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Peter Prove parle avec des familles chrétiennes expulsées de Mossoul suite aux raids de l'État islamique. Ces familles ont trouvé refuge dans un campement établi sur le terrain de l'Église chaldéenne à Erbil, en Irak. © COE/Gregg Brekke.

Peter Prove parle avec des familles chrétiennes expulsées de Mossoul suite aux raids de l'État islamique. Ces familles ont trouvé refuge dans un campement établi sur le terrain de l'Église chaldéenne à Erbil, en Irak. © COE/Gregg Brekke.

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Une équipe du Conseil œcuménique des Églises (COE) est allée rencontrer fin août des responsables religieux et des représentants des populations du nord de l'Irak afin d'évaluer la situation sur place. La région connaît une intensification de la violence et des déplacements forcés en raison des attaques menées par les militants de l'organisation qui se fait appeler l'«État islamique».

L'équipe du COE est revenue profondément affectée par l'ampleur, l'intensité et la soudaineté de la violence, qui a causé des milliers de décès et le déracinement de centaines de milliers d'autres, contraints de quitter leurs foyers et communautés. Pour la délégation, il ne faisait aucun doute que les besoins humanitaires urgents n'étaient pas satisfaits.

C'est pourquoi le COE appelle ses 345 Églises membres à travers le monde à réagir immédiatement à cette crise humanitaire par l'intermédiaire de partenaires comme l'Alliance ACT et d'autres agences d'entraide responsables.

En outre, «la communauté internationale doit assumer sa responsabilité de protéger ces personnes extrêmement vulnérables, chrétiens et membres d'autres communautés religieuses de la région», a déclaré le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE, le jeudi 4 septembre depuis le siège du COE, à Genève (Suisse).

«Nous nous trouvons dans une situation où tous les responsables religieux et communautaires devraient faire front commun pour condamner cette brutalité et s'employer à résoudre cette situation», a affirmé le pasteur Tveit. «Continuons à prier pour la justice et la paix et demandons-nous ce que nous pouvons faire.»

«Nous sommes profondément inquiets pour nos sœurs et frères chrétiens en Irak, ainsi que pour les autres communautés religieuses», a déclaré le pasteur Tveit. «Il était donc important que le personnel du COE effectue maintenant cette visite de solidarité auprès des Églises et des autres responsables religieux.»

Selon le chef de la délégation, Peter Prove, directeur de la Commission des Églises pour les affaires internationales (CEAI) du COE, «tous les groupes religieux autres que ceux que l'"État islamique" prétend représenter ont été pris pour cible par celui-ci, y compris d'autres communautés musulmane, mais aussi les chrétiens et les yézidis. Les yézidis ont été traités avec une brutalité hors normes, équivalant à une campagne génocidaire.»

Peter Prove a indiqué que, selon des agences d'entraide sur place, moins de 20% des personnes déplacées bénéficient du minimum nécessaire en termes d'aide d'urgence. En réaction à ces chiffres, le pasteur Tveit a déclaré que l'intervention humanitaire doit s'intensifier rapidement, dans la mesure où les températures vont baisser dans la région et où beaucoup de gens ayant fui la violence ne bénéficient toujours pas d'une aide suffisante.

Par ailleurs, a indiqué le secrétaire général du COE, «le gouvernement irakien a pour responsabilité de protéger ses citoyens, or s'il ne peut pas l'assumer, c'est à la communauté internationale d'intervenir pour assurer la sécurité et la protection des personnes qui ont été brutalement expulsées de chez elles.»

«Le déploiement dans la région d'une force militaire internationale doit se faire le cas échéant sous mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies», a-t-il insisté.

«Compte tenu de l'histoire récente des interventions militaires internationales dans la région, et en particulier des conséquences tragiques sur la population et la société irakiennes ces dernières années, il va de soi que la plus grande prudence est requise en cas de recours à la force.»

Selon certaines estimations, plus de 600 000 personnes ont été déplacées à cause des dernières attaques, chiffre qui s'ajoute aux contingents de personnes déjà déplacées suite aux précédentes flambées de violence.

Les autorités régionales du Kurdistan portent un lourd fardeau mais elles ont apporté une aide humanitaire exceptionnelle en offrant un refuge et un soutien aux personnes déplacées qui se trouvent désormais au Kurdistan, a souligné Peter Prove.

Presque chaque paroisse du Kurdistan abrite des communautés de personnes déplacées, à l'intérieur des églises, sur leurs terrains et dans d'autres bâtiments. Les membres de l'Alliance ACT commencent à s'engager dans la région, directement et par l'intermédiaire d'agences partenaires locales d'entraide, comme le Christian Aid Program – Nohadra Iraq (CAPNI) et REACH.

Pour Peter Prove, l'approche de l'hiver est particulièrement préoccupante, en particulier dans la mesure où la plupart des personnes déplacées n'ont d'autres vêtements que ceux qu'ils portaient au moment de leur fuite. Il a ajouté qu'il est extrêmement urgent d'accroître radicalement l'aide à l'intervention humanitaire internationale.

Le pasteur Tveit a adressé les remerciements du COE aux Églises membres et partenaires spécialisés qui apportent déjà leur aide et appelle toutes les Églises membres ainsi qu'un grand nombre de membres de l'Alliance ACT à s'engager pour soutenir toutes les personnes qui subissent les conséquences de ces violences.

Parmi les membres de l'équipe qui s'est rendue en Irak figure Carla Khijoyan, membre du personnel du COE.

Les Églises appellent le Conseil des droits de l'homme à soutenir les minorités religieuses en Irak (Communiqué de presse du COE du 2 septembre 2014)

Commission des Églises pour les affaires internationales

Solidarité avec les Églises au Moyen-Orient