La mission de guérison de l'Eglise

<typohead type="2" align="right">Document préparatoire n° 11</typohead>

REMARQUES LIMINAIRES

1.Le présent document a été préparépar un groupe multiculturel et interconfessionnel de missiologues, demédecins et de professionnels de la santé. Il s'inscritdans la tradition de la Commission médicale chrétienne(CMC), du COE, et s'appuie sur ses travaux, qui ont largementcontribué à mieux cerner le ministère deguérison qui incombe à l'Eglise. Ce document neva pas répéter ce qui a été bien formulédans des textes antérieurs du Conseil oecuméniquedes Eglises, et notamment le document intitulé La guérisonet l'intégralité - Le rôle desEglises dans la guérison (« Healing andWholeness. The Churches's Role in Health »), adoptéen 1990 par le Comitécentral ; il s'agit d'un texte essentiel aujourd'huiencore, qui insère ce ministère de guérison dansle cadre de la lutte pour la justice, la paix et l'intégritéde la création ;dans notre société désormais mondialisée,l'urgence qu'exprime ce document s'est d'ailleursaccentuée. Le présent document d'étude seconcentre essentiellement sur certains aspects, tant médicauxque spirituels et théologiques, du ministère deguérison ainsi que sur leur lien avec une conception de lamission qui s'est imposée, ces derniers temps, dans lemouvement oecuménique.Il s'agit d'un document de référencedestiné à la Conférencemondiale sur la mission et l'évangélisation, et il seveut une contribution importante à un dialogue sur son thème,tout à fait d'actualité : Viens,Esprit Saint, guéris et réconcilie ! -Appelés en Christ à être des communautésde guérison et de réconciliation.

Ilconvient de le lire en parallèle avec le document d'étuderecommandé par la Commission de mission et d'évangélisationconsacré à La mission, ministère deréconciliation.1

Leprésent document ne prétend pas énoncer unedéclaration définitive sur la guérison ou laréconciliation ; il vise plutôt à alimenterla discussion et à permettre aux chrétiens et auxEglises de mieux répondre à leur vocation.

1. LE CONTEXTE

Lecontexte global de la santé et de la maladie au débutdu 21e siècle

2.Les statistiques globales sur l'incidence et la prévalencedes maladies, sur la charge que font peser les maladies sur lescommunautés et les sociétés ainsi que sur lestaux de mortalité se fondent sur un concept scientifique de lamaladie et sur des méthodes épidémiologiquesélaborées pour mesurer la maladie et son impact.2Pour la science médicale, la maladie est un dysfonctionnementidentifiable de la physiologie humaine. Il nous faut reconnaîtreque cette approche est fondamentalement différente del'interprétation plus holistique de la santé etdes maladies qui a cours dans les milieux associés au COE3,interprétation qui ne se prête pas facilement àla quantification par les méthodes actuelles et qui neconvient donc guère à des analyses statistiques.

3.Quoi qu'il en soit, présenter un contexte globalrisquerait de donner une idée fausse de la situation parceque celle-ci est extrêmementcomplexe et qu'elle varie énormément d'uncontinent à l'autre, d'une société àl'autre mais aussi, de plus en plus, au sein des sociétéset même des communautés locales, en fonction desressources économiques, lesquelles influencent le niveau devie, le mode de vie et l'accès aux soins de santé.Ce serait une erreur grossière que de considérer uneprésentation globale comme une description exacte desituations régionales ou locales.

4.Néanmoins, il est possible de discerner un certain nombrede tendances. On peut parlerd'une amélioration globale de la santé si l'onconsidère les chiffres de la mortalité prématuréeet des années de vie ajustées sur l'incapacité(DALY), sauf dans les régions fortement touchées par leVIH/sida. La mortalité infantile, qui est un indicateursensible pour les conditionsgénéralesde vie et l'accès aux soins de santé primaires, aété ramenée à des niveaux très basen Europe et en Amérique du Nord, et il diminue, enparticulier, en Asie orientale, en Asie du Sud-Est ainsi qu'enAmérique latine et aux Antilles-Caraïbes. Elle resteencore élevée, ou continue même de s'accroître,dans un certain nombrede pays de l'Afrique sub-saharienne.

5.En autres grandes tendances, on notera l'augmentationglobale des maladies chroniques, en particulier des maladiesmentales et des maladies affectant les personnes âgées.Même dans les pays à bas revenu, il y a de plus en plusd'adultes qui souffrent, par exemple, de maladiescoronariennes, de cancer ou de diabète, qui sont les causes demorbidité et de mortalité les plus courantes dans lespays industrialisés.4Le plus inquiétant, c'est la tendance généraleà une augmentation à long terme du nombrede personnes souffrant de maladies psychiatriques, et en particulierde dépression, dans les pays tant du Nord que du Sud. Ilsemble que l'accélération et l'aggravationdes crises et des menaces qui accompagnent les processus demondialisation rapide exercent une pression excessive sur le systèmepsychique.

6. Al'heure actuelle, la communauté internationale s'estlancée dans un examen global de l'état de santéde la population mondiale ; cela fait partie d'unprocessus visant à évaluer les progrès réalisésdans la perspective des Objectifs du millénaire pour ledéveloppement(OMD). Trois de ces objectifs sont directement en rapport avec lasanté.5

7.Il est encore difficile déterminer et de mesurer les effets,sur la situation sanitaire mondiale, du changement climatiquecausé par l'activité humaine et de ladétérioration de l'environnement, mais ces effetsposent de graves questions sur les retombées catastrophiquesqu'ils pourraient avoir non seulement au niveau local maisencore au niveau mondial. La déforestation, par exemple,contribue à accentuer l'effet de serre, qui a pourrésultat de faire diminuer la couche d'ozone de lastratosphère et d'augmenter le rayonnement ultraviolet,ce qui, à terme, entraîne la suppression de systèmesimmunitaires et favorise l'apparition de cancers ainsi que decertaines maladies infectieuses liées à des réactionsimmunitaires des cellules. Le réchauffement de la planèteentraîne la montée du niveau moyen des océans et,par contrecoup, l'inondation de lieux habités, ce quiaccroît l'incidence de maladies transmissibles par l'eau.Le réchauffement de la planète entraîne aussi leretour du paludisme et d'autres maladies infectieuses dans lespays tempérés et augmente le danger de maladiescardiovasculaires.

8.Malgré les progrès de la technologie, l'étatsanitaire de la planète reste préoccupant, ainsique le montre le rapport de l'Organisation mondiale de la Santépour 2004.6

C'estpourquoi on a fait remarquer que la santé et la guérisonne sont pas simplement des problèmes médicaux :elles comportent des dimensions politiques, sociales, économiques,culturelles et spirituelles. Ainsi que l'explique le documentdu COE intitulé La guérison et l'intégralité -Le rôle des Eglises dans le domaine de la santé :« Si l'"industrie de la santé"produit et utilise une technologie toujours plus complexe etcoûteuse, il apparaît de plus en plus clairement que cen'est pas la meilleure manière de s'attaquer àla plupart des problèmes de santé qui se posent dans lemonde […] Il est bien connu que la première cause demaladie dans le monde, c'est la pauvreté, laquelle, aubout du compte, est le produit de l'oppression, del'exploitation et de la guerre. Ce n'est pas enfournissant des immunisations, des médicaments ni mêmeune éducation à la santé par des méthodesnormales que l'on pourra véritablement améliorerles maladies de la pauvreté. »7

L'inégalitéen matière d'accès aux soins de santé -Santé, justice et éthique

9.Le fait est que, dans de vastes parties du monde, les gens n'ontpas accès aux services de santé essentiels. Maisd'autres problèmes encore, très complexes et trèssensibles, sont posés par le poids financier de l'accèsaux soins de santé et par la commercialisation de lasanté. D'une part, les soins de santé quis'appuient sur une base scientifique deviennent de plus en pluscoûteux, à mesure que s'élève leniveau des diagnostics et qu'augmente la complexité desthérapies, et cela élargit le fossé entre ceuxqui peuvent les payer et ceux qui ne le peuvent pas. Ce fosséest particulièrement prononcé dans les pays àbas revenu, mais on le constate aussi de plus en plus dans les pays àrevenu élevé, lorsque les autorités limitent lesdépenses publiques dans le domaine de la santé. Il fautsans cesse rappeler aux chrétiens que l'accès auxsoins de santé est un droit humain fondamental et non unemarchandise qui ne serait disponible qu'aux gens disposant deressources suffisantes.

10.D'autres part, de plus en plus de gens souhaitent que l'ons'attaque aux maladies de la pauvreté, et en particulieraux principales maladies infectieuses : VIH/sida, tuberculose etpaludisme. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, latuberculose et le paludisme, créé par l'ONU,en est une bonne illustration. Des chrétiens font campagnepour que l'on consacre plus d'attention et de fonds àla lutte contre les maladies de la pauvreté et que lesressources soient plus équitablement réparties.Plusieurs campagnes et initiatives de portée mondiale entémoignent, notamment l'Alliance oecuménique« agir ensemble » et l'Initiativeoecuménique de lutte contre le VIH/sida en Afrique (EHAIA).De plus en plus, des communautés d'inspirationreligieuse unissent leurs efforts pour s'attaquer à cesproblèmes de santé au niveau mondial.

11. Même si, dans certains cas, de bons services de soins de santé contribuent à atténuer la pauvreté, on ne peut disjoindre la santé et la guérison de l'organisation structurelle de nos sociétés, de la qualité des relations entre les gens et du style de vie.

Desmodes de vie malsains, de plus en plus répandus,8sont en réalité imposés par les normes et lesintérêts de l'industrie agroalimentaire ainsi quepar l'évolution des comportements culturels, lesquelssont favorisés, notamment, par les médias etl'industrie de la publicité.

12. Pour faire lasynthèse de la situation actuelle, on pourrait donc direceci :

Aujourd'hui, dansnotre société mondialisée et éminemmentcommerciale, les gens sont loin d'être en pleine santé,ni en tant qu'individus, ni en tant que communautés, etcela malgré les nombreux progrès de la médecinepréventive et des moyens thérapeutiques.

  • Beaucoup de gens n'ont pas accès à des soins de santé abordables.

  • Si les maladies pouvant être prévenues constituent encore un grave problème dans de nombreuses parties du monde, on constate une augmentation du nombre de personnes souffrant de maladies chroniques qui, souvent, sont liées au mode de vie et au comportement et qui causent beaucoup de souffrances dans le monde.

  • On constate aussi une augmentation du nombre de personnes souffrant de maladies mentales.

  • Le coût des soins médicaux atteint des niveaux prohibitifs et, de ce fait, beaucoup de gens ne peuvent pas profiter des progrès de la technologie, et la charge financière des systèmes médicaux devient insupportable.

  • La haute technologie a un visage inhumain et, de ce fait, les gens se sentent isolés et fragmentés.

  • Dans la médecine moderne, la mort est considérée comme un échec et elle est combattue de manière agressive, au point que les gens ne peuvent pas mourir dans la dignité.

13.Les gens déçus par la médecine officiellerecherchent quelquechose de plus que le simpletraitement d'une maladie du foie ou du coeur. Ils veulentêtre considérés et traités comme despersonnes.Leur maladie les amène souvent à poser des questionsd'ordre spirituel et, de plus en plus, on recherche ladimension spirituelle de la guérison.

Dans beaucoup de paysriches, on commence à redécouvrir l'importance durôle que joue la communauté pour donner et préserverla santé.

14. Des chercheursscientifiques ont commencé à dresser la liste de cequ'ils appellent les « apports de la religion enmatière de santé » ; ils veulentdresser un état de la situation pour ce qui est del'infrastructure matérielle et des contributionsspirituelles que les communautés d'inspirationreligieuse pourraient mettre au service des politiques de santénationales et internationales.

Uncertain nombred'études épidémiologiques effectuéespar des professionnels de la santé, essentiellement auxEtats-Unis,mettent en lumière l'effet positif de la religionet de la spiritualitésur la santé, et elles permettent ainsi que s'établisseun nouveau dialogue entre la médecine et la théologie.9La médecine scientifique s'intéresse elle-mêmede plus en plus à la dimension spirituelle de la personnehumaine.

Guérison etculture - Différentes conceptions du monde etdifférents environnements culturels - Leursrépercussions sur la conception de la santé et de laguérison

15.La manière dont on définit la santé et laguérison et dont on explique la maladie dépend dans unelarge mesure de la culture ambiante et de conventions. Dans lesmilieux oecuméniquesconsacrés à la mission, on entend en généralla culture dans un sens large : elle inclut non seulement lalittérature, la musique et les arts mais aussi des valeurs,des structures, des conceptions du monde et une éthique ainsique la religion.10

16.C'est en particulier la synergie de la religion,de la conception du monde et des valeurs qui détermine lamanière particulière dont les gens considèrentet abordent la question de la guérison. La culture varie d'uncontinent à l'autre, d'un pays à l'autreet même, dans un même pays, d'un groupe depersonnes à l'autre, aussi n'existe-t-il pas deconception universelle commune et immédiate des principalescauses de la maladie ni, de façon plus générale,de tout mal qui affecte les êtres humains.

17.Dans certaines cultures, ce sont des êtres surnaturels qui sontconsidérés comme les véritables agents causauxultimes de la mauvaise santé, et en particulier des troublesmentaux. Les gens qui adoptent de telles conceptions vont voir desguérisseurs traditionnels et des spécialistes religieuxpour leur demander de pratiquer un exorcisme et de les délivrerdes esprits mauvais et des démons. Cela seul leur donne lagarantie qu'on s'est attaqué à la causefondamentale de leur souffrance. Mais cela n'exclut pas pourautant un traitement parallèle à base d'herbesmédicinales ou de médicaments soit traditionnels, soitindustriels.

18.Pour énormément de gens, la conception de la santéet de la guérison est inséparable des croyancesreligieuses populaires et de la culture. Nous pourrions dire qu'ils'agit de religiosité et croyance populaires en matièrede santé. Cette croyance peut s'exprimer de différentesmanières, notamment par la vénération de saints,par des pèlerinages dans des sanctuaires et par le recours àdes symboles religieuxtels que de l'huile ou des amulettes pour se protégercontre les esprits mauvais ou les intentions mauvaises et nocives.

19.D'autres, en particulier dans les cultures de l'Asie,mettent aussi l'accent sur l'importance de l'harmonieà l'intérieur du corps humain, ce qui, pour eux,est une conditionpréalable et nécessaire à la santé, aubien-être et à la guérison. Le shibashi,par exemple, qui est une ancienne pratique chinoise de mouvementsinspirés de la nature, met le corps en harmonie avec le rythmede la nature, produisant un effet énergétique. Selon lacroyance traditionnelle, la guérison et la santédépendent, en fait, de l'équilibre du fluxd'énergie, lequel est fonction de forces intérieureset extérieures au corps. Il y a maladie lorsque des centresd'énergie (chakras) sont bloqués oulorsque quelquechose fait obstacle au fluxd'énergie. Pour rééquilibrer le fluxd'énergie, on fait notamment appel àl'acuponcture ou à l'acupressure.

20. Différentesconceptions du monde ont donné naissance, dans certaines desprincipales civilisations du monde, à des sciences et systèmesmédicaux spécifiques. Depuis les Lumières enparticulier, la médecine officielle, en particulier enOccident, les a dédaignées ; pourtant, de nosjours, elles apparaissent de plus en plus comme des substitutsvalides pour le traitement de certaines maladies particulières.

21.Les progrès de la science médicale et la multiplicationdes échanges interculturels ont amené un certain nombrede gens, en particulier dans des contextes occidentaux, àadopter un nouveau style de vie qui accorde une large place àla marche, au jogging, à l'aérobic, à unrégime alimentaire sain, au yoga et à d'autresformes de méditation, au massage, au sauna et aux bainsthérapeutiques - autant de moyens considéréscomme permettant d'atteindre au bien-être physique, àla santé et à la guérison. Et, effectivement, detels moyens peuvent soulager les personnesqui souffrent de stress ou de certaines maladies chroniques tellesque les maladies cardiovasculaires et le diabète mellitus.

22.Par ailleurs, certaines formes de religiosité « naturelle »ainsi que certaines cultures non religieuses autochtones etémergentes mettent l'accent sur la relation entre, d'unepart, la cosmologie et l'écologie et, d'autrepart, lasanté et la guérison.On prend de plus en plus conscience - mais pas assezencore - de l'importance du lien entre l'écologieet la santé. Les déterminants de la santé sontla pureté de l'eau et de l'air et un espace desécurité pour toutes les créatures vivantes. Ladéforestation a porté un coup dur àl'approvisionnement en eau, elle a aggravé la pollutionde l'air et détruit l'habitat de multiplescréatures vivantes, en faisant des « nuisibles »et provoquant une détérioration de la santé desêtres humains et d'autres éléments de lacréation. Une cohabitation très étroite entreanimaux et êtres humains provoque actuellement de nouvellesformes d'épidémies, telles que l'épidémiede grippe aviaire, infection virale grave, pouvant êtremortelle, qui passe des canards et des poulets aux êtreshumains. La catastrophe du tsunami et la situation qui en estrésultée met bien en relief la nécessitéde s'inquiéter non pas seulement des êtres humainsmais aussi de l'ensemble de la création et des'harmoniser au rythme de la nature.

2. LA SANTE, LA GUERISON ET LE MOUVEMENT OeCUMENIQUE

23.Autrefois, l'art de guérir était l'affairedes prêtres : on les consultait en cas de maladie et,souvent, ils étaient considérés comme desmédiateurs de la guérison. On comprenait et onacceptait l'unité du corps, de l'esprit et del'âme.

La guérison,élément essentiel de la mission de l'Egliseprimitive

24.Il est bon de rappeler que la croissance de l'Eglise primitive,aux iie et iiie siècles, fut aussi due,entre autres, au fait que le christianismese présentait aux sociétés méditerranéennesde l'époque comme un mouvement de guérison. Dansle NouveauTestament, les premiers récitsde mission montrent bien quelle était l'importance desdifférents ministères de guérison dans l'Eglise.De nombreuxtextes des premiers Pères de l'Eglise affirmentégalement l'importance fondamentale de l'Egliseconsidérée comme communauté de guérisonet proclament que le Christ est celui qui guérit le monde, paropposition à la religiosité hellénique.

25.En affirmant que Dieului-même, dans la vie de son Fils, a vécu des moments defaiblesse et qu'il est même mort, le christianismea révolutionné la conception de Dieu et a profondémenttransformé les attitudes fondamentales de la communautédes croyants à l'égard des malades, des personnesâgées et des mourants. Il a contribué de manièredécisive à briser les stratégies et mécanismesconventionnels d'exclusion, de discrimination et destigmatisation religieuse des malades et des faibles. Il a mis fin àl'association entre le divinet des idéaux d'une existence parfaite, saine, belle etlibérée de toute passion. On constate que cetteattitude différente à l'égard des malades,des veuves et des pauvres a été une source essentielledu succès et de la vitalité missionnaires de l'Egliseprimitive. En s'occupant des malades, les monastères ontmaintenu cette tradition en étant des îlots d'espérance.

La science médicaleet les missions médicales

26.Au cours des siècles, les progrès de la science et dela technologie, en particulier à partir des Lumières, afait évoluer en profondeur la conception de l'êtrehumain et de la santé. L'être humain n'étaitplus considéré comme une unité indivisible, maisfragmenté : il était corps, esprit et âme.Les professionnels de la santé ont tendance àconsidérer la maladie comme un dysfonctionnement d'unemachine merveilleuse et compliquée, qu'il s'agitde réparer en faisant appel à des compétencesmédicales, mais ils négligent le fait que les êtreshumains ont une âme et un esprit. Le développement de lapsychologie et de la psychiatrie a accentué cette dissociationen s'occupant de soigner l'esprit. De ce fait, on en estarrivé à oublier le concept d'intégralitéainsi que le rôle de la communauté et de la spiritualitédans la santé.

27.Les missions médicales ont commencé à voir lejour quelque temps après les Lumières, à savoir au 19e siècle ; des missionnaires ont créédes systèmes de soins de santé, placés sous lesauspices des Eglises, dans de nombreuses parties du monde. Certainsconsidéraient les soins de santé comme une dimensionessentielle de la mission de l'Eglise ou de l'organismemissionnaire qui les avait envoyés. S'il est vrai queces hôpitaux de mission offraient à bas prix des soinsde santé de très bonne qualité accompagnésd'attention personnelle, le modèle médicaloccidental de soins de santé s'est souvent surimposéaux cultures locales autochtones, qui avaient leurs proprestraditions en matière de thérapie et de guérison.Cela dit, dès le début de leur mission médicale,de nombreux missionnaires ayant une formation médicale ontentrepris de former des autochtones à l'art de laguérison et aux soins infirmiers.

Uneconception holistique et équilibrée du ministèrechrétien de guérison

28.Dans les années 1970 et 1980, la Commission médicalechrétienne (CMC), du Conseil oecuménique desEglises, a lancé un processus d'étude global,soigneusement conçu ; cette étude a mis en lumièrel'existence d'une multiplicité de facteurs ouinfluences : qui sont responsables de certaines formes demaladie et de rupture des relations ; qui sont àl'origine de sentiments croissants de néant et d'absenced'orientation spirituelle dans la vie personnelle ; quiaffaiblissent les défenses naturelles du corps - lerendant incapable de résister ou de s'opposer àdes infections, à des perturbations biochimiques des fonctionsphysiques ou à d'autres formes de troubles physiques,psychologiques ou mentaux - ; qui provoquent desdéséquilibres du flux d'énergie -ce qui cause des obstructions et entraîne la manifestation dela maladie - ; et enfin qui provoquent un esclavageou une accoutumance correspondant à des influences ou désirsmauvais qui empêchent la personnede répondre à la grâce salvifique de Dieu.

29.Du point de vue d'une anthropologie ancrée dans latradition biblico-théologique de l'Eglise, l'êtrehumain est considéré comme une « unitémultidimensionnelle »11.Corps, esprit et âme ne sont pas des entités distinctes,ils sont associés et interdépendants. C'estpourquoi la santé a des dimensions physique, psychologique etspirituelle. L'être individuel fait égalementpartie d'une communauté et, de ce fait, la santéa aussi une dimension sociale. En outre, en raison de l'interactionentre l'environnement naturel (la biosphère) et lespersonnesou communautés, la santé a même une dimensionécologique.

30.Cela a amené le Conseil oecuménique des Eglises àproposer la définition de la santé suivante :

  • « La santé est un état dynamique de bien-être de l'individu et de la société, de bien-être physique, mental, spirituel, économique, politique et social - un état d'harmonie les uns avec les autres, avec l'environnement physique et avec Dieu. »12

Parsa dimension holistique, cette conception souligne que la santén'est pas un concept statique dans lequel on fait unedistinction claire entre ceux qui sont en bonne santé et ceuxqui ne le sont pas. Tout être humain ne cesse de passer pardifférents degrés de bonne ou mauvaise santé etde lutte contre les infections et les maladies. Une telle conceptionde la santé est proche de celle qui s'est dessinéedans les récentes discussions et recherches sur les facteursqui favorisent la santé.13

Cetteconception holistique a également des répercussions surla manière de concevoir la mission de l'Eglise. Dans leministère chrétien de guérison, il y a àla fois la pratique de la médecine (qui s'intéresseà la santé physique et mentale) et les disciplinescentrées sur les soins de santé, le suivi psychologiqueet les pratiques spirituelles. Le repentir, la prière et/oul'imposition des mains, la guérison divine,des rituels qui font intervenir des contacts, la tendresse, le pardonet le partage de l'Eucharistie peuvent avoir des effetsimportants - et parfois spectaculaires - surles dimensions physique et sociale des êtreshumains. Chacun à samanière, tous ces moyens font, partie de l'oeuvrede Dieu dans la création et de sa présence dansl'Eglise. La médecine scientifique contemporaine maisaussi d'autres approches médicales utilisent ce quiexiste dans le monde que Dieua créé. Il ne faut cependant pas considérer quela guérison par des « moyens médicaux »est inférieure à la guérison par d'autresmoyens, notamment spirituels, ni même qu'elle estinutile.

31.Certaines Eglises et certains contextes sociaux (en particulier dansles sociétés occidentales et modernes héritièresdes Lumières) ont accordé une attention exclusive etdonné une importance unilatérale aux résultatsque permet d'obtenir la médecine scientifiquecontemporaine et aux aspects physiques de lasanté et de la guérison.Il s'agit ici d'accorder une ouverture et une attentionnouvelles aux dimensions spirituelles que l'on trouve dans lesministères chrétiens de guérison. Dans d'autrescontextes et Eglises, notamment lorsque la conception du monde estdifférente et que les systèmes médicauxoccidentaux modernes ne sont pas disponibles, on accorde une grandeimportance à la guérison spirituelle. Ici encore, ilest essentiel que s'établisse un dialogue nouveau entreles pratiques relevant de la guérison spirituelle et lesapproches de la médecine moderne.

Approfondir laconception de la mission de guérison de l'Eglise

32.L'une des études récentes les plus complètesa été réalisée pour le comptede l'Eglise d'Angleterre par un groupe de travail nommépar le Synode général des évêques del'Eglise d'Angleterre. Ce groupe a publié unrapport remarquable qui définit la guérison comme un« processus tendu vers la santé et l'intégrité[…] Il englobe ce que Dieua réalisé pour les êtreshumains par l'incarnationde Jésus Christ […] Les dons de guérisonaccordés par Dieu ont des effets parfois instantanés etparfois à long terme mais, dans la plupart des cas, laguérison est un processus graduel : il lui faut du tempspour effectuer une restauration en profondeur de la santé àplus d'un niveau »14.

33.Il est intéressant de remarquer que, au début du 21esiècle, plusieurs grands rassemblements oecuméniquesont prêté une attention particulière, directementou indirectement, au ministère de guérison de l'Eglisedans un monde déchiré par la souffrance et laviolence ; ce fut le cas notamment de l'assembléede la Fédération luthérienne mondiale, qui a eulieu à Winnipeg (Canada), de l'assembléede la Conférence desEglises européennes (KEK), qui a eu lieu à Trondheim(Norvège), et du Conseil généralde l'Alliance réformée mondiale (ARM), qui s'esttenu à Accra (Ghana). A cet égard, nous présentonsun extrait très représentatif du document le plusrécent consacré par la FLM à la mission :

« Selonles Ecritures, Dieu est la source de toute guérison. Dansl'Ancien Testament, la guérison et le salut sontétroitement liés et désignent fréquemmentla même idée: "Guéris-moi, Seigneur, et jeserai guéri; sauve-moi, et je serai sauvé"(Jérémie 17,14). Mais le Nouveau Testament ne metpas sur un pied d'égalité le fait d'êtresoigné d'une maladie et le salut. Il établitégalement une distinction entre soigner et guérir. Chezcertains, la maladie est soignée sans qu'ils soient pourautant guéris (Luc 17,15-19), alors que d'autres ne sontpas soignés mais sont guéris (2 Corinthiens 12,7-9). Le"soin" ou la "cure" désignent unerestauration de la santé et comportent, de ce fait, uneconnotation protologique. La guérison évoque la réalitéeschatologique de la vie abondante qui a fait irruption par la venuede Jésus-Christ, le guérisseur blessé, celui quiparticipe à tous les aspects de la souffrance, de la mort etde la vie humaines, celui qui surmonte les blessures, les souffranceset la mort par sa résurrection. En ce sens, la guérisonet le salut évoquent la même réalitéeschatologique. »15

Les conceptions dumonde en dialogue sur la réalité des puissancesspirituelles

34.Ces dernières années, en raison notamment dudéveloppementrapide des mouvements pentecôtistes et charismatiques et deleur influence sur l'ensemble de l'éventailoecuménique,des expressions et termes tels que « duel de puissances »,« démons »ou « démonologie » et « principautéset puissances » sont devenus des sujets d'intérêtet de recherche missiologiques, tout comme, en particulier, laquestion de la guérison divine. De nos jours, dans certainsmilieux chrétiens, il est de plus en plus courant de pratiquerdes exorcismes, de chasser des esprits mauvais et de parler d'une« démonologie de sorciers ».16

Parlerde démons et d'esprits mauvais, ce n'est pas, bienentendu, un phénomène nouveau, ni dans la théologiechrétienne, ni dans la vie de l'Eglise. Tout au long deson histoire, notamment au cours des premiers siècles et, parla suite et plus particulièrement, dans des mouvementsfervents de renouveau charismatique, l'Eglise chrétiennea, soit nommé des personnesayant des dons ou grâces particuliers pour s'attaquer auxforces du mal (ce sont les exorcistes), soit, à tout le moins,reconnu la réalité des puissances spirituelles.

35.La prolifération rapide d'Egliseschrétiennes dans les cultures ne relevant pas du mondeoccidental a également contribué à donner uneplace prééminente à la démonologie. EnAsie, en Afrique, en Amérique latine et dans le Pacifique, deschrétiens tendent à être beaucoup plus ouverts àl'idée que les « puissances » sontdes forces réelles. Dans nombrede ces cultures, beaucoup de gens, même en dehors de la foichrétienne, s'intéressent aux puissancesspirituelles. L'une des principales raisons pour lesquelles lesEglises occidentales, et en particulier les Eglises protestantestraditionnelles, ont préféré, pendant dessiècles, laisser de côté toute cette question despuissances spirituelles tient à la nature particulièrede leur conception du monde, qui a été fortementinfluencée par les Lumières. La théologiechrétienne et la formation des clercs ne se contentaient pasd'ignorer le problème : elles ont souvent contribuéà « démythifier » même ceque dit la Bible à propos des démons et des puissancesspirituelles. Certains anciens documents du COE consacrés àla guérison et à la santé n'ont pas nonplus traité cette question de façon appropriée.17Actuellement, on constate un changement de paradigme dans la cultureoccidentale - dans ce qu'on appelle souvent lepostmodernisme - qui remet en question une conception dumonde et une théologierationalistes étroites.

3. LA GUERISON ET LA SANTE DANS UNE PERSPECTIVE THEOLOGIQUE ET BIBLIQUE

Lamission divinede guérison

36.Dieu - Père, Fils et Esprit - mènela création et l'humanité vers la pleineréalisation du Royaume de Dieu, que le prophète annonceet qu'il présente comme un monde dans lequel serontréconciliées et guéries les relations entre lacréation et Dieu,l'humanité et Dieu,l'humanité et la création, et aussi entre leshumains en tant que personnes et en tant que groupes ou sociétés(la guérison étant entendue dans son sens le pluscomplet, celui du shalom, dontil est question en Es 65,17-25). C'est ce que, en missiologie,on appelle la missio Dei. Dansune perspective trinitaire, il y a interdépendance étroiteentre les différentes dimensions de la guérison :celle de la création, celle des relations sociales et ladimension spirituelle et énergétique.

Touten affirmant la réalité dynamique de la mission de Dieudans le monde et la création, nous reconnaissons aussi qu'ils'agit là d'un profond mystère que laconnaissance humaine est incapable de saisir (cf. Job 38-39). Nousnous réjouissons chaque fois que la présence de Dieu semanifeste dans des changements miraculeux et libérateurs,guérissants, de la vie et de l'histoiredes hommes, et qui rendent possible une vie dans la dignité.Avec le Psalmiste et Job, nous crions nous aussi vers le ciel pourinterroger le Créateur lorsque le mal et une souffranceinexplicable nous scandalisent et semblent traduire l'absenced'un Dieumiséricordieux et juste : « Pourquoi, monDieu ?Pourquoi moi, Seigneur ?Jusques à quand ? » C'est dans un mondeprofondément ambivalent et paradoxal que nous affirmons notrefoi et notre espérance en un Dieuqui guérit et qui n'est pas indifférent.

37.En tant que chrétiens, nous reconnaissons l'imageparfaite de Dieu manifestée en Jésus Christ, lui quiest venu témoigner, par sa vie, ses actes et ses paroles, dela manière dont Dieuse soucie de l'humanité et de la création.L'incarnation de Dieu en Christ affirme que la puissance divinede guérison ne nous sauve pas de ce monde ni, en priorité,des problèmes matériels et corporels, mais qu'elleintervient au coeur de ce monde, avec toutes ses douleurs, sesruptures et ses déchirures, et que la guérison englobela totalité de l'existence humaine.

JésusChrist est le coeur et le centre de la mission de Dieu, lapersonnalisation du Royaume de Dieu. Dans la puissance du SaintEsprit, Jésus a été guérisseur,exorciste, enseignant, prophète, guide et inspirateur. Il aapporté et offert la libération du péché,du mal, de la souffrance, de la maladie, de la rupture, de la haineet de la désunion (cf. Luc 4,16 sq. ; Matthieu 11,2-6).Ce qui caractérise les guérisons effectuées parJésus Christ, c'est le fait qu'il percevait lesbesoins des gens, et en particulier des personnesvulnérables ; le fait qu'il était « ému »et que, alors, sa réaction était de guérir (cf.Luc 8,42b-48) ; le fait qu'il était disposéà écouter, qu'il était ouvert auchangement (cf. Marc 7,24b-30), mais qu'il n'acceptaitpas d'attendre pour alléger les souffrances (cf. Luc13,10-13) ; et aussi l'autorité qu'ilmanifestait à l'égard des traditions et qu'ilexerçait sur les esprits mauvais. Les guérisons deJésus apportaient toujours un rétablissement complet ducorps et de l'esprit, à la différence de ce quenous constatons normalement dans les guérisons.

38.Il a inauguré la création nouvelle,la « fin des temps » (eschaton), par dessignes et des miracles qui, effectivement, renvoient à laplénitude de la vie, à l'abolition de lasouffrance et de la mort, ainsi que Dieul'avait promis et que les prophètes l'avaientannoncé. Mais cesactions miraculeuses n'étaient rien de plus que dessignes, qui renvoyaient à autre chose. Christ guérissaitceux qui venaient à lui ou qui lui étaient amenés.Mais il n'a pas guéri tous les malades de son époque.Le Royaume de Dieu, déjà présent, est encore àvenir : « La guérison est un cheminement versla pleine réalisation de l'espérance ultime, maiscette perfection n'est pas toujours pleinement atteinte dans leprésent (Rm 8,22) »18.

39.Les guérisons et exorcismes opérés par Jésussont en particulier tendus vers la pleine réalisation de sonministère sur la croix : il est venu offrir le salut, laguérison des relations avec Dieu,ce que Paul, par la suite, a appelé la « réconciliation »(2 Co 5). Cela, il l'a fait par le service et le sacrifice,exerçant le ministère du « guérisseurblessé » prophétisé par Esaïe(52,13 - 53,12). Ainsi, la mort du Christ sur la croix est àla fois protestation contre toute souffrance (cf. Marc 15,34) etvictoire sur le péchéet sur le mal. En ressuscitant le Christ, Dieua justifié son ministère et lui a donné un sensdurable. La croix et la résurrection du Christ affirment quela puissance divinede guérison ne reste pas en dehors ni au-delà de laréalité de la douleur, de la rupture et de la mort maisqu'elle atteint jusqu'au plus profond de la souffrancedes hommes et de la création, apportant lumière etespérance dans les tréfonds des ténèbreset de la désespérance. On peut rencontrer l'imagedu Christ ressuscité chez des gens qui souffrent (cf. Mat25,31-46) mais aussi chez des guérisseurs vulnérableset blessés (Mt 28,20 et 10,16 ; 2 Co 12,9 ; Jn15,20).

40.Dans la missiologie oecuménique,nous croyons que l'Esprit Saint, Seigneuret source de vie, est à l'oeuvre dans l'Egliseet dans le monde. L'activité permanente de l'EspritSaint dans l'ensemble de la création, qui donne dessignes et des avant-goûts de la nouvelle création (cf. 2Co 5,17), affirme que la puissance divine de guérisontranscende toutes les limites des lieux et des temps et est àl'oeuvre tant à l'intérieur qu'àl'extérieur de l'Eglise chrétienne,transformant l'humanité et la création dans laperspective du monde à venir. Dieu Esprit Saint est la sourcede vie pour la vie individuelle et communautaire des chrétiens(cf. Jean 7,37-39). L'Esprit rend l'Eglise capable de lamission, il lui donne de multiples charismes, notamment (àtitre d'exemple) celui de guérir par la prière etpar l'imposition des mains ; le don de consolation etd'accompagnement pastoral pour ceux dont les souffrancessemblent ne jamais prendre fin ; le charisme d'exorcismepour chasser les esprits mauvais ; l'autorité deprophétie pour dénoncer les péchésstructurels responsables d'injustice et de mort ; et lescharismes de sagesse et de connaissance, qui sont essentiels àla recherche scientifique et à l'exercice desprofessions médicales. Mais Dieu Esprit Saint rend égalementla communauté chrétienne capable de pardonner, departager, de guérir les blessures, de surmonter les divisionset donc de cheminer vers la pleine communion. C'est ainsi quel'Esprit Saint prolonge, élargit et universalise lamission de guérison et de réconciliation du Christ. Enoutre, gémissant dans l'Eglise et la création(cf. Rm 8), l'Esprit actualise la solidarité du Christavec ceux qui souffrent et, de ce fait, témoigne de lapuissance de la grâce de Dieu, laquelle peut aussi semanifester, paradoxalement, dans la faiblesse ou la maladie (cf. 2 Co12,9).

41.L'Esprit Saint emplit l'Eglise de l'autoritétransformatrice du Seigneurressuscité, qui guérit et libère du mal, et dela compassion du Serviteur souffrant, qui meurt pour le péchédu monde et qui console les écrasés. Une mission deguérison sous la conduite de l'Esprit implique àla fois un témoignage courageux et une humble présence.

Santé,guérison et le concept de puissances spirituelles

42.L'un des traits dominants du ministère de guérisonexercé par Jésus et tel que décrit dans leNouveauTestament, c'estl'autorité ultime qu'il possède sur toutesles puissances qui déforment et détruisent la vie, ycompris sur la mort (cf. Luc, 7,11-17 ; Jean 11,11 ; Marc5, 35-43). Selon la conception du monde présentée dansla Bible, le monde invisible est une réalité, et lesesprits et le monde spirituel possèdent un pouvoir et uneautorité.

43.En Jésus Christ, le Royaume de Dieu était proche (cf.Mt 4,17 ; Lc 11,20) ce qui fait « frissonner »les démons (Jacques 2,19) parcequ'ils se rendent compte que Christ est venu « pourdétruire les oeuvres du diable » (1 Jean 3,8 ;cf. Colossiens 2,5). Dans la Bible, beaucoup de récits deguérison attribuent la cause de la maladie à des démonset des esprits mauvais et, en conséquence, l'exorcismeest l'un des remèdes les plus courants (cf. Marc1,23-28 ; 5,9 ; 7,32-35 ; Luc 4,33-37 ; Matthieu8,16 ; Jean 5,1-8), car c'est le diagnostic qui déterminela thérapie. On voit donc là, effectivement, une formede guérison qui, dans la Bible, est présentéecomme un duel de puissances - entre le Christ et lesforces du mal - et c'est là une formeparticulière de la mission de guérison qui estactuellement bien mise en relief dans plusieurs Eglises, enparticulier celles d'inspiration pentecôtiste etcharismatique.

44. Par la résurrection etl'ascension, Christ a vaincu toutes les puissances du mal. Dansla liturgie, l'Eglise célèbre cette victoire. Parson témoignage et sa mission, l'Eglise manifeste que lespuissances - toutes les puissances - ont étévaincues et, par conséquent, privées de leur influenceasservissante sur les vies humaines. Ceux qui suivent le Christosent, en son nom, dénoncer et contester toutes les autrespuissances, annonçant ainsi la bonne nouvelle :« Proclamez que le règne des cieux s'estapproché. Guérissez les malades, ressuscitez les morts,purifiez les lépreux, chassez les démons »(Mt 10,7 : cf. Marc 16,20).

45.Cela implique que, dans son ministère de proclamation del'Evangile, l'Eglise doit, consciemment, évoqueret nommer ces puissances et poursuivre la lutte contre le mal, sousquelque forme qu'il se présente. Ces puissances, il nefaut pas tenter de les manipuler mais il faut les reconnaître,parceque leur réalitérepose sur l'emprise qu'elles ont sur les gens qui semettent en rapport avec elles, les considérant comme lescoordonnées vitales de la vie.

Ilconvient d'étudier soigneusement cette question de larelation entre la démonologie - les puissances -et la guérison. L'un des thèmes urgents de ladiscussion théologique est de savoir comment interpréterla réalité et l'influence de ces puissances dansles contextes et cultures de notre temps.19

Maladie,guérison et péché -Le « déjà » et le « pasencore » du Royaume

46.Si, en Christ, le mal et le péchéont été vaincus, il y a encore beaucoup decatastrophes, de maladies, de déficiences et de maux(physiques, moraux, spirituels et sociaux) qui semblent remettre encause l'idée de la venue du Royaume de Dieu. La Bibleconnaît la conviction traditionnelle selon laquelle la maladieou la catastrophe peut être une réponse de Dieu aupéché,individuel ou collectif. A de nombreuses reprises, les prophètesont appelé le peuple de Dieu à se repentir pour avoirdésobéi à la Parolede Dieu. Le NouveauTestament connaît larelation qui peut exister entre le péchéet la maladie (cf. 1 Co 11,28-34). Pourtant, Jésus insistebeaucoup sur le fait qu'il n'y a pas de relation directeentre le péché personnel et la maladie : « Quia péché pour qu'il soit né aveugle ?Lui ou ses parents ? - C'est pour que les oeuvresde Dieu se manifestent en lui » (Jean 9,2). Dans le mêmesens, quand on l'interroge sur des catastrophes, Jésusn'évoque pas la question de leur origine (cf. Luc13,1-5) ; il préfère insister sur la nécessitéurgente de revenir à Dieu et de suivre la vie qu'iloffre.

47.Entre Pâques et la fin de l'histoire,la souffrance ne disparaît pas. Les évangilesn'expliquent pas ce mystère. Mais l'Esprit donne àl'Eglise la force d'accomplir sa mission de guérisonet de réconciliation, et il donne aux gens la capacitéde supporter la souffrance et la maladie à la lumièrede la rédemption du Christ. Christ a payé le prix pourtout péché,il apporte le salut et, de ce fait, aucune puissance n'a uneinfluence nocive définitive sur ceux qui mettent leurconfiance en l'amour de Dieu manifesté en Christ (cf. Rm8,31-39).

48.A la fin, Christ remettra à son Père le Royaume (cf. 1Co 15,24), libéré de la maladie, de la souffrance et dela mort. Dans ce royaume, la guérison sera complète.C'est là que se trouve la racine commune de la guérisonet du salut (salus) : « Il essuiera toutelarme de leurs yeux. La mort ne sera plus. Il n'y aura plus nideuil, ni cri, ni souffrance » (Ap 21, 4).

<typohead type="4">4. L'EGLISE COMME COMMUNAUTE DE GUERISON</typohead>

<typohead type="4">Eglise, communauté et mission</typohead>

49.La nature et la mission de l'Eglise procèdent del'identité et de la mission mêmes du DieuTrinitaire, dont un attribut essentiel est la communautéd'échange et de partage dans une dynamiqued'interdépendance. Il appartient à l'essencemême de l'Eglise - considéréecomme le Corps du Christ créé par l'EspritSaint - de vivre comme une communauté de guérison,de reconnaître et d'entretenir des charismes de guérisonet de maintenir des ministères de guérison, signesvisibles de la présence du Royaume de Dieu.20

50. Etre une communautéde réconciliation et de guérison, c'est uneexpression essentielle de la mission qu'a l'Eglise decréer et renouveler les relations dans la perspective duRoyaume de Dieu. Cela signifie proclamer la grâce et le pardondu Christ, guérir les corps, les esprits et les âmes etréconcilier les communautés déchiréesdans la perspective de la plénitude de vie (cf. Jn 10,10).

51.Il faut réaffirmer ce que déclare le document Missionet évangélisation dans l'unitéaujourd'hui,21 à savoir que « la "mission"implique une conception globale : c'est la proclamation etle partage de la bonne nouvelle de l'Evangile par la Parole(kerygma), les actes (diaconia), la prière et leculte (leitourgia), et le témoignage quotidien de lavie chrétienne (marturia) ; l'enseignementpour édifier et fortifier les gens dans leurs relations avecDieu et les uns avec les autres, c'est aussi la guérisonen vue de promouvoir l'intégralité et laréconciliation dans la koinonia — la communionavec Dieu, la communion avec chaque être humain ainsi que lacommunion avec la création tout entière ».

Guérirles blessures de l'histoirede l'Eglise et de la mission

52.Lorsque des Eglises chrétiennes disent que le ministèrede guérison est un élément indispensable duCorps du Christ, elles doivent également assumer le faitqu'elles ont partagé et partagent aujourd'huiencore une histoire longue et souvent conflictuelle. Des divisionsentre Eglises, la rivalité dans la mission etl'évangélisation, le prosélytisme,l'exclusion de personnesou de communautés ecclésiales tout entières pourdes motifs dogmatiques, la condamnation de différentestraditions ecclésiales anathématisées commemouvements hérétiques, mais aussi une collaborationinacceptable entre des Eglises et des mouvements politiques ou despouvoirs économiques ou politiques, ont laissé desmarques et blessures profondes et nombreuses sur le Corps un duChrist et continuent à avoir des répercussions nocivessur les relations entre confessions.

Leschrétiens et les Eglises ont, aujourd'hui encore,profondément besoin de guérison et de réconciliationles unes avec les autres. Le thème de l'unité del'Eglise demeure une partie essentielle du ministère deréconciliation. Il est vrai que le mouvement oecuméniquea été et est encore l'un des instruments les plusprometteurs, les plus chargés d'espérance, pourles processus nécessaires de guérison et deréconciliation au sein du christianisme.Ce que signifient et impliquent ces processus a étéprésenté dans le document La mission commeministère de réconciliation, quia fait l'objet d'une recommandation de la Commission demission et d'évangélisation en 2004.22

La communautéchrétienne locale, lieu préférentiel duministère de guérison

53.Les colloques de Tübingen de 1964 et 196723ont affirmé que la congrégation - oucommunauté chrétienne - locale étaitl'agent préférentiel de la guérison. Ilsont bien souligné que, aussi nécessaires et légitimesque soient les institutions chrétiennes spécialiséestelles que les hôpitaux, les services de santé primaireet les établissements médicaux spécialisés,toute communauté chrétienne a en soi, en tant que corpsdu Christ, un rôle à jouer et une importanceparticulière en matière de guérison. La manièredont les gens sont reçus, accueillis et traités dansune communauté locale a de profondes répercussions sursa fonction de guérison. La manière dont, dans unecongrégation locale, est établi et entretenu un réseaud'entraide, d'écoute et d'attention mutuelleexprime le pouvoir de guérison de l'Eglise tout entière.Toutes les fonctions fondamentales de l'Eglise locale ont unedimension de guérison pour la communauté tout entièreégalement : la proclamation de la Parolede Dieu, message d'espéranceet de réconfort, la célébrationde l'Eucharistie, signede réconciliation et de restauration, le ministèrepastoral de chaque chrétien, la prière d'intercession,individuelle ou communautaire, pour tous les membres et plusparticulièrement pour les malades.24Dans une communauté locale, chaque individu a quelquechose de particulier àapporter au ministère global de guérison de l'Eglise.

<typohead type="4">Les dons charismatiques de guérison</typohead>

54.Selon la tradition biblique, l'Esprit Saint a accordé àla communauté chrétienne une grandediversité de dons spirituels (cf. 1 Co 12) et, parmi ceux-ci,les charismes relatifs au ministère de guérisonoccupent une place particulièrement importante. Dans unecommunauté donnée, il faut délibérémentencourager tous les dons de guérison, il faut les alimenterspirituellement, il faut les éduquer et les enrichir, mais ilfaut aussi prévoir, pour eux, un ministère appropriéd'accompagnement pastoral et de contrôle ecclésial.Les charismes ne se limitent pas à ce qu'on pourraitappeler des dons « surnaturels », qui dépassentla compréhension commune et/ou une conception personnelledu monde ; ils relèvent d'une conception plus largedans laquelle tout a sa place propre : les capacités etles approches de la médecine moderne, les approches médicalessubstitutives, les dons de guérison traditionnelle ainsi quedes formes spirituelles de guérison.

Quand on considèreles différents moyens de guérison et manières deconsidérer la guérison dans la tradition chrétienne,il convient de mentionner en particulier :

  • le don de prier pour les personnes malades et en deuil ;

  • le don d'imposer les mains ;

  • le don de bénir ;

  • le don d'oindre d'huile ;

  • le don de confesser et d'amener au repentir ;

  • le don de consoler ;

  • le don de pardonner ;

  • le don de guérir les mémoires blessées ;

  • le don de réparer des relations brisées et/ou de guérir l'arbre familial ;

  • le don de la prière méditative ;

  • le don de la présence silencieuse ;

  • le don d'écouter l'autre ;

  • le don de combattre et d'expulser des esprits mauvais (ministère de délivrance) ;

  • le don de prophétie (dans les domaines personnel et sociopolitique).

L'Eucharistie- L'événement chrétien de guérisonpar excellence

55.Dans leur majorité, les chrétiens considèrent lacélébrationde l'Eucharistie comme le don de guérison le pluséminent et l'acte de guérison unique de l'Eglisedans toutes ses dimensions. Si toutes les traditions confessionnellesne conçoivent pas de la même manière lacontribution essentielle de l'Eucharistie à la guérison,de nombreuses Eglises comprennent et expriment mieux, aujourd'hui,l'aspect sacramentel de la guérison chrétienne.Dans l'Eucharistie, les chrétiens vivent personnellementce que cela signifie que d'être rassemblés etunis, reconstituant le Corps du Christ nonobstant les barrièressociales, linguistiques et culturelles - quoique pasencore les barrières entre confessions. La division quisubsiste entre Eglises et qui les empêche de célébrerensemble à la Table du Seigneurest la raison pour laquelle de nombreux chrétiens ont du mal àcomprendre et à vivre le fait que l'Eucharistie estl'événement de guérison par excellence.

56.Pourtant, c'est la liturgie eucharistiquequi constitue le cadre et l'expression visible de la présenceguérissante de Dieu dans l'Eglise et, à traverselle, dans la mission à notre monde malade. La dimensionguérissante de l'Eucharistie est soulignée parune tradition qui remonte aux premiers temps de l'Eglise, àsavoir l'obligation de se réconcilier avec son frèreou sa soeur avant de participer au sacrement. Cette dimensions'exprime également par l'échange de lapaix et par le pardon des péchésentre Dieuet les fidèles dans la liturgie de la confession. De trèsanciens textes témoignent aussi de la pratique qu'avaientles premiers chrétiens de donner l'Eucharistie auxmalades et de l'apporter dans les maisons privées et leshôpitaux. Le Corps du Christ rompu pour le monde souffrant estreçu comme le don fondamental de la grâce guérissantede Dieu. Chaque célébrationeucharistiqueà la fois restaure la communauté de l'Eglise etrenouvelle les dons et charismes de guérison. D'aprèsdes sources anciennes, la tradition liturgique d'oindre d'huileles malades s'enracine dans la célébrationeucharistique.Dans les traditions catholiqueet orthodoxe,l'huile utilisée pour oindre les malades25est sanctifiée par l'évêque dans laliturgie de bénédiction de l'huile au cours de laSemaine Sainte (la messe chrismale), ce qui enracine le ministèrede guérison de l'Eglise à la fois dansl'Eucharistie et dans la croix et la résurrection duChrist.

Ladimension de guérison du culte en généralet des services particuliers de guérison

57.Pour toutes les confessions et traditions ecclésialeschrétiennes, il est certain que la communautérassemblée dans le culte et le culte lui-même peuventavoir une profonde dimension de guérison. S'ouvrir àDieu, qu'on loue et à qui on présente sesafflictions, s'associer aux autres en tant que communautéde croyants, être libéré de la faute et desfardeaux de la vie, vivre même des guérisonsincroyables, s'exalter dans le chant et la louange, ce sont làautant d'expériences profondes de guérison. Celadit, il faut quand même reconnaître que tout cela ne vapas nécessairement de soi. Les gens peuvent êtreprofondément blessés et meurtris par des formesinappropriées de culte chrétien, notamment par des« cultes de guérison » triomphalistesqui glorifient le guérisseur au détriment de Dieu etqui suscitent de faux espoirs. En bien des lieux pourtant, des cultesspéciaux, mensuels ou hebdomadaires, sont vécus commedes témoignages authentiques de la puissance divine deguérison et de sollicitude. En fait, dans des cultes de cegenre, on reconnaît explicitement les besoins de ceux quiaspirent à la guérison, de ceux qui ont perdu quelqu'unou quelquechose, qui sont déchirésou désespérés ou qui souffrent d'unemaladie physique. Dans de nombreusestraditions ecclésiales, les cultes associent àl'Eucharistie le rituel de la prière personnellepour les malades ainsi que l'imposition des mains, ce quiconstitue une réponse appropriée à la fois aumandat de l'Eglise et à l'aspiration des gens àla guérison. Dans ce contexte, il convient de reconnaîtrela contribution que les mouvements pentecôtistes etcharismatiques, tant à l'intérieur qu'àl'extérieur des Eglises historiques, ont apportée,à notre époque, au renouveau de la conception de ladimension de guérison dans le culte et la mission en général.

Approfondirune conception commune d'une spiritualitéchrétienne de la guérison

59.Pour toutes les traditions chrétiennes, il va de soi que l'onne peut considérer les ministères chrétiens deguérison comme de simples techniques, comme des capacitésprofessionnelles ou comme des rituels certains. Tout se fonde sur unespiritualitéet une discipline chrétiennes qui imprègnent tous lesdomaines de la vie personnelle et professionnelle. Cette spiritualitése fonde sur la foi en Dieu,sur la nécessité de suivre le Christ, et elle estfonction de la manière dont on traite le corps mais aussi deslimitations imposées par l'espace et le temps, ladouleur et la maladie, ainsi que de la manière dont on senourrit et on jeûne, dont on prie et on médite, dont onvisite les malades et on aide les nécessiteux, et dont on faitsilence pour s'ouvrir à l'Esprit de Dieu.
Pourdéfinir ce qui constitue une spiritualitéchrétienne authentique, il faut faire preuve de discernement.Il y a certaines théologieset pratiques chrétiennes qui ne contribuent pas à laguérison. Des formes aberrantes de spiritualitéou de piété peuvent amener les fidèles àvivre de manière malsaine et à entretenir des relationscontestables avec Dieuet avec les autres.

Les clercs et leslaïcs dans le ministère de guérison

59.Dans de nombreusescongrégations, on constate que seules les personnesordonnées sont autorisées à donner des signes debénédiction et à prononcer des prières deguérison sur les gens qui en ont besoin. Pourtant, la Biblenous rappelle que l'Esprit et les dons de l'Esprit ontété promis à tous les membres du peuple de Dieu(cf. Ac 2,17 ; 1 Co 12,3 sq.) et que chaque membre de l'Egliseest appelé à participer au ministère deguérison. Il faut encourager les Eglises à soutenir lesdons et les capacités, en particulier, des laïcs, tantdans les congrégations locales que dans les établissementsde soins de santé. Donner à des gens le pouvoir d'agiren tant qu'ambassadeurs du ministère de guérisonest une tâche essentielle tant pour les ministres ordonnéset les diacres de l'Eglise que pour les professionnelschrétiens qui travaillent dans des établissements enrapport avec la santé.

60. Quant àsavoir quelle est la meilleure manière, pour chaque Eglise, dereconnaître le mandat de la communauté locale etd'exprimer la responsabilité des ministres ordonnéset des laïcs dans le ministère de guérison, celadépend de sa tradition et de sa structure propres. Parexemple, l'Eglise d'Angleterre a, dans de nombreuxdiocèses, nommé un conseiller en matière deguérison. Ce ministre est chargé d'encourager, deformer et d'accompagner spirituellement et pastoralement, encoopération avec l'évêque du lieu, lesministères de guérison qui peuvent exister dans lediocèse. C'est ainsi que le ministère de guérisonest visiblement reconnu et soutenu dans l'Eglise dans sonensemble, au lieu d'être simplement déléguéà des institutions spécialisées ou d'êtrerestreint à la situation locale.

Nécessitéd'éduquer les chrétiens au ministère deguérison - Intégration ou cloisonnement ?

61.On admet de plus en plus que l'éducation aux différentesformes du ministère chrétien de guérison n'estpas aussi répandue et développée qu'elledevrait l'être dans les différents secteurs de lavie de l'Eglise. A considérer les programmesd'enseignement de la théologie,on constate que, bien souvent, ils ne contiennent pas - outrop peu - d'enseignement explicite sur uneconception chrétienne de la guérison. Cela dit, cesderniers temps, des efforts ont été faits pour inclurele VIH/sida dans les programmes de certains établissementschargés de l'enseignement de la théologieen Afrique. Néanmoins, bien souvent, les programmes deformation et d'éducation ne sont proposés quedans le cadre d'une formation spécialisée :le personnel infirmier, les médecins et les personnesexerçant un ministère diaconal reçoivent unetelle formation dans le cadre de leur domaine professionnelparticulier. Il n'existe pas d'interaction entredifférents programmes d'éducation et domaines decompétence et, de façon générale,les questions et les thèmes fondamentaux de la guérisonchrétienne sont absents des programmes officiels de formationdes ministres et de la formation des adultes.

Le ministèrede guérison de la communauté et les professionnels dela guérison

62.Les discussions des colloques de Tübingen de 1964 et 1967, lacréation, en 1968, de la Commission médicale chrétienne(CMC) ainsi que l'introduction du concept de soins de santéprimaires (SSP) dans les années 1980 ont favorisél'émergence d'un mouvement en faveur des SSP qui,au départ, était fortement porteur d'espoir maisqui n'a pas duré. Le fossé qui s'est creuséentre, d'une part, la médecine fondée sur lahaute technologie et, d'autre part, les soins de santéprimaires a nui aux efforts déployés pour instaurer unmonde meilleur et plus sain. Si des professionnels chrétiensengagés ont lancé des remarquables programmes de soinsde santé primaires, la participation des congrégationsà ce mouvement en faveur des SSP a étésporadique et faible. Si ce mouvement s'intéressaitaussi, dans une certaine mesure, aux questions de la justice et del'accès aux soins, il a négligé lesaspects spirituels. Dans de nombreuxpays, les systèmes médicaux traditionnels ont étéinutilement condamnés par le système moderne demédecine allopathique et se sont développésisolément, en concurrence avec eux, ce qui a parfois créédes problèmes de relations entre les communautéschrétiennes et les spécialistes de la médecinetraditionnelle.

63.Ces dernières années, d'autres mutationsprofondes de la société et des systèmes de santéont soumis à des pressions contradictoires beaucoup de gensqui travaillent dans le cadre des systèmes médicauxétablis, en particulier dans les pays et centresindustrialisés. Les pressions se sont accentuées pourrationaliser les soins de santé, pour réduire les coûtset le personnelmédical, et cela empêche les médecins, lepersonnelinfirmier et les assistants de s'ouvrir à une approcheholistique de lasanté et de la guérison.En même temps, on constate de plus en plus souvent, dans denombreusesparties du monde, la nécessité de prendre enconsidération, dans les soins de santé, la personnedans sa totalité. On ne voit pas encore très biencomment le personnelmédical va pouvoir répondre à ces requêtesconflictuelles. Il est encourageant de discerner, dans de nombreuxétablissements laïcs du système de santéofficiel, des signes et des manifestations d'une tendance àrechercher et encourager la coopération avec des organisationsreligieuses, et en particulier avec les Eglises chrétiennes.

64. Il faudrait que lesEglises chrétiennes soient ouvertes et réceptives,qu'elles soient disposées à écouter, àtirer des leçons de la situation des personnes qui sontconfrontées aux contradictions et lacunes de plus en plusgraves des systèmes médicaux officiels.

Pourleur part, les professionnels de la santé devraientreconnaître que les questions relatives à la santéne se limitent pas aux individus, qu'elles sont en rapport avecla communauté, laquelle est un réseau social disposantde nombreuses ressources et capacités qui peuvent êtremises au service de la santé. Les professionnels de la santésont appelés à comprendre qu'ils font partie d'unréseau plus vaste de disciplines en rapport avec la guérison,et que ce réseau inclut non seulement les sciences médicales,techniques, sociales et psychologiques mais aussi les religionset les approches traditionnelles de la santé. Si lesprofessionnels adoptent cette conception plus large, cela les aideraà intégrer la souffrance dans le concept de santéet à aider les personnesqui souffrent de maladies physiques incurables à devenir despersonnesguéries. Cela encouragera aussi les professionnels de la santéà communiquer des informations aux patients et à leurdonner la capacité de se sentir responsables de leur propresanté et, ainsi, de prendre les décisions qu'ellerequiert.

65. Il faudrait que,dans la communauté, l'approche des soins de santéprimaires s'appuie sur des établissements appropriésde soins de santé secondaires et tertiaires. Le systèmede passage de l'un à l'autre devrait êtreréciproque et jouer dans les deux sens.

Ministère deguérison et action sociopolitique

66.Si le présent document porte essentiellement sur les aspectsmédicaux et spirituels du ministère de guérison,il reconnaît qu'il existe une définition pluslarge de la guérison dans laquelle sont inclus les effortsdéployés par des individus, des mouvements, dessociétés et des Eglises pour changer fondamentalementdes structures qui favorisent la pauvreté, l'exploitation,le mal et la maladie. L'étude réalisée parla CMC en 199026est un guide d'orientation dont on considère aujourd'huiencore qu'il a gardé toute sa validité pour cetteconception plus large du ministère de guérison, dontl'importance s'est considérablement accrue avec lapandémie du VIH/sida. Le document de 1990 considère quela question de la santé est en rapport avec la justice, lapaix et l'intégrité de la création. Enconséquence, il appartient à la communauté deguérison de « faire entrer le ministère deguérison dans l'arène de l'activitépolitique, sociale et économique :

  • en luttant pour l'élimination de l'oppression, du racisme et de l'injustice ;
  • en soutenant les luttes populaires delibération ;
  • en s'associant aux autres personnesde bonne volonté pour développer la consciencesociale ;
  • en poussant l'opinion publique àsoutenir la lutte pour la justice en matière de santé. »27

67.Tous les chrétiens, et en particulier ceux qui exercent unministère de guérison ou une profession médicaleainsi que ceux qui ont reçu les charismes de prophétie,sont appelés à se faire, sur la scène politiquenationale et internationale, les avocats d'une telle approcheholistique. Du fait de leur compétence et de leur expérienceparticulières, ils ont la responsabilité spécialede parler avec les marginauxet les exclus et en leur nom, et d'oeuvrer àrenforcer les réseaux et campagnes de défense de leursdroits afin de faire pression sur les organisations internationales,les gouvernements, les industries et les établissements derecherche en vue de remettre en cause et de modifier la manièrescandaleuse dont les ressources sont actuellement utilisées.

Formation

68.On voit donc que la mission de l'Eglise comporte de nombreuxaspects qui sont en rapport avec la santé et les soins desanté et, de ce fait, la formation des médecins et desprofessionnels de la santé sera un domaine privilégiéd'action. En outre, les congrégations et les personness'occupant de pastorale doivent elles aussi recevoir uneformation appropriée aux approches holistiques de la santéainsi qu'aux contributions spécifiques qu'ellespeuvent apporter dans ce domaine et qui sont évoquéesdans le présent document.

69. Pour les chrétiens,il s'agit, fondamentalement, de continuer à faire agirles communautés, avec pour objectif d'incorporer lapédagogie de la guérison dans l'Eglise, avec pourobjectif de motiver et mobiliser les communautés :

  • pour qu'elles identifient leséléments constitutifs fondamentaux de la mauvaisesanté, qu'elles comprennent qu'elles ontelles-mêmes un rôle à jouer en la matièreet qu'elles agissent efficacement dans ce sens ;
  • pour qu'elles adoptent la conception holistique du ministèrede guérison que l'on trouve dans l'Evangile ;
  • pour qu'elles coopèrent avecdes secteurs plus larges de la société en vue detransformer la santé et la vie des gens.

5. QUESTIONS EN SUSPENS ET DISCUSSIONS NECESSAIRES

70.On trouvera dans le présent chapitre un certain nombrede questions sur lesquelles les discussions se poursuivent entre leschrétiens relevant de confessions et/ou cultures différentes.Cela ne signifie pas que toutes les affirmations énoncéesci-après sont contestées. Ce sur quoi porte ladiscussion, c'est plutôt l'importance qu'ilfaut leur accorder ainsi que les conséquences de certainesd'entre elles.

Toute guérisonvient de Dieu - Spiritualité chrétienne deguérison et pratiques non chrétiennes de guérison

71.La plupart des traditions chrétiennes, sinon toutes, partagentla conviction que toute guérison vient de Dieu.28Cela dit, la discussion porte sur la conséquence àtirer de cette affirmation vis-à-vis des gens et destraditions relevant d'autres religions ou encore des pratiquesde guérison que l'on trouve dans d'autresreligions.

72.En affirmant la présence des énergies divinesde guérison qui sont à l'oeuvre dansl'ensemble de la création, il convient de remercier etlouer Dieude la multiplicité des moyens, approches et traditions quicontribuent à la guérison des personneshumaines, des communautés mais aussi de la création, enrenforçant leur potentiel de guérison.

73.Cela dit, dans de nombreux contextes - tant àl'intérieur qu'à l'extérieurdes Eglises chrétiennes - dans lesquelsl'aspiration à la guérison est fortementressentie, les Eglises et les établissements chrétiensen rapport avec la santé réfléchissent beaucouppour savoir dans quelle mesure ils peuvent s'ouvrir àdes pratiques de guérison qui s'ancrent dans d'autresreligionset s'appuyer sur elles (c'est le cas notamment dedifférentes approches religieuses de la médecinetraditionnelle, mais on peut aussi mentionner à ce propos leyoga, le reiki, le shiatsu, la méditation zen, etc.). Dansquelle mesure la spiritualitéchrétienne de la guérison est-elle compatible avec despratiques de guérison inspirées d'autresreligions ?De telles pratiques sont-elles conciliables avec les principesfondamentaux de la spiritualitéchrétienne, sont-elles en harmonie avec eux ?

74.La spiritualitéchrétienne devrait faire preuve d'ouverture àl'égard de tous les moyens de guérison offertspar la création de Dieu, toujours à l'oeuvre.En même temps, certaines pratiques de guérison sontassociées à une conception religieuse du monde qui peutêtre en contradiction avec des principes chrétiensfondamentaux, et certains chrétiens sont particulièrementattentifs à ces dangers. Pour d'autres chrétiensencore, il faut être prudent car des puissances spirituellesmauvaises peuvent cacher leur effet destructeur derrière despratiques de guérison apparemment efficaces.

75.Aucune pratique de guérison n'est complètementneutre ; il faut en faire un examen théologique critique.Cela ne veut pas dire qu'il faut exclure complètement,des centres paroissiaux chrétiens, des pratiques telles que leyoga et le reiki. Pour beaucoup de chrétiens occidentaux, onpeut les pratiquer sous des formes qui ne débouchent pas surune dissolution ou une distorsion fondamentale de la foi chrétienneet de la communauté chrétienne. Depuis toujours,l'Eglise sait que Dieupeut révéler certains aspects de la manière dontla création fonctionne et contribue à la guérisonpar l'intermédiaire de personnesparlant d'autres langues et appartenant à d'autrescultures et même à d'autres traditionsreligieuses, et cela vaut aussi dans le domaine du traitementmédical, de la médecine substitutive et des pratiquessubstitutives de guérison.

76. Cela dit, ilconvient d'être prudent sinon même de rejeter detelles pratiques dans les cas suivants :

  • lorsqu'elles créent unedépendance religieuse à l'égard duguérisseur ou du gourou ;
  • lorsqu'elles exigent une obéissancespirituelle, sociale ou économique absolue ;
  • lorsqu'elles maintiennent lespersonnes dans un esprit de menace, d'anxiété oud'asservissement ;
  • lorsque, pourelles, le succès de la guérison implique nécessairementun changement fondamental de la conception chrétienne dumonde.

77.Ainsi que le montre la tradition biblique, les chrétiens sontinvités et appelés à vérifier toutechose, à tenir ce qui est bien et à s'abstenir detoute forme de mal (cf. 1 Thessaloniciens 5,21-22). En présencede pratiques de guérison et d'actions thérapeutiquesénergétiques qui s'enracinent dans d'autresreligions,les chrétiens devraient toujours commencer par redécouvrirla riche diversité et les anciennes traditions spirituelles deguérison que l'on trouve dans l'Eglise chrétienneelle-même.

Discussion sur lesconcepts de démonologie et de « duel depuissances »

78.Dans la théologiechrétienne traditionnelle, la démonologie relèvede l'angélologie (la doctrine relative aux anges). Lesdémons et puissances démoniaques relèvent ducôté « sombre » de la réalitéspirituelle. Dans le discours théologique et oecuménique,on parle de « puissance(s) »dans divers sens. Souvent, en particulier dans les milieuxoecuméniques,ce terme est mis en rapport avec la violence politique et desstructures sociales d'oppression.

79.Chez les chrétiens pentecôtistes/charismatiques -mais aussi chez les personnes qui s'inscrivent dans latradition du christianismeclassique -, le terme « puissances »signifie généralementdes puissances spirituelles, des esprits mauvais, des démons.Dans ce cas, l'expression « duel de puissances »s'entend comme un affrontement entre la puissance (spirituelle)de Dieu et d'autres dieux ou réalitésspirituelles. Ces chrétiens pensent que le Dieuvéritable fera une démonstration de la supérioritéde sa puissance. S'il est important qu'une tellediscussion ne simplifie pas les réalités complexes desmondes des esprits qui prospèrent à l'intérieurdu postmodernisme et parallèlement à lui, il nefaudrait pas non plus qu'elle fasse de l'Esprit Saint unmoyen puissant d'atteindre un but particulier, comme sil'Eglise se devait de justifier leDieu vivant.29Elle n'a pas à prouver que Dieua raison.

80.D'un point de vue oecuménique,les Eglises sont appelées à reconnaître lesdifférents sens donnés au terme de « puissances »,et elles doivent s'opposer à tout réductionnisme.Il est vrai que si, traditionnellement, on a mis les « puissances »en relation avec des forces spirituelles, c'est que, àpremière vue, cela semble correspondre à la positionfondamentale de la Bible ; néanmoins on constate que laBible établit aussi un rapport entre les « puissances »et des réalités sociales et politiques (cf. par exemplele récit de la tentation en Mt 4,11 et Luc 4,1-13) ; onpeut donc y voir une interprétation légitime du messagechrétien.

81. L'intérêtmanifesté par les pentecôtistes et charismatiques pourla « duel de puissances » pose de gravesquestions et peut soulever des problèmes pastoraux etthéologiques. L'idée de « duel depuissances » telle qu'énoncéeci-dessus peut déboucher sur une présentationtriomphaliste et agressive de l'Evangile. Dans certains cas, onattribue à des « esprits » une influenceet un pouvoir qui dépassent ce qui semble êtrethéologiquement acceptable, et alors le sens de laresponsabilité individuelle et collective s'en trouvebrouillé.

82.Il apparaît urgent d'entamer un dialogue interculturel etoecuméniqueapproprié, qui ne pourra être que bénéfiqueau ministère ecclésial de guérison dans sonensemble. Cela étant admis, la démonologie et lesexorcismes posent des problèmes cognitifs et spirituels auxEglises dont le cadre de référence et la théologiesont modelés par un rationalisme scientifique héritédes Lumières, tout comme cette conception en pose àcelle qui explique les événements en se référantà des êtres spirituels

Echangerdes ressources et des points de vue sur la guérison chrétiennedans la communauté oecuménique

83.De nombreusestraditions ecclésiales disposent de riches ressources dans lesdomaines intellectuel, liturgique et théologique, et ellespeuvent contribuer à élaborer une conception holistiquedu ministère chrétien de la santé et de laguérison aujourd'hui et à le faire mieuxapprécier. Il existe des liturgiesde guérison différentes et distinctes dans lestraditions anglicane, orthodoxeet catholique.Il faut les faire découvrir par d'autres confessions ettraditions, mais aussi faire connaître plus largement lesformules qui peuvent exister dans la communauté oecuméniquedes Eglises.

<typohead type="4">6. Etude et dialogue sur la démonologie</typohead>

84. Il serait utile quele programme « Mission et évangélisation »,au COE, lance un large processus d'étude sur la questionde la démonologie et des puissances étant donnéque, comme on l'a vu, il s'agit là d'unsujet auquel les chrétiens et les communautéschrétiennes sont confrontés dans leur vie quotidienne.Il faudrait, dans une partie de cette étude, envisagerl'éventualité de rétablir la fonctiond'exorciste, en tant que ministère chrétien, dansles traditions où elle n'existe pas.

Initiativeoecuméniquesur la spiritualitéde la guérison

85.Il faudrait envisager sérieusement la nécessitééventuelle de lancer, dans les années à venir,une initiative oecuméniquepour approfondir la spiritualitéchrétienne de la guérison et pour encourager des coursde formation sur ce sujet, qui s'adresseraient à desbénévoles,aux professionnels des soins de santé et aux ministresordonnés.

Organiserdes tables rondes sur l'avenir de la santé, de laspiritualitéet de la guérison

86.Dans de nombreux pays, des établissements officiels de soinsde santé sont en pleine mutation et traversent une criseinstitutionnelle, en raison en particulier de facteurs économiqueset de l'instabilité financière, du manque de bonsgestionnaires et de dirigeants qualifiés, de l'augmentationdes coûts de la médecine fondée sur latechnologie moderne, de la modification des comportements despatients, du refus des patients de se soumettre aveuglémentainsi que des déséquilibres démographiques queconnaissent beaucoup de sociétés occidentales. Dansl'histoire,la mission chrétienne a joué un rôled'avant-garde en créant et développant le systèmede santé de beaucoup de pays du Sud. Elle a en outre contribuéà surmonter la crise des établissements officiels dessoins de santé au début du 21e siècle.Dans le sens de la tradition de la Commission médicalechrétienne ainsi que de récentes propositions,30le présent document recommande que les diverses commissions etassociations médicales chrétiennes existant dans lesdifférentes régions du monde associent leurs effortspour créer des forums de dialogue interdisciplinaire quitraiteront des futurs systèmes de santé et de soins desanté tant en Occident que dans le Sud. Il faudrait rechercherdes moyens d'organiser des échanges et de renforcer lacollaboration entre les différentes associations médicaleschrétiennes régionales pour donner un nouveau profil auministère chrétien de guérison et le rendre plusvisible et plus efficace aux yeux du monde.

 

1 Document préparatoire n° 10 ; voir www.mission2005.org
2 Cf. Christina de Vries: "The Global Health Situation: Priorities for the Churches' Health Ministry beyond AD 2000", in : International Review of Mission (IRM), vol. XC, nn° 356/357, pp. 149 sq.
3 Pour la définition donnée par le COE, cf. § 30 ci-après.
4 Organisation mondiale de la Santé (OMS) : Rapport sur la santé du monde - Changer le cours de l'histoire, Genève 2004.
5 Organisation des Nations Unies : Rapport sur les objectifs du millénaire pour le développement. Cf. www.un.org/french/millenniumgoals/index.html. On se réfère ici aux objectifs suivants : n° 4 : « Réduire de deux tiers le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans » ; n° 5 : « Réduire de trois quarts le taux de mortalité maternelle » ; n° 6 : « Stopper la propagation du VIH/sida et commencer à inverser la tendance actuelle ; maîtriser le paludisme et d'autres grandes maladies, et commencer à inverser la tendance actuelle ».
6 OMS : op. cit. (note 4).
7 Cf. La guérison et l'intégralité - Le rôle des Eglises dans le domaine de la santé (« Healing and Wholeness. The Churches's Role in Health »). Rapport d'une étude de la Commission médicale chrétienne, COE, Genève 1999, p. 1 ; document reçu par le Comité central.
8 Par exemple la « restauration rapide » ainsi que d'autres tendances de la consommation - qui, dans les sociétés riches, provoquent une surcharge pondérale chez les enfants et les adultes -, la toxicomanie, la surconsommation de télévision et de films et jeux vidéo, etc.
9 Cf. Harold G. Koeching, Michael E. Muccullogh, David B. Lason (dir.) : Handbook of Religion and Health, Oxford University Press, New York 2001.
10 La question de la relation entre Evangile et culture a fait l'objet de sérieuses discussions à la Conférence mondiale sur la mission et l'évangélisation qui s'est tenue à Salvador de Bahia en 1996 ; cf. Christopher Duraisingh (dir.) : Called to One Hope. The gospel in diverse cultures, COE, Genève 1998.
11 Cette conception a particulièrement été développée par Paul Tillich - cf. Tillich: "The meaning of health" (1961) in : Id. : Writings in the Philosophy of Culture/ Kulturphilosophische Schriften (Main works/Hauptwerke 2), publié sous la direction de M. Palmer, Berlin-New York, 1990, pp. 342-352 ; Paul Tillich : "The relation of religion and health. Historical considerations and theoretical questions" (1946), in: Ibid., pp. 209-238. Id. : Systematic Theology III. Life and the Spirit, History and the Kingdom of God, Chicago 1963, pp. 275-282.
12 Etude de la CMC sur « la guérison et l'intégralité », op.cit. (note 7), p. 6.
13 A titre d'exemple, on citera la conception de « salutogenèse » développée par Aaron Antonowsky, spécialiste de la sociologie médicale, qui se concentre sur ce qui aide à maintenir la santé et le bien-être dans le corps et l'âme plutôt que de se focaliser sur les facteurs qui produisent la maladie.
14 A Time to Heal. A Report for the House of Bishops of the General Synod of the Church of England on the Healing Ministry, Church House Publishing, Londres 2000
15 La mission dans le contexte : Transformation, Réconciliation, Dynamisation - Une Contribution de la FLM à la Compréhension et à la Pratique de la Mission, FLM, Genève 2005.
16 Cf. IRM vol. 93, n° 370/71, juillet-octobre 2004 : "Divine Healing, Pentecostalism and Mission".
17 C'est le cas par exemple de l'étude publiée par la CMC en 1990 : La guérison et l'intégralité, op. cit. (note 7).
18 Rapport d'un groupe de travail d'un colloque organisé avec des pentecôtistes au Ghana en 2002, publié dans l'IRM, juillet-octobre 2004 (op. cit. note 16), p. 371.
19 Cf. chapitre 5 ci-après.
20 Cela vaut à la fois pour les congrégations/paroisses mais aussi pour les établissements de soins de santé liés aux Eglises ainsi que pour les services spécialisés de diaconie.
21 Document préparatoire n° 1.
22 Document préparatoire n° 10, op. cit. (note 1).
23 Il s'agit de deux colloques qui se sont tenus à l'Institut allemand pour la mission médicale (Difäm), à Tübingen (Allemagne) et qui sont à l'origine de la création de la Commission médicale chrétienne et de tout ce que fait le COE dans le domaine de la santé. Cf. The Healing Church. The Tübingen consultation 1964, COE, Genève 1965, et James C. McGilvray : The Quest for Health and Wholeness, Difäm, Tübingen, 1981.
24 Voir à ce sujet l'excellent chapitre consacré à la communauté de guérison dans le document de la CMC : La guérison et l'intégralité, op. cit. (note 7), pp. 31-32.
25 Ce n'est qu'au moyen-âge que ces pratiques ont été restreintes à un signe sacramentel réservé aux mourants : l'extrême-onction.
26 La guérison et l'intégralité, op. cit. (note 7).
27 Ibid., p. 32
28 Cf. IRM juillet-octobre 2004, op. cit. (dialogue avec les pentecôtistes) ; voir aussi le document de la FLM : La mission dans le contexte, op. cit. (note 15), p. 39. On trouve déjà cette affirmation que toute guérison vient de Dieu dans les documents produits par le colloque de Tübingen de 1964 ; cf. The Healing Church, op. cit. (note 23), p. 36.
29 En fait, c'est plutôt Dieu qui justifie son Eglise ; cf. Mt 10,19-20 ; Lc 21,15 ; Mc 13,11.
30 Voir les conclusions du colloque qui s'est tenu à Hambourg en 2000, publiées in : IRM, vol. XC, n° 356/357, janvier-avril 2001, sur le thème : Santé, foi et guérison