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Des participantes et participants à une réunion de la Commission de Foi et constitution du COE au monastère de Caraiman, en Roumanie. © Église orthodoxe roumaine

Des participantes et participants à une réunion de la Commission de Foi et constitution du COE au monastère de Caraiman, en Roumanie. © Église orthodoxe roumaine

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Réunie du 17 au 24 juin, la nouvelle Commission de Foi et constitution du Conseil œcuménique des Églises (COE) a commencé à définir ses principaux axes d’étude œcuménique et d’activités communes pour la période allant de 2015 à la prochaine Assemblée du COE, en 2020.

Accueillis au monastère de Caraiman, en Roumanie, les 49 membres de la Commission ont choisi d’axer leurs travaux futurs sur plusieurs domaines, notamment l’étude des fondements théologiques du «Pèlerinage de justice et de paix», qui constitue le cadre du programme du COE, et la poursuite du dialogue et du travail pour que les Églises trouvent un terrain d’entente sur la doctrine chrétienne de l’Église. La Commission a par ailleurs décidé de coordonner des colloques et des séminaires sur l’engagement des Églises dans les processus de «discernement moral», qui définissent les politiques orientant des décisions sur des thèmes comme les changements climatiques, l’esclavage, l’apartheid, la sexualité humaine et les questions relatives à la vie et la mort.

La Commission veillera aussi à encourager des activités à long terme, comme la collaboration avec le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (de l’Église catholique romaine), en facilitant, par exemple, la préparation chaque année de ressources pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, et en s’associant aux autres programmes du COE et à des agences partenaires pour mener des activités dans le domaine de la coopération et du dialogue interreligieux. Elle travaille en outre avec le Réseau œcuménique de défense des personnes handicapées et le Réseau œcuménique de solidarité avec les populations autochtones.

La Commission est présidée par la théologienne britannique Susan Durber, pasteure de l’Église réformée unie du Royaume-Uni. Dans un discours prononcé à la séance de clôture de la réunion, elle a déclaré aux commissaires: «J’ai l’impression qu’un vent nouveau est en train de souffler.»

Elle a rappelé aux commissaires et au personnel que «l’Église est la création de Dieu, pas la nôtre», affirmant qu’il est inutile de se préoccuper des institutions religieuses: «La pauvreté, c’est là qu’est la véritable crise, et il faut la vaincre!»

Évoquant la mondialisation économique et culturelle du début du 21e siècle, la pasteure Durber s’est interrogée: «Qu’apporte l’unité chrétienne à un monde qui tente d’imposer un autre genre d’unité?» Se voulant rassurante, elle a répondu: «Nous sommes ceux et celles qui pouvons nous permettre de ne pas craindre, parce que le Christ a déjà fait ce que nous devons faire.»

Le pèlerinage dans un monde pluriel

L’une des principales tâches de la réunion a été de mettre en place des groupes de travail pour superviser les projets choisis par la Commission. Chacun de ces groupes mettra au point les détails ultérieurement, mais on a déjà pu brosser le tableau des préoccupations de Foi et constitution pour la seconde moitié de cette décennie.

Le groupe de travail chargé des questions relatives au «pèlerinage de justice et de paix» espère encourager le débat sur les fondements théologiques du pèlerinage. Il posera la question de savoir comment le concept et l’expérience du pèlerinage peuvent être mis en pratique dans un monde multireligieux, multiculturel et sécularisé, en particulier dans les Églises minoritaires et opprimées. Un autre thème à aborder a été formulé comme «la responsabilité et l’espérance chrétiennes dans un monde brisé». La crise environnementale pourra être traitée dans ce groupe de travail, aux côtés de la justice et de la paix.

L’Église

Dans la théologie chrétienne, l’étude de la doctrine de l’Église s’appelle «l’ecclésiologie». Une série de documents de Foi et constitution se sont penchés sur des aspects spécifiques de l’ecclésiologie et du dialogue œcuménique, au travers des publications suivantes: Baptême, Eucharistie, Ministère; La nature et le but de l’Église; La nature et la mission de l’Église et L’Église – vers une vision commune. La Commission continue de recevoir des réponses aux questions posées par ce dernier document et celles-ci seront analysées à la lumière des difficultés et des accords qui ont découlé des publications précédentes. Le dialogue entre des Églises extrêmement diverses va lui aussi continuer à se poursuivre.

Le discernement moral et les sources de l’éthique sociale chrétienne

Des colloques seront organisés pour examiner comment chaque Église arrête ses décisions morales, passant en revue les cas historiques de changements de positions sur des questions morales. Parmi les exemples proposés figurent les politiques des Églises sur l’esclavage, l’apartheid, l’avortement, le suicide, l’euthanasie et l’ordination des femmes au ministère.

Dans la semaine qui vient, l’équipe de Foi et constitution à Genève proposera un budget pour l’exercice 2016. Les recommandations de projets seront mises en œuvre en fonction des ressources mises à disposition par le COE et les partenaires intéressés.

Un patrimoine œcuménique

Le mouvement de Foi et constitution des Églises chrétiennes s’est construit dans les premières années du 20e siècle et a pris une envergure mondiale lors de sa première conférence internationale, à Lausanne (Suisse), en 1927. À cette occasion, les délégués de plusieurs Églises chrétiennes avaient proclamé que «Dieu veut l’unité», précisant: «quelles que soient les raisons alléguées pour justifier les débuts de notre désunion, nous déplorons sa persistance».

Le Conseil œcuménique des Églises a vu le jour au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en grande partie à la suite de la fusion entre le mouvement de Foi et constitution, tourné vers la théologie, et le mouvement du Christianisme pratique, qui s’intéressait essentiellement aux moyens pratiques par lesquels les Églises pouvaient, ensemble, agir pour la justice sociale et se dresser contre l’injustice.

Constitué à l’origine d’Églises orthodoxes, anglicanes et protestantes, le mouvement de Foi et constitution a continué ses travaux sous la forme d’une commission du COE et elle comprend aujourd’hui des Églises ne faisant pas officiellement partie des membres de l’organisation. L’Église catholique romaine en est devenue une participante de plein droit après le Concile Vatican II, dans les années 1960, et les Assemblées de Dieu sont membres de la Commission.

Plus d’informations sur la Commission de Foi et constitution du COE