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Communiqué

18 septembre 2013, Genève

Des responsables d'Église de Syrie, de Russie, des États-Unis, du Royaume-Uni, de France, d'Allemagne et de Turquie, ainsi que des représentants d'organisations internationales à Genève se sont réunis pour un colloque du Conseil œcuménique des Églises sur la crise en Syrie avec M. Kofi Annan et le représentant conjoint de la Ligue arabe et de l'ONU pour la Syrie, M. Lakhdar Brahimi.

Dans le monde entier, des Églises dénoncent ouvertement la guerre en Syrie. Il est temps de parler d'une seule voix en faveur de la paix et d'œuvrer pour la négociation d'une solution avec toutes les parties au conflit. Bienheureux les artisans de paix, disent les Écritures. Les Églises doivent continuer à se faire entendre dans leurs paroisses et auprès de leurs gouvernements. Nous devons maintenir l'indignation générale afin que les responsables au pouvoir défendent l'intérêt commun de l'humanité.

Nous avons la conviction qu'il ne peut y avoir de solution militaire à la crise en Syrie. Il est temps que la communauté internationale assume sa responsabilité de mettre fin à la violence et qu'elle mette en place un processus politique qui apportera la paix à l'ensemble du peuple syrien. Une action résolue est désormais nécessaire pour sauver des vies; l'attentisme s'est déjà soldé par de nombreuses vies perdues. Il est nécessaire de prendre des mesures collectives en faveur de la paix pour sauver non seulement le peuple syrien mais aussi l'ensemble de la région.

Nous exhortons le Conseil de sécurité des Nations Unies à adopter sans délai une résolution fondée sur l'accord auquel sont parvenus les ministres russe et étasunien des Affaires étrangères. Nous appelons les gouvernements de la Russie et des États-Unis à exercer leur responsabilité cruciale d'instaurer la paix, en collaborant pour convaincre les parties au conflit à l'intérieur comme à l'extérieur du pays de mettre fin à la violence et d'accepter les compromis multilatéraux qui sont essentiels pour parvenir à la paix.

Le Conseil de sécurité doit en outre fixer une date pour une seconde conférence de paix sur la Syrie, qui s'appuiera sur les fondations convenues à l’issue de la conférence de paix de 2012 à Genève mais qui n’ont pas été mises en œuvre. Plusieurs dizaines de milliers d'autres vies ont été perdues depuis lors. Encore plusieurs milliers de vies sont en jeu aujourd'hui. On ne peut pas envisager que la prochaine conférence de Genève se solde par un échec.

Les négociations doivent en outre prévoir d'emblée des mesures pour amorcer une désescalade du conflit, notamment par l'adoption, par le Conseil de sécurité, d'un embargo sur les armes et par des mesures visant à endiguer le flux de combattants étrangers vers la Syrie.

La situation humanitaire en Syrie et dans les pays voisins est précaire. L'aide humanitaire est un aspect essentiel de la mission et de la solidarité des Églises envers les personnes qui souffrent. Cette aide contribue par ailleurs au processus de réconciliation. L'action des Églises aux niveaux national, régional et international atténue la souffrance de centaines de milliers de Syriens touchés par la guerre. Il est important que les agences liées à l'Église intensifient leurs efforts dès maintenant, notamment l'aide qu'elles apportent aux personnes réfugiées. Un accès humanitaire total est essentiel, comme l'avait stipulé la conférence de Genève de 2012.

Les chrétiens de Syrie font partie intégrante d'une société diversifiée à l'histoire riche. Ils ont leur place au sein de la société civile et ils s'engagent à construire pour la Syrie un avenir où les citoyens de toutes les religions jouiront de libertés et de droits égaux et d'une même justice sociale. Ils sont aussi résolus à nouer des dialogues constructifs avec les autres communautés religieuses et ethniques afin que le patrimoine pluriel de la Syrie soit protégé. Le COE et la famille œcuménique élargie soutiennent ce processus.

Nous prions aux côtés des Syriens pour un avenir de paix pour le pays et pour tout le Moyen-Orient. Que le Seigneur les garde dans Sa grâce.