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Photos: Ivars Kupcis/COE

Photos: Ivars Kupcis/COE

La Première Guerre mondiale avait commencé et la planète était en crise lorsque Nathan Söderblom fut nommé archevêque d'Uppsala en 1914, mais malgré tout, ce pionnier de l'œcuménisme et chercheur de paix imagina une nouvelle voie pour l'Église.

La pasteure Simone Sinn, professeure de théologie œcuménique à l'Institut œcuménique de Bossey, l'a parfaitement observé: le monde «était en train de se diviser» – comme aujourd'hui –, et «la peur, la haine et l'hostilité» dominaient le monde – comme c'est le cas aujourd'hui.

Et pourtant, Nathan Söderblom «s'intéressa à la crise en envisageant de nouvelles relations à la lumière de l'Évangile», a-t-elle déclaré lors d'un séminaire consacré à l'ecclésiastique suédois.

«Il ouvrit la voie et permit ainsi à l'Église d'imaginer une nouvelle façon d'être Église dans le monde», a expliqué Simone Sinn durant cette rencontre d'une demi-journée organisée au COE et coparrainée par l'Église de Suède.

«Le mouvement œcuménique a mûri»

Et d'ajouter: «Les relations œcuméniques font aujourd'hui partie de l'essence même de l'Église, ce qui n'était pas le cas il y a encore 100 ans. Le mouvement œcuménique a mûri.»

Lors du séminaire, l'évêque émérite Jonas Jonson, érudit œcuménique suédois et biographe de N. Söderblom, a parlé de son livre Nathan Söderblom - called to serve (Nathan Söderblom - appelé à servir).

Il a brièvement décrit l'esthétique extravertie qui a inspiré un linguiste, visionnaire et motivateur. Alors que ce dernier n'était qu'un jeune homme, il se rendit aux États-Unis dans un esprit d'œcuménisme; cet œcuménisme qui est parvenu à réunir des personnes de tradition orthodoxe, de confession catholique romaine et d'autres religions.

Le séminaire du COE avait une véritable portée œcuménique, les participants étant des étudiants de l'Institut œcuménique et de l'Institut d'études supérieures en théologie orthodoxe de Chambésy. Sans oublier les nombreuses personnes qui ont suivi cet événement sur Internet. Un représentant du Vatican était également présent.

Étudiants et doyens œcuméniques ont échangé sur la spiritualité et les actes d'un visionnaire œcuménique dont les rencontres avec d'autres religions auraient pu sembler en avance sur son temps.

Mgr Jonas Jonson a retracé l'existence particulièrement captivante de Nathan Söderblom, évoquant brièvement sa vie antérieure et sa vision ambitieuse de l'Église et du monde, qui inspira les étudiants et le monde universitaire.

«Il partageait la légèreté du cœur d'avant-guerre, le goût de la modernité et la conviction que la religion, la culture, la science et la technologie assureraient un brillant avenir à l'humanité.

Avec détermination et une énergie inépuisable, il incarnait l'optimisme et le progrès d'avant-guerre, jouissait de frontières ouvertes, d'échanges savants et des premiers signes de coopération et d'unité chrétiennes.»

La statue de Nathan Söderblom, véritable source d'inspiration pour les secrétaires généraux

Son influence œcuménique est telle que le pasteur Olav Fykse Tveit a réfléchi à la manière dont Nathan Söderblom insuffla un œcuménisme d'amour, et ce, au pied de sa statue qui trône à l'extérieur du bureau du secrétaire général du COE:

«Depuis mon premier jour en tant que secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises, je n'ai cessé d'observer le visage de Lars Olof Jonathan Söderblom – plus connu sous le nom de Nathan Söderblom –, un ecclésiastique suédois qui fut archevêque d'Uppsala entre 1914 et 1931. En 1930, il reçut le prix Nobel de la paix pour son travail visant à unir les Églises dans la paix.»

Et de souligner: «Il est parvenu à rassembler les gens dans des relations qui comptent vraiment... Il n'avait pas peur d'être une voix critique.»

Mgr Jonas Jonson a observé que lorsque Nathan Söderblom devint archevêque, «aucun évêque et peu de membres du clergé lui accordèrent leur vote». Pourtant, le gouvernement proposa son nom, et le roi confirma sa nomination.

«Le choisir permettrait peut-être d'enrayer une polarisation politique dominante et, dans le même temps, de contribuer au renouvellement d'une Église vieillissante. En effet, Nathan Söderblom était connu non seulement pour sa théologie moderne, mais aussi pour sa sympathie à l'égard du mouvement ouvrier, ainsi que pour son royalisme et son soutien aux forces armées.»

Ses pairs évêques «le trouvaient imprévisible, trop peu dogmatique et souvent trop radical en matière sociale, et ils considéraient ses projets œcuméniques et internationaux pour l'unité et la paix comme son entreprise personnelle».

Pourtant, il s'imposa rapidement comme «l'archevêque le plus charismatique, le plus ouvert et le plus énergique que l'Église de Suède ait vu depuis la Réforme du XVIe siècle».

Malgré sa popularité, il fit face à la désapprobation de ses pairs jusqu'à la fin de sa vie. Son «extraordinaire travail de secours pendant et après la guerre», sa qualité de membre de l'Académie suédoise et sa reconnaissance comme l'une des personnalités les plus respectées d'Europe ont fait taire les critiques à son encontre.

«Ce n'est qu'après la Conférence du christianisme pratique de Stockholm en 1925, et plus encore après l'obtention du prix Nobel en 1930 et sa mort inattendue en 1931, que les objections cédèrent la place à des louanges nationales et internationales unanimes. Nathan Söderblom devint alors une icône de bonne volonté et de sainteté», a fait remarquer Mgr Jonas Jonson.

Le prix Nobel de la paix

L'homme qui recevrait le prix Nobel de la paix peu de temps avant sa mort «n'était pas un théologien systématique avec une christologie ou une ecclésiologie bien développée. L'éthique chrétienne et l'action pratique prirent le pas sur la dogmatique ecclésiale; l'esprit universel de Dieu avait plus d'importance que la sacramentalité incarnée; la croix de la réconciliation était plus inspirante pour la foi que la résurrection», a déclaré le biographe.

Le père George Tsetsis, représentant permanent du Patriarcat œcuménique entre 1985 et 1999, est l'auteur d'un article intitulé Nathan Söderblom and the Orthodox Church (Nathan Söderblom et l'Église orthodoxe).

Il a écrit ceci: «L'un des aspects les plus intéressants de l'histoire contemporaine de l'Église a été la relation établie vers 1918 entre l'archevêque d'Uppsala Nathan Söderblom et le Patriarcat œcuménique de Constantinople – une relation qui, sans aucun doute, a joué un rôle clé dans l'évolution du mouvement œcuménique actuel.»

 

Photos du séminaire sur Nathan Söderblom organisé au Centre œcuménique