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Au nom du Conseil oecuménique des Eglises, je tiens à exprimer à la communauté juive notre profonde sympathie à la suite du décès du grand rabbin Alexandre Safran. En même temps, je rends grâces à Dieu des dons immenses qu'il nous a accordés par sa vie, sa foi, son intelligence et ses service à l'humanité. Pour citer la liturgie funèbre des Eglises chrétiennes de sa Roumanie natale, «Que sa mémoire demeure éternellement !»

C'est en 1948, année de la fondation officielle du Conseil oecuménique des Eglises, qu'Alexandre Safran est devenu grand rabbin de Genève. Avant cette date, il avait été grand rabbin de Roumanie, où il pratiqua la coopération interreligieuse d'une manière très en avance sur son temps. Il s'est efforcé de faire connaître au monde les atrocités perpétrées à l'égard des juifs et d'avertir la communauté internationale de la terrible menace que la domination nazie faisait peser sur les minorités vulnérables d'Europe. Et lorsque la catastrophe qu'il avait prévue a eu lieu, il s'est voué à sauver des vies et à soutenir tous ceux qui souffraient.

Le Conseil oecuménique des Eglises se souvient tout particulièrement de l'apport du grand rabbin au dialogue interreligieux. Pendant les années de guerre, il a entretenu des contacts avec les Eglises orthodoxes orientales, le futur pape Jean XXIII et W. A. Visser ‘t Hooft, premier secrétaire général du Conseil oecuménique des Eglises. Plus tard, à l'époque du Concile Vatican II, chaque fois que le cardinal Bea, émissaire du pape, venait à Genève, il ne manquait pas de rendre visite au Conseil oecuménique des Eglises et au grand rabbin Alexandre Safran.

Par ses écrits et ses exposés sur l'histoire du judaïsme, les pratiques spirituelles, le culte et la Kabbale, le grand rabbin a enrichi considérablement les connaissances des participants au dialogue interreligieux. Défenseur ardent de l'Etat d'Israël, il nous a mieux fait connaître et comprendre ce pays.

En ce temps de deuil, nos pensées et nos prières accompagnent la communauté juive, et plus particulièrement les personnes proches d'Alexandre Safran. Avec vous, nous invoquons Dieu par les paroles du psalmiste :

«Alors, apprends-nous à compter nos jours,
et nous obtiendrons la sagesse du coeur.
Dès le matin, rassasie-nous de ta fidélité,
Et nous crierons de joie nos jours durant.»

(Psaume 90, 12, 14)

 

Veuillez croire à ma profonde et respectueuse sympathie

Pasteur Samuel Kobia
Secrétaire général