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Photo: Dennis Jarvis

Photo: Dennis Jarvis

Au  cours de la fête du Ramadan de cette année, le ministère turc des affaires religieuses a autorisé l’appel à la prière par un muezzin, ainsi que la récitation du Coran, le livre saint de l’islam, dans le site chrétien historique de Hagia Sophia à Istanbul.

Site inscrit depuis 1985 au patrimoine mondial de l’UNESCO, l’église Hagia Sophia («sainte sagesse» en grec) date du VIème siècle et a été l’une des grandes cathédrales chrétiennes ainsi que le siège du patriarche de Constantinople depuis 537. Avec la conquête ottomane de 1453, l’édifice a été transformé en mosquée, situation qui a duré jusqu’en 1935.

Kemal Atatürk, fondateur de la République de Turquie, a considéré ce monument comme un lieu partagé d’importance artistique et historique. Il transforma Hagia Sophia en musée.

Selon des rapports qui nous sont parvenus, l’autorisation accordée au muezzin d’appeler à la prière le 1er juillet a rallumé la controverse à propos de l’utilisation de cet édifice historique. Des protestations officielles ont été émises par le gouvernement grec, suscitant à leur tour des réactions du côté turc.

Concernant les événements survenus ce mois-ci, le Patriarche œcuménique Bartholomée a déclaré récemment dans un sermon: «Nous respectons la plus grande fête de l’islam. Nous respectons leur foi mais nous demandons qu’on respecte la nôtre ainsi que les lieux de prière de nos ancêtres».

Il faut que ce respect soit réciproque, a-t-il ajouté, «dans le cas de monuments comme Hagia Sophia qui, à travers les siècles, a non seulement marqué l’architecture de l’Église chrétienne, mais aussi l’histoire et l’identité de tout un peuple, notre peuple».

Et le Patriarche Bartholomée de conclure: «Un pays comme la Turquie doit respecter et honorer cet héritage, il ne doit pas offenser ses citoyens vivant dans ce pays – même s’il s’agit d’une toute petite minorité».

L’historien turc Ilber Ortayli, dans un article du quotidien Hürriyet, remarque que même la respiration humaine émise par une foule de fidèles ou de touristes peut constituer une menace pour une structure ancienne qui exige d’être continuellement restaurée. Il recommande que Hagia Sophia retrouve sa fonction de musée et ne soit ouverte au public qu’un nombre limité de jours.

Et Ortayli donne le conseil suivant: «La protection d’un monument constituant un héritage culturel n’est pas compatible avec le simple tourisme ou avec l’exposition au public. Il faut respecter le long voyage de l’aventure culturelle de l’humanité».