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Exposé par l'Archevêque d'Athènes et toute la Grèce, Monsieur Christodoulos
A l'invitation de l'Association gréco-suisse Jean-Gabriel Eynard
Université de Genève

INTRODUCTION

Lors de 50 dernières années, la médicine a fait des très importants progrès, par contre, la vie humaine n'était jamais autant et si étroitement menacée qu'aujourd'hui, par ce progrès. Les scientifiques même, n'ont jamais pris plus profondément conscience de leurs responsabilités, vis-à-vis d'une dispersion irrationnelle de méthodes médicales, qui pourraient contribuer à mettre en danger, l' hypostase même de l'être humain. La problématique y afférente connaît, à nos jours, une vraie évolution, avec une abondance croissante des voix de ceux qui, dans leur préoccupation quant à l'évolution qui se désigne, recherchent une restriction, dans un cadre réglementaire, plutôt éthique, de la recherche scientifique, dans le but d'écarter les résultats indésirables vis-à-vis de l'humain.

La santé, a toujours été au centre des intérêts des humains. Les moyens de la connaissance et de la technique au service de l'homme, ont été très limités, il n'y a pas longtemps, et de ce fait, nous n'avons pas eu à faire face aux conséquences indésirables dues à l'intervention médicale qui pourrions perturber l'équilibre psychique d'une manière incontrôlable. L'évolution rapide et le développement de la recherche et technologie bio-médicale, leur ont permis à jouer un rôle très dominant et, avec l'aide des paramètres économiques et sociopolitiques, de notre ère, le plus profond du corps humain a été accédé et, par conséquent, a permis d'y toucher, d'une manière dangereuse, les secrets et les profondeurs de l'âme humaine.

A cet effet, les sciences humaines et théologiques, sont obligées d'abandonner la position du récepteur passif, du spectateur même et, parfois, d'un admirateur minoritaire des exploits de la recherche et, de s'activer vers le rôle de la critique, de l'évaluation et de l'estimation, sur le quant et comment et si dans l'avenir, le résultat de la recherche peut passer dans le stade de l'application.

Le besoin de trouver les limites entre la guérison et la destruction, à ce que détermine la santé et à ce que l'arrogance irrationnelle humaine fixe, à ce que soulage la douleur du corps humain et à ce que devit l'âme humaine de son orientation, à l'amour pour la vie même et le manque du respect à la personne humaine, mets en évidence la notion du Bioéthique avec un caractère purement spirituel.

CONSTITUTION DE LA COMMISSION DE LA BIOETHIQUE

Les vibrations de cette problématique dans le secteur de la bioéthique, ne pourraient pas laisser l' Église de Grèce à l'écart. Notre monde, les fidèles et la société en générale, ainsi que la communauté internationale, ont toujours demandé et insistent à demander la parole ecclésiastique Orthodoxe.

Ainsi, le besoin de la parole ecclésiastique, bien traitée et bien éclairée, nous a conduit à la création d'une commission, à titre consultatif, ayant un rôle et une mission d'en informer en profondeur les responsables et les autorités compétentes, et de traiter en détails ces aspects, du coté Orthodoxe. Sa mission consiste aussi, au suivi de l'actualité y afférente et du dépôt du témoignage ecclésiastique, le plus valable possible.

En Décembre 1998, l' Église de Grèce et plus particulièrement, la Sainte Synode de l'Église de Grèce, a crée sa propre Commission sur la Bioéthique. Notre Commission est composée des éminents scientifiques, principalement des académiciens, qui combinent le prestige de leur position et l'intégrité scientifique avec le respect envers l'Église et la sensibilité sociale. La plupart entre eux, ont déjà une connaissance spécifique en matière de Bioéthique, ont prononcé des discours et ont participé a des conférences, tables rondes et conférences de presse. La composition de la Commission comporte neuf membres et plus particulièrement, trois Professeurs de Théologie, trois de la Médicine, un de la Biologie et de la Génétique, un du Droit et un représentant de la Sainte Synode qui préside, sans compter les membres suppléants. Il faut aussi mentionner, les groupes des jeunes, comme collaborateurs extérieurs, qui contribuent a cet oeuvre, selon les besoins.

La composition de cette Commission constitue un plein droit de l'Église, ou bien une affaire purement intérieure, mais d'un autre part, constitue un devoir vis-à-vis de son troupeau et notre société, ainsi qu'en vers l'histoire et notre monde, également. Nous éprouvons une responsabilité pesante, afin que notre Église puisse fonctionner comme inspirateur du bon, ou bien du mauvais usage des obtentions biomédicales contemporaines.

Par ailleurs, le premier Centre de la Bioéthique et de la Déontologie, comporte lors de la création, une bibliothèque riche, des espaces des réunions, un grand choix des périodiques spécifiques et des archives des publications et des textes officielles, ainsi qu'un site officiel bien mis à jour. Ce Centre abrite l'environnement du travail et du fonctionnement de la Commission de la Bioéthique de la Sainte Synode de l'Église de Grèce, et constitue l'ambiance dans laquelle le fruit des efforts de nos collaborateurs se développe.

Le travail effectue dans ce cadre et au nom de l'Église de Grèce, embrasse chaque initiative de notre pays dans ce domaine et, en parallèle, acquiert un caractère oeucumenique, étant donné que des pareils affaires concernent tout le monde Orthodoxe. C'est là qui bat le coeur de la problématique bioéthique contemporaine, qui dépasse les frontières nationale de la Grèce et ceux de l'Église.

Dans ce sens, notre Commission a développé la collaboration avec des comités gouvernementaux employés dans des affaires de la Bioéthique, comme la Commission de la Bioéthique du Premier Ministre, le Conseil National de la Bioéthique et de la Déontologie, la Commission du Ministère de la Santé pour la fécondation in-vitro, l'Organisme Nationale des Transplantations. D'autre part, notre Commission a joué un rôle consultatif dans le cadre des travaux du Parlement Grec, du Parlement de Chypre, et de l'Assemblée Interparlementaire Orthodoxe. La parole de l'Église de Grèce est considérable, dans la procédure de la préparation du droit, concernant la réglementation des affaires qui touchent la sphère de la bioéthique en Grèce, ainsi qu'aux Institutions européennes en matière du Droit.

En ce qui concerne les relations de l'Église de Grèce avec les autres Églises Orthodoxes et les Comités Internationales, il va sans dire, qu'il y a un contact avec le Patriarcat Oeucoumenique, l'Archevêché des Etat Unis, le Patriarcat de Moscou, le Patriarcat de Roumanie, le Patriarcat de Serbie, même avec les groupes individuels des spécialistes aux Etats-Unis, le Royaume Uni, la France, la Chypre, etc.

Il faut encore ajouter, que certains membres de notre Commission ont été invités, a plusieurs reprises, par l'Académie Pontificale pour la Vie, pour soumettre le témoignage Orthodoxe. Ainsi le Vatican, a par ailleurs demandé, plusieurs fois, la participation du représentant de notre Commission aux conférences dans le même contexte, pour un échange de vues, au niveau social. Une étroite collaboration entre les Commissions de deux Églises a été développé, sur des dilemmes et le préoccupations qui se propagent suite aux débats et aux décisions réglementaires du Parlement européen dans ce contexte.

Enfin, notre Commission se trouve en collaboration avec l' Église Anglicane, le Conseil des Églises Européennes, et nous sommes constamment informés des positions interreligieuses et des positions officielles des plusieurs religions et organisations qui sont actives sur les affaires de sa responsabilité.

BUT ET METHODE DE TRAVAIL

Le but de la Commission est la recherche de la vérité, selon la base et la méthodologie académique. Cette recherche s'adresse sur les aspects biomédicaux et les problèmes qui en résultent de l'application de cette science, toujours dans l'optique de l'éthique Orthodoxe et la compréhension théologique, ecclésiastique de l'homme, de la société et des valeurs. Une recherche qui, bien évidemment, est basée sur la perception de la realité vitale du Dieu, notion qui est exprimée dans la grammatologie patronale Orthodoxe et la tradition ecclésiastique. Le but en lui-même, n'est pas l'information du public, mais le traitement détaillé des aspects bioéthiques, qui lui sont confiés par la Sainte Synode ainsi que la consultation qui en suit. Par conséquent, l'esprit dans lequel la Commission travaille, va dans le sens théologique et pastoral au même temps.

Cette commission a les compétences suivantes :

  1. Informe la Sainte Synode sur les préoccupations bioéthiques, bien précises, et lui propose des positions, pour permettre à l'Église, officiellement et en fondement, pouvoir cultiver Ses spirituels et diriger les fidèles.
  2. Envoie représentant de l'Église, sous recommandation de la Sainte Synode, aux congrès, aux comités, aux émissions sociales, etc.

  3. Influence, dans la mesure du possible, les décisions relatives des autorités sociales, politiques et législatives.

  4. Valorise les divers domaines de la Bioéthique, afin de passer l'éducation de l'Église Orthodoxe, sur l'âme et l'homme et de transmettre le sagement et Sa parole, par le moyen d'une dialecte contemporaine et une communication dialectique.

  5. Organise en collaboration avec d'autres représentants, du milieu académique, judiciaire et sociale, des congrès, des journées, des séminaires, des tables rondes et des présentations d'information.

  6. Procède à la publication des brochures théologiques, à la portée du peuple, et à la diffusion des documents qui contribuent à réfuter des positions erronées, et essaie d'informer le vaste public.

  7. Entreprends l'achèvement des doctorats, ou bien la rédaction des études du contenu similaire, des étudiants et des jeunes scientifiques. Par ces moyens, la Commission, peut augmenter son influence, élargir le spectre de ces collaborateurs, s'exposer à la connaissance nouvelle, et à la pensée et la mentalité juvénile, de maintenir son actualité et mettre en évidence son prestige, conserver le contact avec les écoles universitaires et la problématique académique.

Il est évident, que pour chaque sujet particulier, nous procédons préalablement, afin de bien s'informer, à l'élaboration de l'étude, aux séminaires, à des rencontres avec des scientifiques spécialistes en la matière, comme des médecins, des biologistes des généticiens, des spécialistes en droit, des sociologues, des psychologues et des théologiens. Ce travail préparatoire, nous permet de garder le contact avec les textes et les personnes qui expriment les positions et les conclusions d'autres religions, des comités politiques, le résultat même de l'effort du dialogue et de la communication interreligieuse, afin de soumettre la proposition du coté Orthodoxe, d'une manière complète et compréhensible sur ces problèmes et ces dilemmes.

Par la suite, après l'examen de chaque sujet par les Membres de la Commission, une proposition est soumis à la Sainte Synode, pour approbation. Ensuite, nous organisons deux journées d'études. La première s'adresse aux scientifiques qui désirent entendre, critiquer et réagir sur les critiques. En parallèle, nous organisons une journée pour les prêtres, afin de nous rendre compte du contrecoup, que cette position de la Commission sur la Bioéthique, a sur la conscience du monde cléricale. Cette procédure nous permet d'élaborer, plutôt, la voix de conscience de l'Église, au lieu d'imposer un texte qui pourra conditionner les consciences.

Nous avons des projets d'organiser dans l'avenir, un congrès inter-orthodoxe pour une meilleure élaboration des ces matières et, d'un second, interreligieux. Nous sommes en mesure de confirmer, que nous avons reçu des réponses positives, de la part des plusieurs Églises.

POSITIONS OFFICIELLES

Le premier sujet sur lequel, notre Commission a rendu son avis, était celui de l'éthique des transplantations. Le fruit de ce travail, était un mémoire exhaustif qui a été soumis à la Sainte Synode. Ce mémoire comportait cinquante cinq (55) positions avec un exposé des motifs et portait le titre, «Éthique des Transplantations». Il contient, également, neuf travaux originales qui couvrent le spectre de la problématique y afférente.

Etant donnée le sujet délicat, qui sensibilise l'ensemble du clergé et des fidèles, nous avons organisé des journées d'études, une pour les prêtres du bassin d'Attiki et une autre pour le public, les médecins et les infirmiers. Le but de ces journées était, l'information, d'une coté, sur la présente situation et, d'autre part, la projection de l'avis de la Commission, soumis à la consultation du clergé et des médecins, procédure qui nous a permis d'améliorer le texte originale, selon les contre positions et les réserves.

Ce texte a été débattu dans le cadre de la Séance Plénière de la Sainte Synode et a, par la suite, pris sa forme finale.

Le deuxième sujet que notre Commission a examiné, était le sujet de l'éthique des méthodes de la reproduction assistée. L'élaboration de notre position, a nécessité des rencontres avec des embryologues cliniques et des accoucheurs gynécologues, des spécialistes en Droit et des Professeurs de la Théologie.

En parallèle, le Président et les Membres de la Commission, se sont rendus sur place, à des laboratoires et des cliniques de reproduction assistée afin de former un avis concret sur le sujet. Ils ont été informés, également, de la bibliographie contemporaine, de la législation internationale et des positions présentées par les diverses religions.

De plus, un séminaire relatif a été organisé, qui comportait sept matières de trois heures, avec des conférences et débats, avec la participation de vingt conférenciers, en total, qui ont abordé le sujet, chacun par son optique, la médicale, l'infirmière, la sociale, la judiciaire, l'éthique et la théologique. Ce séminaire a été suivi par une centaine de jeunes scientifiques des sciences relatives. De cette façon, la recherche sur les méthodes de la reproduction assistée a été conclue, avec la présentation a la Sainte Synode, d'un mémoire relatif, de quatre-vingt deux (82) articles, et d'un texte qui comporte treize travaux originales sur le sujet.

Le troisième sujet qui a été traité par la Commission de la Bioéthique, est celui de l'euthanasie. L'élaboration de l'étude de ce sujet comportait, outre les rencontres avec les scientifiques spécialistes, un séminaire spécialisé post-universitaire et une journée d'étude, ouverte au public. Le premier a eu lieu au Centre de la Bioéthique, et le deuxième à Thessaloniki. Après la fin des travaux, un texte de cinquante cinq (55) positions a été soumis à l'Église. La procédure d'approbation étant la même avec celle déjà décrite auparavant.

Ces trois textes ont été traduits en Anglais, en Français et en Russe et ont été présentés sur le Internet et, très prochainement, nous finalisons leur édition dans des brochures indépendantes. Nous espérons, de cette manière, élargir le dialogue inter-orthodoxe sur les aspects de la bioéthique et, d'autre part, aider les prêtres, les médecins et les fidèles, d'être bien éclairés en la matière. Par ailleurs, elle permets a l'Église Orthodoxe, de soumettre son témoignage, dans le cadre de cette problématique au niveau international.

La plupart de Membres de la Commission, participent déjà aux divers congrès, symposium scientifiques, donnent des conférences de presse, écrivent des articles et des livres et, contribuent ainsi, à la diffusion de la parole Orthodoxe sur la Bioéthique. Il est intéressant, qu'avec l'aide de notre Commission, et la disposition des outils et de la bibliothèque du Centre de la Bioéthique et de la Déontologie, cinq nouveaux théologiens ont reçus leurs doctorats sur la Bioéthique. Leurs thèses ont déjà été publiées, certaines entre elles, sont en train d'être traduites dans des langues européennes, également.

Dans la présente phase, la Commission fonctionne en groupes d'étude et des sous-commissions et élabore des sujets de la mécanique génétique, des relations du médecin avec les patients. Nous espérons nous étendre, petit à petit, dans d'autres domaines, comme celui de la Neuroéthique, etc.

Parallèlement, avec l'étude des sujets spécifiques, la Commission suit très étroitement les développements dans le domaine de la Bioéthique. De cette manière, les sujets du clonage, la tendance pour l'usage généralisé du contrôle de la paternité, l'adoption des nouvelles lois en Grèce, qui concernent l'assistance à la reproduction humaine, les permis déjà rendus, pour la production et la distribution commerciale des aliments génétiquement modifiés, la tyrannie de la connaissance due à l'explosion des méthodes qui sont liées à la prévision éventuelle des diverses maladies, les débats sur l'étude des cellules souches et la légalisation sur l'euthanasie, dans les autres pays européennes, les biobanques, les incidents de commercialisation des organes, qui se propagent de plus en plus souvent, dans des pays du tiers monde, en particulier, le développement rapide des neurosciences, et d'autres sorte de nouvelles sciences encore, demandent une information continue, le classement méthodique des relatives informations, et l'intervention bien élaborée, quand ceci est possible.

EN CONCLUSION

L'Église de Grèce, lors de huit dernières années, poursuit un oeuvre énorme dans le domaine de la Bioéthique. Nous estimons que la recherche et le traitement de ces sujets, a part leur nécessité pastorale, constituent une opportunité unique pour l'Église Orthodoxe, et lui donne l'occasion d'exprimer la parole théologique contemporaine, pour l'homme comme personne, comme image du Dieu, comme «animal déifié».