyons en fait beaucoup de jeunes qui mènent une vie saine alors qu’ils sont nés séropositifs. Donc, traiter le VIH comme un problème moral aujourd’hui, c’est une erreur à de nombreux égards.»

«Du reste, quand on veut changer quelque chose dans la société, on ne peut pas occulter le fait que l’Église est un moteur social», affirme Peter Kangethe. «En étudiant la Bible, nous cherchons donc à mener une réflexion sur des questions qui ont toujours été difficiles à aborder ouvertement dans notre Église.»

«Si nous voulons des perspectives différentes, je crois que l’Église peut faire office d’espace protégé ouvert au dialogue», indique un troisième jeune. «Quand on sait qu’on peut être différent sans être jugé, on peut alors parler des questions liées au VIH plus sereinement, ce qui peut aider à motiver la collectivité à accepter et aborder plus ouvertement cette problématique.»

L’Église orthodoxe Saint-Pathenios est une paroisse autonome de tradition orthodoxe grecque. Elle se situe dans le quartier de Waithaka, à Nairobi (Kenya). L’office dominical est dit dans la langue locale, le kikuyu, teintée de mots anglais.

Kenya: La voix des communauté religieuses est essentielle pour vaincre le VIH (Communiqué de presse du COE du 14 Octobre 2016)

Initiatives et plaidoyer œcuméniques pour la lutte contre le VIH et le sida (EHAIA)

Églises membres du COE au Kenya