La violence sexiste est une réalité tragique continuelle à tous les niveaux et dans tous les pays. Comment Christian Aid tente-t-elle de faire face à cette violence? Où espérez-vous faire une différence?
P. Watt: Christian Aid cherche à répondre à la fois aux causes et aux conséquences de la violence sexiste, à travers nos programmes et notre plaidoyer.
Notre objectif premier est de remonter à la source du problème, en travaillant avec des communautés pour mettre au défi les discours et les normes, en particulier dans les contextes religieux qui servent à justifier la domination des hommes sur les femmes.
Ensuite, nous soutenons la guérison psychologique des survivant-e-s de violence sexiste et la capacité de ces personnes à obtenir réparation pour les crimes dont elles ont été victimes. Nous intégrons ce travail à la fois dans nos programmes de construction de la paix au niveau communautaire et dans nos réactions humanitaires.
Nous espérons faire une différence à travers nos programmes, mais voulons aussi apporter des changements plus profonds dans la société, en faisant évoluer les attitudes, les comportements, la législation et les politiques.
Alors que le mouvement œcuménique au sens large lutte lui aussi contre la violence sexiste, notamment à travers les Jeudis en noir, quel domaine clé devrions-nous renforcer pour être plus efficaces? Et, éventuellement, qu’est-ce qui nous empêche d’être plus efficaces dans la lutte contre la violence sexiste?
P. Watt: Nous sommes souvent moins efficaces que nous le devrions, car en fin de compte, nous livrons des projets plutôt que de poursuivre de véritables stratégies favorables au changement.
Et le fait d’œuvrer seul-e plutôt qu’en coalition est souvent un frein. La violence sexiste est un problème de société contre lequel les mouvements larges en faveur de l’égalité et la justice sont le seul moyen de lutte. C’est à mon avis ce domaine que nous devons renforcer de toute urgence.
À mon avis, les différents messages que les Églises chrétiennes formulent souvent constituent un frein. Le mouvement œcuménique doit transmettre un message clair, en paroles et en actes, dénonçant l’inégalité des genres et le fait qu’elle est contraire aux enseignements et pratiques religieuses.
Être ambassadeur des Jeudis en noir, qu’est-ce que cela signifie pour vous?
P. Watt: Être ambassadeur des Jeudis en noir est une occasion pour moi de m’engager à agir sur ce sujet, en tant que directeur exécutif de Christian Aid, et de devoir tenir cette promesse.
J’ai vu moi-même les effets de la violence sexiste, à la fois dans mon cercle d’ami-e-s et, évidemment, au cours de ma carrière: je me sens personnellement engagé sur ce sujet.