Réunion du Comité Central, août / septembre 2012

Traduction de l’anglais
Service linguistique, COE

Déclaration sur les enlèvements, conversions forcées et mariages forcés au Pakistan

1.        Bien que lors de la création du Pakistan, il y a 67 ans, l’engagement avait été pris de reconnaître des droits égaux à toutes les minorités religieuses, les communautés religieuses minoritaires du pays sont confrontées aujourd’hui à de graves menaces pour leur existence. Le père de la nation du Pakistan, Mohammed Ali Jinnah, a établi les «fondements d’un Pakistan moderne, tolérant et novateur», en promettant de créer un pays laïque et libéral où toutes les religions pourraient coexister sans aucune discrimination. Le préambule à la Constitution du Pakistan garantit que des dispositions adéquates soient prises pour que les minorités puissent professer et pratiquer librement leur religion et développer leur culture. L’article 25(1) de la Constitution du Pakistan de 1973 prévoit que «tous les citoyens sont égaux devant la loi et ont droit à une protection égale de la loi.» Mais une islamisation graduelle s’est mise en place dans le pays depuis l’introduction du régime de la loi martiale du général Ziaul Haq, qui a introduit la controversée loi anti-blasphème dans les années 1980.

2.        Les persécutions et les discriminations à l’encontre des minorités religieuses ont obligé de plus en plus d’hindous et de chrétiens à abandonner leur religion pour se convertir à l’islam. Aujourd’hui, un nombre considérable de jeunes femmes de minorités religieuses, en particulier hindoues et chrétiennes, vivant dans les provinces du Pendjab, du Sindh et du Baloutchistan, sont confrontées à la violence, y compris aux agressions sexuelles telles que viols, menaces et persécutions. Ces communautés minoritaires vivent dans un état de crainte et de terreur motivé par la fréquence croissante des enlèvements de jeunes femmes et leur conversion forcée à l’islam. Les victimes de ces conversions forcées viennent souvent de milieux pauvres et ne sont pas en mesure de se défendre contre les extrémistes parce que leur communauté est démunie, sans défense et marginalisée.

3.        Quand de jeunes femmes chrétiennes et hindoues sont enlevées, gardées en détention, converties à l’islam et forcées d’épouser des hommes musulmans, les autorités politiques semblent impuissantes à faire barrage aux forces fondamentalistes islamistes responsables de ces actes de haine, qui opèrent librement dans le pays. Bien que les responsables chrétiens et hindous et les membres de leurs communautés religieuses interpellent constamment le gouvernement du Pakistan sur les enlèvements continuels et les conversions forcées de jeunes femmes, leurs voix sont ignorées. Cette absence de protection des minorités religieuses par le gouvernement du Pakistan est inacceptable.

Exprimant sa profonde inquiétude à l’égard de la situation tragique des minorités religieuses au Pakistan, le Comité central du Conseil œcuménique des Églises, réuni à Kolympari, Crète (Grèce), du 28 août au 5 septembre 2012:

A.        appelle le gouvernement du Pakistan à mettre en place des mécanismes de protection adéquats pour toutes les minorités religieuses du pays;

B.       invite instamment le gouvernement du Pakistan à prendre des mesures immédiates pour prévenir les enlèvements, conversions forcées à l’islam et mariages forcés de jeunes femmes appartenant à des communautés religieuses minoritaires, et à traduire en justice toutes les personnes qui participent ou qui ont participé à ces crimes odieux;

C.       prie les gouvernements et autres organisations de la société civile internationale, les groupes interreligieux et les Églises à exercer une pression permanente sur le gouvernement du Pakistan pour prévenir les enlèvements, conversions forcées à l’islam et mariages forcés de jeunes femmes appartenant à des minorités religieuses.

APPROUVÉ