«En 1989, j’ai été nommé à la tête du diocèse d’Artsakh, qui faisait alors partie de l’Union soviétique», a déclaré Mgr Martirosyan, qui a pris sa retraite en janvier pour des raisons de santé et est désormais basé à la Mère-Siège de Saint- Etchmiadzine.
Durant les 44 jours de conflit qui ont ravagé le Haut-Karabakh, opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan (comme les deux autres guerres), des drones, de l’artillerie, et des missiles ont été utilisés.
Lors de notre entretien, Mgr Martirosyan s’est souvenu qu’en 1993, il avait travaillé avec le Conseil œcuménique des Églises (COE) pour jouer son rôle de médiation dans ce qui était internationalement connu comme la première guerre du Haut-Karabakh.
«Je me souviens bien de l’époque où Vazgen I, qui était alors Catholicos», a impliqué les dirigeants musulmans de la région «pour apporter la paix aux nations par le biais des chefs spirituels».
Peu de temps après, l’Arménie a déclaré son indépendance de ce qui était l’Union soviétique.
Mgr Martirosyan nous raconte ensuite comment, durant la guerre de 1992, les forces arméniennes ont marqué leur première grande victoire du 8 au 9 mai, lorsqu’elles ont pris le contrôle de Chouchi, la ville historique de la région. À sa grande tristesse, la cathédrale apostolique arménienne de Chouchi a été détruite par des roquettes et des drones, et profanée par des soldats envahisseurs lors de la dernière guerre. L’église Saint-Jean-Baptiste, dans la deuxième plus grande ville de la région, a également été détruite.
«Je souhaite que les gens du monde entier prient pour nous et pour la paix dans notre région. Mais pas seulement dans notre région, pour la paix dans le monde entier», a déclaré l’archevêque.

L’archevêque Pargev Martirosyan au service religieux de la cathédrale Sainte-Mère de Dieu à Stepanakert, la capitale de l’Artsakh. Consacrée en 2019, la cathédrale est devenue un abri anti-bombes pendant la guerre du Haut-Karabakh de 2020, les civils se réfugiant dans le sous-sol lors du bombardement de Stepanakert. Photo: page Facebook officielle de l’archevêque Martirosyan.
Envoyé d’Arménie vers sa ville natale
Bien que l’Église l’ait envoyé d’Arménie, Pargev Martirosyan, né Gurgen Martirosyan, a vu le jour en 1954 dans la ville de Sumqayit (dans en République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan). Il y a grandi au sein d’une famille arménienne originaire du village de Chardakhly. Il a ensuite déménagé avec sa famille à Erevan, en 1966.
Dans sa jeunesse, il fut enrôlé dans l’armée soviétique.
Lorsque la guerre du Haut-Karabakh de 2020 entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan a commencé, l’archevêque Martirosyan a fait une déclaration publique au peuple arménien, appelant à la force et à l’unité face à la guerre.
«La mission de l’Église est toujours la même, depuis toujours: apporter à notre peuple foi et espérance, le rassembler, lui apporter une aide humanitaire, l’encourager, prier avec lui, et l’aider de toutes la manières possible – être à ses côtés.»
«Au cours de cette guerre, nous avons vu des milliers d’officiers et de soldats de Turquie. Nous avons aussi vu de nombreux terroristes, extrémistes, venus du monde entier – je pense qu’il y avait au moins 4 000 terroristes contre nous», a précisé Mgr Martirosyan.
Et d’ajouter qu’il ne considère pas que le conflit de 2020 était une guerre de religion, comme le décrivent certains médias. «C’était une guerre ethnique. Ce conflit est né d’un problème en matière de droits de l’homme dû à la forte pression des autorités de Bakou sur le peuple arménien d’Artsakh», a déclaré Mgr Martirosyan.
Il note que la Turquie et le Pakistan ont aidé l’Azerbaïdjan lors de la dernière guerre, «et qu’ils ont utilisé un grand nombre d’armes nouvelles, des roquettes, et des drones modernes fournis par la Russie, la Biélorussie, l’Israël et la Turquie. […] Ce fut la guerre la plus dangereuse que j’ai vue pendant mes 32 ans en tant que primat de la région».
L’archevêque Martirosyan considère la région qu’il a servie pendant 32 ans comme chez lui, et on lit une grande tristesse dans ses yeux lorsqu’il parle de ce qu’il a vécu, bien qu’il soit reconnaissant de l’occasion qui lui est donnée de visiter Stepanakert, la capitale de l’Artsakh.
Nouveau rôle à partir de janvier
L’archevêque Martirosyan est l’auteur de trois livres et de plusieurs articles et essais. Dans un autre registre, il est également ceinture noire 1er dan de karaté Shotokan.
En janvier, le catholicos Karekin II, patriarche suprême de tous les Arméniens, a nommé l’archevêque Pargev Martirosyan comme nonce apostolique lorsqu’il a démissionné de son poste de primat du diocèse d’Artsakh.
Le conflit de 2020 opposait l’Azerbaïdjan et la République autoproclamée d’Artsakh, soutenue par l’Arménie, qui se disputaient la région du Haut-Karabakh et des territoires environnants. En effet, lors de l’éclatement de l’ancienne Union soviétique, le Haut-Karabakh a été englobé dans les frontières internationalement reconnues de l’Azerbaïdjan. Néanmoins, à la suite d’un violent conflit au début des années 90, au cours duquel des centaines de milliers d’Azéris de souche ont été déplacés, le territoire est en pratique autonome depuis 1994.
Cet article est le deuxième d’une série d’articles couvrant les différents aspects du conflit au Haut-Karabakh et son impact sur les communautés locales.
Églises membres du COE basées en Arménie