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du pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises – samedi 19 septembre 2015

«Il a détruit le mur de séparation: la haine.» – Éphésiens 2,14

Chers sœurs et frères en Christ,

Je vous écris à l’occasion de la nouvelle Semaine mondiale pour la paix en Palestine Israël (SMPPI). J’ai moi-même déjà participé à de telles prières convaincu que la prière est l’expression la plus forte de notre engagement pour une paix juste. Sur notre itinéraire commun, dans notre «Pèlerinage de justice et de paix», de nombreux membres de nos Églises ont fait de la paix en Israël et Palestine leur principale priorité. Les efforts de l’Église universelle pour susciter prise de conscience et le plaidoyer se développent, à l’instigation des chrétiens de Palestine et d’Israël. La voix des Églises se fait entendre dans beaucoup d’instances nationales et internationales. Cette Semaine mondiale pour la paix nous donne l’occasion de concentrer nos efforts en vue de faire grandir notre solidarité mondiale. Je vous encourage donc à participer pleinement à cette semaine de témoignage et d’action pour la paix.

Ce samedi matin, des chrétiens de nombreuses Églises et de diverses familles chrétiennes se réuniront à Beir Ouna, dans la vallée de Crémisan. Cette zone appartient à la commune de Beit Jala, toute proche de Bethléem. Ce rassemblement de fidèles chrétiens se déroule sous les yeux des forces de sécurité israéliennes placées là en vue de protéger les engins servant à arracher des oliviers centenaires et situés sur des terres appartenant à des chrétiens palestiniens, afin de créer le champ libre pour la dernière section de la barrière de séparation israélienne. Les forces de sécurité, armées jusqu’aux dents avec des armes de guerre et des équipements anti-émeute, vont affronter la Bible et la prière. Ce témoignage stratégique et non violent ne vise pas ces soldats ou forces de police en particulier, mais les systèmes et structures injustes qui permettent l’occupation illégale de la terre palestinienne par Israël.

Ces toutes dernières années ont été particulièrement difficiles pour le Moyen-Orient, en particulier pour les populations d’Irak et de Syrie. Au cours des deux dernières semaines, nous avons vu un nombre invraisemblable de réfugiés à la recherche d’une vie nouvelle en Europe. Cet exode effarant montre combien la vie de ces gens est devenue difficile. Nous, les Églises, nous ne devons pas oublier d’être attentifs au grand problème du conflit israélo-palestinien. La résolution de ce conflit, si elle consistait en un juste accord de paix, serait de grande portée pour la résolution d’autres problèmes au Moyen-Orient. Une des sources de ces conflits qui favorisent l’extrémisme religieux serait alors éliminée, au profit de la paix dans la région et au-delà.

Les chrétiens palestiniens sont douloureusement meurtris, tout comme leurs voisins dans le reste du Moyen-Orient. Dans la vallée de Crémisan, les chrétiens subissent directement les conséquences de la politique israélienne d’occupation. Crémisan, lieu historiquement chrétien, depuis des siècles, abrite un monastère, un couvent, et des établissements scolaires chrétiens, ainsi que des hectares de terres privées appartenant à des chrétiens palestiniens. Pour les Églises, insister sur le caractère chrétien de ce secteur n’enlève rien au fait que tous les Palestiniens partagent le même combat. L’occupation israélienne nuit à la vie de tous les Palestiniens. Toutefois, dans ce cas particulier, ce sont les chrétiens qui sont touchés.

Que faire? Quand nous nous trouvons dans la vallée de Crémisan, dans un nuage de gaz lacrymogènes, et que des grenades assourdissantes explosent tout autour, nous pouvons lever «les yeux vers les montagnes» et demander: «d’où le secours me viendra-t-il?» (Ps 121,1). La coalition écrasante des puissances mondiales qui favorise le développement de l’occupation israélienne peut sembler toute-puissante. Mais nous savons que nous ne sommes pas livrés à nous-mêmes. Nous savons que les chrétiens et chrétiennes de la vallée de Crémisan et que les Églises dont ils sont membres ne seront pas vaincus par les manœuvres d’un système illégal. Mais il est essentiel qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls, tout comme les autres chrétiens et chrétiennes du Moyen-Orient. Il est capital qu’ils sachent que des sœurs et des frères sont attentifs à leur appel à parler «au service du muet et pour la cause de tous les vaincus du sort» (Pr 31,8). En cela, nous sommes confortés parce que nous savons que la victoire de Dieu a déjà été remportée puisque, par la foi, «tout ce qui est né de Dieu est vainqueur du monde» (1 Jn 5,4). Comme le dit l’épître aux Éphésiens, «Il a détruit le mur de séparation.»

C’est notre désir le plus sincère – et c’est notre prière partagée par de nombreux juifs et musulmans – qu’il n’y ait pas de haine entre voisins, en Israël et Palestine, et au-delà dans toute la région du Moyen-Orient. Pour cela, justice et paix doivent toujours être comprises et envisagées comme inséparables. Nous prions et travaillons sans relâche pour la paix dont ont besoin Palestiniens et Israéliens. En priant pour que le mur tombe, je vous invite à participer activement à cette Semaine mondiale 2015. J’espère que vous serez fortifiés dans votre solidarité, et que des mesures concrètes seront bientôt prises pour l’institution d’une paix juste en Palestine et Israël, ainsi que dans tout le Moyen-Orient.

En Christ, le pasteur Olav Fykse Tveit.