Quelles ont été les motivations pour la création de Oikocrédit?
‘T Lam: L’idée d’Oikocredit est née en 1968, lors de la réunion annuelle du Conseil œcuménique des Églises. À cette époque, comme aujourd’hui, beaucoup de choses se passaient dans le monde. Il y avait la guerre au Vietnam, l’apartheid aux États-Unis et en Afrique du Sud, et l’industrie de l’armement était en plein essor. Les Églises, qui disposaient d’un excédent de trésorerie, avaient le sentiment de placer leur argent dans des banques qui finançaient toutes sortes d’injustices. Ainsi, lors de la 4e Assemblée du Conseil œcuménique des Églises à Uppsala, les dirigeants des Églises se sont dit: «Nous devons faire les choses différemment; pouvons-nous mobiliser notre excédent de trésorerie pour faire le bien?» Après sept ans de discussions, Oikocredit a été fondée afin de promouvoir l’investissement responsable et de créer des opportunités pour les personnes à faibles revenus afin qu’elles deviennent plus résilientes et vivent une vie digne.
De quelle manière Oikocredit a travaillé avec les Églises au fil des années, et comment cette relation a-t-elle évolué ?
‘T Lam : Si vous regardez comment nous fonctionnons, surtout comment nous avons fonctionné au début, il y avait 88 Églises très engagées qui ont contribué à façonner notre mode d’intervention. Par la suite, près de 400 organisations religieuses ont soutenu la mission d’Oikocredit et nous ont fourni du capital. Mais ce qui est beaucoup plus intéressant, c’est que de nombreux membres de la communauté religieuse, les gens qui allaient à l’église, voulaient devenir actifs. Ce ne sont donc pas seulement les Églises, mais aussi les gens qui ont connu Oikocredit grâce aux informations partagées au sein de leur église, et qui se sont dit: «Moi aussi, à titre personnel, je veux investir dans Oikocredit.» Aujourd’hui, environ 45 000 particuliers soutiennent la mission d’Oikocredit en lui fournissant du capital.
Pouvez-vous nous parler d’une étape importante ou d’une difficulté à laquelle Oikocredit a été confrontée au fil des ans?
‘T Lam: L’une des choses dont je suis très fière, c’est qu’année après année, grâce à notre travail, nous atteignons de plus en plus de personnes, à qui nous permettons de devenir plus résilientes face aux difficultés auxquelles elles sont confrontées. Les capitaux investis chez nous par les particuliers, les Églises, et d’autres organisations, n’ont cessé d’augmenter, ce qui permet d’avoir un impact réel, plutôt que de simplement réaliser des profits.
De quelles manières les Églises peuvent-elles continuer à collaborer avec Oikocredit?
‘T Lam: Les Églises peuvent collaborer avec Oikocredit de plusieurs manières. Si elles disposent d’un excédent de trésorerie, elles peuvent l’investir dans Oikocredit. Elles seront ensuite informées de ce que nous faisons avec cet argent. Imaginons une Église au sein d’une communauté vulnérable qui souhaiterait, par exemple, mener un projet pilote sur la résilience communautaire et le climat. Dans ce cas, nous disposons d’une fondation à laquelle des propositions de projet peuvent être envoyées afin d’obtenir une subvention. Si ce projet contribue à favoriser la résilience communautaire, la fondation l’examinera et décidera d’accorder ou non une subvention afin de le mettre en place.
Que pensez-vous de l’avenir de la collaboration entre le COE et Oikocredit, en particulier à l’approche du 50eanniversaire d’Oikocredit?
‘T Lam: Je pense que c’est le moment idéal pour renforcer la relation entre les Églises, le Conseil œcuménique des Églises, les membres des Églises, et Oikocredit. Beaucoup de ces membres sont soit des investisseur·euse·s potentiel·le·s, soit de jeunes entrepreneur·euse·s potentiel·le·s que nous pouvons soutenir. Le 50e anniversaire d’Oikocredit approche, et nous souhaitons inviter le Conseil œcuménique des Églises à venir fêter cet anniversaire avec nous, l’année prochaine. Ce sera alors l’occasion de célébrer avec fierté ce que nous avons déjà accompli ensemble depuis 50 ans, et aussi regarder vers l’avenir afin de voir comment nous pouvons faire encore mieux à l’avenir.
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