Disponible en:

Genève, le 29 mai 2006

Je me dois d'exprimer mes remerciements cordiaux à Monsieur le Secrétaire général du Conseil oecuménique des Églises, le Dr Samuel Kobia, et à ses collaborateurs de l'honneur de cette invitation et de l'accueil chaleureux qu'ils m'ont réservé ainsi qu'aux membres de la délégation de l'Église de Grèce. Notre rencontre d'aujourd'hui est le résultat d'une série de contacts constructifs de collaboration. Elle est cependant aussi très importante non seulement du point de vue de l'endroit, mais aussi du moment où elle a lieu. L'endroit est ce grand centre du dialogue oecuménique pour l'unité des chrétiens, alors que le moment coïncide avec les nouvelles perspectives du Mouvement oecuménique, au lendemain des décisions significatives prises par la 9ème assemblée générale à Porto Alegre.

I.

Le Mouvement oecuménique pour l'unité des chrétiens est né sur les ruines de l'antagonisme confessionnel et du prosélytisme illicite entre anciennes et plus jeunes traditions chrétiennes qui subsistent comme vestiges tragiques de préjugés contradictoires, d'expériences traumatiques et de conflits sanglants du passé historique. Les tentations agnostiques voire athées prônées par l'intelligentsia et l'idéologie européenne avaient profondément imprégné la doctrine politique et la culture juridique des temps modernes. Elles ont contraint les traditions chrétiennes à transcender l'introversion complaisante et l'isolement de leur théologie de réfutation voire de polémique pour chercher à se rapprocher, adopter une démarche commune et coopérer face au fléau du modernisme menaçant la relation spirituelle que les Églises chrétiennes entretenaient traditionnellement avec la société.

L'antagonisme confessionnel insensé, auquel les traditions chrétiennes se sont livrées, a porté atteinte à la crédibilité du message chrétien dans une période marquée de multiples confusions idéologiques, spirituelles, sociales, etc. Dans ce sens, les conséquences douloureuses de cet antagonisme ont révélé la nécessité d'un dialogue oecuménique sincère entre les traditions chrétiennes, destiné à rétablir la communion de foi et le lien de l'amour, même si cet objectif sacré exigeait un long et pénible effort pour envisager les divergences théologiques héritées du passé. Dès les dernières décennies du XIXe siècle, le besoin s'en est fait sentir, mais l'effort a été systématisé grâce à des initiatives concrètes, prises au début du XXe siècle, qui ont eu un immense retentissement sur l'ensemble du monde chrétien. Cela, d'une part, car le Fondateur de l'Église, notre Seigneur Jésus Christ, l'avait prescrit, d'autre part, car le souci de préserver l'unité du corps ecclésial est non seulement un élément fondamental de l'Eglise, mais il en fait partie intégrante.

Rappelons que l'Église orthodoxe a adhéré d'emblée à l'idée du dialogue oecuménique engagé entre les traditions chrétiennes en vue de coopérer face aux problèmes communs et d'encourager le dialogue théologique destiné à supprimer les divergences théologiques entravant le rétablissement de la communion ecclésiale. Or, aussi bien les Encycliques patriarcales (1902, 1904) que la réponse favorable des Églises orthodoxes territoriales ont ouvert de nouvelles perspectives à l'idée du dialogue oecuménique et trouvé un grand écho dans la chrétienté en Occident. Malgré l'inexplicable réticence voire l'attitude négative, initialement observée par l'Église catholique romaine jusqu'à la 2ème guerre mondiale, la remarquable et active représentation de l'Église orthodoxe aux conférences oecuméniques informelles de Genève (1920), de Lausanne (1927) et d'Edimbourg (1937) a déterminé les principes théologiques et les critères ecclésiologiques qui devaient régir le processus engagé en commun pour aboutir à une expression institutionnelle du Mouvement oecuménique.

L'Église orthodoxe de Grèce a apporté sa contribution à ce processus préparatoire. L'importance de sa contribution consiste aussi bien à son empressement à répondre à l'appel qu'à la substance de son apport théologique aux perspectives du dialogue oecuménique. Il est très significatif que durant cette période transitoire, de grandes figures - de hauts dignitaires ecclésiastiques et des théologiens - ont soutenu avec enthousiasme ces perspectives. L'archevêque d'Athènes et de toute la Grèce Chrysostome Papadopoulos, l'éminent professeur Amilcas Alivizatos et d'autres théologiens universitaires de renom ont marqué de leur contribution théologique la présence de l'orthodoxie au dialogue oecuménique pour l'unité des chrétiens. En effet, ils ont siégé parmi les membres éminents de la Commission permanente chargée de continuer le travail préparatoire et excellé dans des postes de responsabilités en qualité de vice-présidents ou de secrétaires pour aligner les travaux desdites conférences sur les objectifs du Mouvement oecuménique qui ont abouti à la création du Conseil oecuménique des Églises en 1948.

Le Conseil oecuménique des Églises a donc vu le jour dans la ville hospitalière de Genève, ce centre mondialement reconnu du dialogue international pour la paix, la justice sociale et les droits de l'homme. Par sa création à une période critique, il a servi de tribune sérieuse et internationalement crédible non seulement aux Églises orthodoxes en proie aux difficultés à cause des régimes communistes dans les pays où elles étaient installées, mais aussi pour la chrétienté de l'Occident. Dans ce sens, la participation officielle de l'Église orthodoxe tant dans la déclaration de création du Conseil que dans l'élaboration de ses principes constitutionnels a été très significative. En effet, de l'aveu général, par sa participation active, la base ecclésiale dans la composition du Conseil a été élargie, même si, jusqu'en 1961, les Églises orthodoxes de l'Est n'avaient pas la possibilité d'y participer pour des raisons évidentes. En outre, elle exposait dans le dialogue oecuménique les critères théologiques et ecclésiologiques pérennes de la tradition patristique, même si ces critères rendaient plus difficile le processus de convergence concertée des présupposés ecclésiologiques différents.

Dès lors, il est aujourd'hui officiellement reconnu que la création du COE a manifestement donné lieu à un nouveau contexte institutionnel, destiné à promouvoir les relations constructives entre ses Églises-membres, et à encourager l'idée des dialogues théologiques bilatéraux et multilatéraux. L'Église de Grèce a adhéré à ces nouvelles perspectives, confiant à d'éminents professeurs universitaires d'Athènes et de Thessalonique, le soin de présenter les propositions orthodoxes : Amilcas Alivizatos, Panayotis Trembelas, Panayotis Bratsiotis, Ioannis Karmiris, Gérassimos Konidaris, Nikos Nissiotis, Ioannis Romanides et bien d'autres. Ces grandes personnalités ont offert de précieux services théologiques dans cette mission plurivalente de l'Église orthodoxe. Je me dois de citer ici quelques exemples de cadres actuels de notre Église qui ont pris la relève, continuant la vision de ces pionniers de l'oecuménisme : Leurs Éminences les métropolites Chrysostome de Péristérion et Ambroise de Kalavryta, Son Excellence l'évêque Jean de Thermopyles, les professeurs Vlassios Phidas, Constantin Scouteris, Georges Martzélos, Georges Galitis et Pierre Vasiliades. Cependant, l'Église orthodoxe a été confrontée aussi à de sérieuses difficultés internes concernant sa participation officielle aux instances du Mouvement oecuménique. Cela, à cause des faits historiques négatifs que les Églises orthodoxes ont connus, malheureusement aussi à cause d'un manque d'information objective de leurs ouailles sur cette nouvelle vision pour l'union des Églises.

Certes, les Églises orthodoxes ont été confortées dans leurs réactions par :

  1. la suppression irréfléchie (1962) de la célèbre Déclaration du Comité central de Toronto (1950) concernant les Déclarations orthodoxes séparées sur des questions de foi ou de discipline de l'Église ;

  2. le déséquilibre proportionnel qui s'est progressivement installé aux dépens des Orthodoxes à cause de l'adhésion en masse de nouvelles Églises-membres ;

  3. le manque de rigueur dans l'application des critères théologiques contenus dans les dispositions constitutionnelles du COE, s'agissant de la procédure d'acceptation de nouveaux membres ;

  4. l'instauration d'une terminologie oecuménique obscure ou ambiguë au moment de préparer les projets de documents théologiques sur des questions importantes de foi, notamment sans la due participation de délégués orthodoxes aux comités de rédaction ;

  5. l'instauration obligatoire du principe de majorité au moment de l'acceptation de documents théologiques par la Commission « Foi et Constitution », voire par d'autres Commissions du COE ;

  6. les confusions périodiques sur les limites des compétences des organes constitutionnels du COE dans le fonctionnement des relations entre Églises-membres ;

  7. la réticence d'engager des théologiens orthodoxes pour pourvoir des postes dans l'administration centrale du COE.

Ces disfonctionnements structurels et institutionnels, qui heurtaient la conscience ecclésiologique sensible de l'Église orthodoxe, ont fait l'objet de rapports-propositions, conjointement présentés par de délégués du COE et de l'Église orthodoxe (Desiderata de Sofia). Cependant l'absence de volonté ou la difficulté d'accepter les suggestions orthodoxes a suscité l'intervention officielle de la IIIe Conférence panorthodoxe préconciliaire (réunie à Chambésy en 1986), qui a déclaré : d'une part, l'insistance de l'Église orthodoxe à l'article-base de la Constitution du COE et aux buts qu'il s'était fixé ; d'autre part, son intime conviction « que les présupposés ecclésiologiques contenus dans la Déclaration de Toronto (1950) […] sont d'une importance primordiale pour la participation orthodoxe audit Conseil […] » Les propositions importantes faites par les Orthodoxes à la 6ème assemblée générale de Vancouver pour équilibrer le travail théologique et social du Conseil n'ont pas atténué les disfonctionnements institutionnels opérant au détriment de la présence orthodoxe. Or, au lendemain de la chute des régimes communistes, les anciennes réactions orthodoxes se sont ravivées, menaçant l'unité interne de certaines Églises orthodoxes.

II.

Cette nouvelle réalité a manifestement rendu nécessaire une approche plus positive des propositions orthodoxes, notamment après le départ provisoire de certaines Églises orthodoxes pour des raisons purement pastorales et le questionnement analogue de certaines autres. Cependant, les suggestions orthodoxes, formulées au cours de la réunion interorthodoxe de Thessalonique et officiellement présentées à Harare en 1999, ont été examinées avec la due compréhension par la 8ème assemblée générale du COE pour faciliter la participation sans encombre de l'Église orthodoxe au dialogue oecuménique. Dans ce sens, la décision originale et courageuse de cette assemblée de créer une Commission spéciale paritaire, composé de délégués du COE et de l'Église orthodoxe, a été non seulement une décision significative à plusieurs titres, mais aussi particulièrement efficace pour les perspectives d'avenir du Mouvement oecuménique et pour le rôle essentiel que l'Église orthodoxe aura à jouer dans ces perspectives.

En effet, la Commission spéciale a fait preuve dans ses travaux d'une extraordinaire conformité à la lettre et à l'esprit de cette décision. Elle a envisagé avec le sens des responsabilités les inquiétudes pastorales, constatées et justifiées dans une large mesure, des Églises orthodoxes locales. Elle a cherché à faire les propositions convergentes qui s'imposaient, ne fût-ce que sur les problèmes majeurs observés dans les relations institutionnelles de ces Églises avec le COE. Des éminents théologiens de l'Église de Grèce ont substantiellement aidé à faire avancer les propositions orthodoxes concrètes, notamment sur des questions ecclésiologiques d'importance capitale. Faisant preuve de modération et de perspicacité, les rapports bien étayés et les débats sincères ont fait la part des questions principales concernant la participation cohérente de l'Église orthodoxe au Mouvement oecuménique. En effet, pertinentes et réalistes à la fois, les propositions de la Commission spéciale cherchent à envisager ensemble les nouveaux défis du monde qui nous interpellent aussi à renouveler les perspectives du COE.

Par conséquent, l'approbation unanime, par la 9ème assemblée générale du COE (Porto Alegre, 14-23 février 2006), des propositions de la Commission spéciale pourrait être qualifiée d'historique non seulement du fait d'avoir donné satisfaction aux demandes que les Églises orthodoxes n'avaient pas arrêté de présenter, mais surtout, d'avoir renforcé les perspectives de renouveau de la mission assignée au Mouvement oecuménique dans la nouvelle réalité du monde. Voici les principaux axes de ces décisions :

  1. Établir une application souple du principe de consensus dans les prises de décisions importantes en matière de foi, de discipline et des programmes d'action du COE.

  2. Instaurer des critères théologiques et ecclésiologiques plus rigoureux en procédure d'acceptation de nouveaux membres (membership) au sein du COE, axée sur la confession commune du credo de Nicée-Constantinople.

  3. Affirmer l'autorité du sacrement du baptême comme critère ecclésiologique fondamental pour une approche théologique de deux questions cruciales : la coopération et la perspective d'unité ecclésiale de la chrétienté.

  4. Planifier de concert les actions futures, anciennes et nouvelles, respectant les cadres des principes fondamentaux figurant dans la Constitution du COE.

  5. Adopter le principe de consensus en matière de révision des dispositions constitutionnelles, conformément aux propositions de la Commission spéciale, notamment concernant les décisions et les critères théologiques régissant l'acceptation de nouveaux membres au sein du COE, et,

  6. Promouvoir et renforcer le dialogue interreligieux, absolument nécessaire pour maintenir la paix dans chaque coin de notre planète.

Ces nouveaux cadres institutionnels, définis grâce à l'acceptation unanime des propositions fondamentales de la Commission spéciale, établissent manifestement une nouvelle base permettant à l'Église orthodoxe non seulement de participer sans réticence au dialogue oecuménique, mais aussi d'y contribuer efficacement. L'Église orthodoxe est pleinement consciente - elle en a déjà exprimé les prémisses - de sa tâche de soutenir de façon cohérente le dialogue oecuménique pour l'unité des chrétiens. Elle est tout aussi consciente des limites ecclésiologiques établies dans sa tradition concernant toute initiative de dialogue théologique. Dans sa pratique, ces limites sont définies, selon le critère fondamental de validité du Baptême des partenaires au dialogue. La 9ème assemblée générale du COE à Porto Alegre a accepté ne fût-ce que les propositions orthodoxes fondamentales et nous sommes en droit d'espérer qu'elles seront respectées dans toutes les procédures de préparation et d'application des programmes d'action futurs, spécialement ceux qui se rapportent directement ou indirectement à des questions importantes de foi ou de vie de l'Église.

Par conséquent, il incombe désormais aux délégués de l'Église orthodoxe que nous sommes, de mettre à profit les nouvelles perspectives, en préparant les questions à temps, de façon cohérente et modérée, de sorte que les suggestions orthodoxes contribuent dans un esprit constructif aux buts du dialogue oecuménique. L'Église de Grèce a la volonté et dispose du potentiel théologique nécessaire pour contribuer à sa manière, comme dans le passé, à ces buts, mais toujours avec la cohérence établie dans la tradition et la pratique orthodoxe entre rigueur canonique et économie ecclésiastique.

L'Église de Grèce, l'Église orthodoxe tout entière, est traditionnelle et non conservatrice, comme on lui fait souvent grief à tort. Elle est donc toujours prête à engager le dialogue non seulement avec ceux qui sont proches, mais aussi avec ceux qui sont loin. Dans ce sens, elle est en droit de demander à la direction du COE, de faire preuve de cohérence nécessaire dans les nouvelles perspectives et du dû sens des responsabilités dans la planification des actions futures. Manifestement, durant surtout la première période d'application des nouveaux critères de préparation et d'acceptation des propositions, il y aura certaines difficultés compréhensibles d'ordre bureaucratique voire méthodologique. Celles-ci ne risquent pas cependant - du moins je l'espère - de contrarier la nouvelle dynamique imprimée aux perspectives du dialogue oecuménique, puisque, dans le cas contraire, cela n'entamerait pas la parole ou le rôle de l'orthodoxie, mais la crédibilité elle-même du Mouvement oecuménique.

Mesdames et Messieurs,

Nul n'ignore que, dans son essence, le message chrétien est de rétablir la communion de l'homme avec Dieu et le monde, la crédibilité aussi dans la diffusion de ce message à ceux qui sont proches et à ceux qui sont loin. Ce message a été récapitulé dans l'incarnation en Christ du Fils et Verbe de Dieu. Il est continuellement vécu en l'Esprit Saint dans le mystère de l'Église, associant intimement parole de Dieu et expérience sacramentelle des croyants. Dans cet esprit, répétons que le Mouvement oecuménique a pour vision d'unir les chrétiens face aux défis du monde. Son point de départ était la Confession de foi commune à Jésus Christ, Dieu et Sauveur du monde. Sa perspective finale était de rétablir la communion ecclésiale autour de l'Autel du Seigneur. C'était l'idée qui avait inspiré les pionniers du Mouvement oecuménique et c'est son but final, car ce n'est qu'au sein de l'Église que toutes les divisions du monde sont transcendées. Ainsi, le siècle du Mouvement oecuménique a été en même temps le siècle de l'ecclésiologie.

Nous savons cependant que le chemin vers l'unité est long et ardu, car il présuppose de purifier la mémoire historique de l'Église des pesanteurs et des expériences traumatiques qui l'accablent depuis des siècles. Cependant, le Saint-Esprit, qui préside à tout et qui constitue toute l'institution de l'Église, éclaire la voie et hâte le moment de notre assemblée autour de l'Autel du Seigneur, du moins de ceux qui désirent sincèrement partager la Cène eucharistique du Christ. Il incombe donc à tout un chacun de persévérer dans la marche commune du dialogue constructif et dans la foi inébranlable que le don divin de la communion viendra le moment venu, c'est-à-dire lorsque l'introversion confessionnelle complaisante sera enrayée pour éclairer le mystère de l'Église. Ce n'est qu'alors que l'unité de la foi et la communion du Saint-Esprit seront « selon le Seigneur » et non seulement « selon la volonté humaine ».

Nul n'ignore non plus que ce dialogue concerne non seulement le rétablissement de l'unité interne du corps ecclésial, mais aussi la façon d'envisager ensemble les croissantes confusions idéologiques, spirituelles et sociales, dues aux bouleversements qu'entraînent les fulgurantes conquêtes scientifiques et technologiques de l'homme. Se propageant dans l'espace et dans le temps dans une course effrénée et irréversible, ces conquêtes excèdent les limites de tolérance spirituelle de l'homme contemporain l'acculant dans ses derniers retranchements. L'Église doit donc ajuster sa mission spirituelle à ces développements qui confrontent l'homme à de nouveaux problèmes consternants, s'agissant non seulement de sa relation avec le monde, mais de son existence même. Dans ce sens, un devoir primordial dans la planification d'actions du COE est de préparer immédiatement, systématiquement et de façon concertée un dialogue constructif avec la science, surtout dans les domaines des sciences de l'homme (génétique, biotechnologie, bioéthique, etc.) pour empêcher que la vérité de la foi de l'homme soit ébranlée par une mise en avant utilitaire ou monovalente des conquêtes scientifiques.

L'Église orthodoxe est consciente de son devoir de contribuer à ce dialogue destiné à rétablir l'unité du corps de l'Église et le rapport dialectique de celle-ci avec la science. Depuis deux millénaires, la tradition patristique et la praxis cohérente de l'Église offrent d'excellents modèles non seulement du soin qui doit être apporté à cet effet, mais aussi des limites posées à la réussite de ce but sacré. Plus spécialement, toujours en étroite collaboration avec toutes les Églises orthodoxes territoriales, l'Église de Grèce est prête à mettre à disposition son important potentiel théologique pour préparer convenablement le dialogue avec la science contemporaine, mais aussi d'apporter son soutien nécessaire aux nouvelles perspectives du dialogue oecuménique pour l'unité des chrétiens. Le message actuel que les Églises orthodoxes doivent adresser au monde entier est celui en faveur d'un dialogue de vérité, conforme à l'esprit du vrai amour chrétien voué à Dieu et à l'homme, amour qui ne connaît ni frontières ni contingences humaines.

En concluant ce discours et en vous remerciant de votre patience, je voudrais du fond du coeur vous donner cet Évangile comme infime signe de ma joie d'être parmi vous, et vous prie de le placer sur l'Autel de la chapelle du Conseil. Je ne pourrais rien vous offrir de plus symbolique et substantiel que la Parole du Seigneur, Seigneur commun à tous les chrétiens et qui doit guider nos pas dans le juste témoignage que l'Église du Christ doit apporter au troisième millénaire.