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Photo: WFMUCW (Fédération mondiale des femmes membres d’Églises méthodistes et unifiantes)

Photo: WFMUCW (Fédération mondiale des femmes membres d’Églises méthodistes et unifiantes)

Notre série d’entretiens avec les ambassadeurs et ambassadrices des Jeudis en noir met en lumière celles et ceux qui jouent un rôle de premier plan pour stimuler l’impact de notre appel collectif à un monde sans viol ni violence.

Alison Judd est la présidente mondiale de la Fédération mondiale des femmes membres d’Églises méthodistes et unifiantes.

 

En quoi les Jeudis en noir sont-ils importants à vos yeux?

Mme Judd: Je me souviens de ma première participation à l’Assemblée mondiale de la Fédération mondiale, c’était en 2006. Le jeudi matin, je suis entrée dans le grand réfectoire et ai constaté que les centaines de femmes venues de pays différents qui y étaient rassemblées portaient toutes du noir. J’en ai eu le souffle coupé. Je me suis vite rendue compte que cette campagne est un outil puissant et mobilisateur pour accroître la sensibilité au fléau de la violence sexiste.

Que signifie pour vous être «ambassadrice» des Jeudis en noir?

Mme Judd: Je n’aime pas du tout porter du noir. Or, tous les jeudis matins, je pense à la ravissante jeune fille rencontrée à Harare, au Zimbabwe. À l’époque, nous nous trouvions au beau milieu d’une immense foule au stade sportif de Harare, il y avait beaucoup de bruit, de musique et des voix vociféraient dans les haut-parleurs. Cette petite fille (que j’appellerai Anna), tirait sur ma jupe et insistait en disant qu’elle avait quelque chose d’important à me dire. J’avais du mal à entendre ce qu’elle me disait, mais elle a persévéré jusqu’à ce que je comprenne. Elle me disait qu’elle voulait que la Fédération mondiale des femmes membres d’Églises méthodistes et unifiantes fasse quelque chose pour mettre fin à la violence domestique.

Pour moi, porter du noir les jeudis est un petit geste simple qui prouve ma solidarité avec les femmes et les jeunes filles qui dénoncent la violence sexiste, dans les foyers et sur le lieu de travail, au sein des communautés et comme arme de guerre. Porter des vêtements noirs n’est que le point de départ. En tant qu’«ambassadrice», je dois engager des discussions avec les autres et être prête à lutter contre celles et ceux qui cautionnent la violence.

De quelle manière la Fédération mondiale des femmes membres d’Églises méthodistes et unifiantes répond-elle à la violence sexiste?

Mme Judd: Les femmes de la Fédération mondiale soutiennent cette campagne depuis les années 1980. Nombre d’entre elles portent des macarons et des t-shirts imprimés arborant le message des Jeudis en noir dans leur propre langue. Elles ont été des centaines à descendre silencieusement dans les rues du Brésil, du Libéria et d’ailleurs pour attirer l’attention sur la campagne. Elles saisissent les occasions de s’adresser à des groupes d’hommes sur l’égalité entre les hommes et les femmes et les poussent à comprendre que les comportements violents envers les femmes et les filles sont inacceptables. Les femmes racontent leurs histoires dans des séminaires dédiés et font part de leurs expériences comme survivantes de comportements violents. Elles apprennent entre elles des techniques d’autodéfense et se donnent les moyens de réaliser leur plein potentiel en tant que modèles influents dans leurs communautés.

Chaque année, la Fédération mondiale publie une étude et propose des prières de dévotion sur des sujets variés. L’étude publiée cette année se concentre sur le cinquième objectif de développement durable: égalité des sexes. L’approche est plus particulièrement axée sur deux des objectifs des Nations Unies à l’horizon 2030:

• Éliminer de la vie publique et de la vie privée toutes les formes de violence faite aux femmes et aux filles, y compris la traite et l’exploitation sexuelle et d’autres types d’exploitation.

• Éliminer toutes les pratiques préjudiciables, telles que le mariage des enfants, le mariage précoce ou forcé et la mutilation génitale féminine.

Cette ressource est accessible et téléchargeable sur notre site internet et traduite en plusieurs langues de sorte que les femmes de différents pays peuvent l’utiliser tant à des fins de recherche personnelle que lors d’événements en groupe.

Selon vous, quelle différence les Jeudis en noir peuvent-ils faire dans les efforts actuellement déployés?

Mme Judd: Toute nouvelle initiative nous donne un regain d’énergie pour agir. La «cascade de solidarité et de résistance» du Conseil œcuménique des Églises est l’une des idées novatrices et créatives qui mobilisent les femmes de la Fédération. J’ai bon espoir qu’elles seront nombreuses à contribuer de leurs messages et de leurs images à cette tapisserie mondiale. Une fois achevée et exposée, cette œuvre permettra d’accroître la prise de conscience sur les questions de violence sexiste.

Quelle action recommanderiez-vous pour passer à la «prochaine étape», au-delà du fait de porter du noir les jeudis?

Mme Judd: Je voudrais que nous nous rendions tous et toutes compte que porter du noir un jour par semaine n’est pas suffisant, nous devons nous atteler à la réalité de la violence et du viol au sein de nos communautés et nous élever contre les personnes responsables de cette violence, en leur faisant comprendre que leurs agissements sont inacceptables.

Adressez-vous aux jeunes hommes de votre famille et convainquez-les (si nécessaire) que toute forme de violence à l’encontre des femmes et des filles est intolérable. Adressez-vous à vos filles et encouragez-les à s’en prémunir.

 

Pour en savoir plus sur les ambassadeurs et ambassadrices des Jeudis en noir, veuillez contacter [email protected].

 

Les Jeudis en noir

Les ambassadeurs et ambassadrices des Jeudis en noir (en anglais)

Les «ambassadeurs et ambassadrices», figures de proue de la solidarité pour les Jeudis en noir (communiqué de presse du COE du 5 septembre 2019, en anglais)