Image
Une église à Bethléem ©Albin Hillert/COE

Une église à Bethléem ©Albin Hillert/COE

Photo:

Aujourd’hui, le Conseil œcuménique des Églises (COE) s’est déclaré très préoccupé par une nouvelle loi adoptée lundi par la Knesset qui interdirait l’octroi de visas d’entrée aux ressortissants étrangers ayant appelé à un boycott économique, culturel ou universitaire d’Israël ou des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés. Il semblerait que la «Loi sur l’entrée en Israël» (Refus de visas aux non-résidents ayant sciemment appelé au boycott d’Israël) ne fasse aucune distinction entre le boycott d’Israël à proprement parler et celui des produits des colonies qui sont généralement considérés comme illégaux par le droit international.

«Si ce que l’on dit de son contenu et de son intention se révèle correct, cette loi constitue une terrible régression, a déclaré le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE. Cela représenterait une violation claire de la liberté d’expression qui est essentielle pour ceux qui souhaitent visiter Israël, pour ceux qui doivent vivre sous l’occupation, et pour ceux qui veulent accéder aux territoires palestiniens. C’est également une violation importante de la liberté de religion. C’est précisément en raison de nos principes et enseignements chrétiens que nous, membres du Conseil œcuménique des Églises, considérons que l’achat et la consommation de biens produits dans les colonies israéliennes des territoires occupés sont immoraux, et c’est également la raison pour laquelle de nombreuses Églises et de nombreux chrétiens partout dans le monde choisissent de retirer leurs fonds d’entreprises qui tirent profit de cette occupation illégale.»

Le pasteur Tveit a fait remarquer que, si elle était appliquée strictement, telle qu’elle semble être rédigée, «cette nouvelle législation aurait pour effet d’interdire aux représentants de nombreuses Églises du monde entier d’entrer en Israël, d’accompagner des Églises sœurs, d’aider leurs frères et sœurs chrétiens de la région, et de visiter des lieux saints pour les chrétiens. Cela peut avoir des répercussions sur la liberté religieuse de nombreux chrétiens dans le monde, et nuire aux chrétiens en Israël et en Palestine. Ainsi, il se pourrait qu’en tant que secrétaire général du COE, je ne puisse plus rendre visite à nos Églises membres en Israël et en Palestine, ni me rendre sur les lieux saints.»

Le COE – dont la communauté de 348 Églises représente plus de 560 millions de chrétiens dans le monde – a encouragé ses membres à adopter des moyens non violents, adaptés à leur contexte, de s’opposer à l'occupation et de travailler pour une paix juste en Israël et en Palestine, conformément à leurs principes et enseignements moraux. Depuis longtemps, le COE invite ses Églises membres à boycotter les produits des colonies israéliennes et à réexaminer leurs investissements dans la même perspective. Beaucoup ont d’ailleurs fait des déclarations et pris des mesures dans ce sens.

«Le COE affirme et soutient le droit à l’existence d’Israël, rejetant de manière catégorique la violence comme moyen de résoudre les conflits, et a qualifié l’antisémitisme de péché commis envers Dieu, a souligné le pasteur Tveit. Mais nous considérons, comme les Nations Unies et la plus grande partie de la communauté internationale, que l’occupation des territoires palestiniens par Israël, qui dure depuis 50 ans, est illégale. C’est pour cela que le COE a encouragé le boycott des produits provenant des colonies israéliennes dans les territoires occupés, le désinvestissement des entreprises bénéficiant de l’occupation, l’investissement dans les entreprises palestiniennes pouvant stimuler l’économie locale, mais pas un boycott général d’Israël ou des sanctions globales contre cet État.»

«Le COE aspire à l’égalité en matière de justice et de dignité pour tous les peuples, et à une paix juste pour les Israéliens comme pour les Palestiniens, a poursuivi le pasteur Tveit, mais cette loi constitue une forme d’isolationnisme qui ne peut pas agir dans l’intérêt d’Israël en tant que membre de la communauté internationale, et encore moins dans celui des habitants de la région. Il s’agit d’un revirement important dans le rapport qu’entretient Israël avec le reste du monde. J’espère que le gouvernement n’appliquera pas réellement cette politique, et je prie pour cela.»

Églises membres au Moyen-Orient

Programme œcuménique d’accompagnement en Palestine et en Israël