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Table ronde sur le christianisme et les droits de la personne dans un Nigéria multireligieux Photo: Albin Hillert/COE

Table ronde sur le christianisme et les droits de la personne dans un Nigéria multireligieux Photo: Albin Hillert/COE

Il ne faut jamais cesser de chercher à dialoguer au Nigéria et dans le monde, a déclaré Rufus Ositelu, primat de l’Église du Seigneur (Aladura), au Conseil œcuménique des Églises (COE) le 29 janvier.

L’allocution de Rufus Ositelu portait sur « Le christianisme et des droits de la personne dans un Nigéria multireligieux ». Il a noté que « le dialogue reste la voie à suivre; un dialogue multireligieux qui inclut les religions traditionnelles africaines ».

L’Église du Seigneur est une Église d’ascendance africaine fondée par Josiah Olunowo Ositelu en 1925 et le responsable de cette Église membre du COE a visité Genève et le COE les 29 et 30 janvier.

Le primat vient d’un pays où la religion chrétienne et la religion musulmane sont les deux religions dominantes, mais il a précisé qu’il est également issu d’une région où les religions traditionnelles africaines sont bien ancrées.

L’Église du Seigneur est membre du COE depuis 1975 et la visite de la délégation a eu lieu dans le cadre de la célébration du 70e anniversaire du COE en tant que communauté vivante.

Rufus Ositelu, fils du fondateur de l’Église, a animé une table ronde au Centre œcuménique le 29 janvier sur le thème du christianisme dans un Nigéria multireligieux, au cours de laquelle Isabel Apawo Phiri, secrétaire générale adjointe du COE, s'est exprimée.

Au-delà des frontières de l’Afrique

« Votre Église a dépassé les frontières de l’Afrique. Elle est présente au Nigéria, elle est présente au sein de la Conférence des Églises de toute l’Afrique (CETA), elle est présente au COE... Rien de plus normal, donc, que votre courant du christianisme prenne de l’ampleur », a déclaré Mme Phiri.

Le Nigéria est le pays le plus peuplé d’Afrique au sein duquel le nombre de chrétiens et de musulmans est probablement semblable. Ce pays d’Afrique de l’ouest a récemment fait les gros titres dans les médias du monde entier à cause des violences perpétrées par le groupe extrémiste Boko Haram au nom de l’Islam.

Rufus Ositelu a souligné qu’un nombre bien plus important de chrétiens avaient été tués dans des attaques au début des années 1990, avant la naissance de Boko Haram.

Le primat a indiqué qu’au Nigéria, personne ne connaît véritablement la proportion de chrétiens et de musulmans, car les responsables musulmans n’ont pas autorisé le gouvernement à poser la question de l’appartenance religieuse dans le recensement national depuis 1963, année où les musulmans étaient légèrement plus nombreux que les chrétiens.

« Depuis 1963, un grand nombre de musulmans et de disciples des religions traditionnelles africaines se sont convertis au christianisme », a expliqué le primat.

« Au Nigéria, les responsables religieux du nord ne sont pas en cause. Le problème se situe à la racine », a-t-il indiqué, précisant que la jeunesse du nord manque en grande partie des éléments éducatifs de base.

Pour Rufus Ositelu, « le problème dont nous parlons n’est pas propre au Nigéria, il est commun à d’autres pays d’Afrique, en particulier l’Égypte. »

Il a en outre rappelé que les droits humains sont les droits fondamentaux de chaque personne dans le monde et qu’ils se fondent sur la dignité, la justice et l’indépendance, sachant que « personne ne peut vous enlever vos droits ».

Les différentes religions font intervenir des personnes appartenant à des groupes différents.

Au sujet de l’unité des chrétiens, il a indiqué: « L’unité n’est pas uniformité; c’est une question de diversité familiale. Gagner en maturité dans le Christ (Éphésiens 4,1-16. 1. Corinthiens 12,12-27). »

« Notre unité est fondée sur l’unité des trois personnes de la Divinité – Père, Fils et Saint-Esprit (Éphésiens 4,1-16). »

Les femmes dans le clergé de l’Église nigériane

Dès sa fondation au Nigéria, l’Église du Seigneur a ouvert son clergé aux femmes, y compris au niveau des évêques et des cardinaux, a expliqué Rufus Ositelu.

Le pasteur Olav Fykse Tveit, Secrétaire général du COE, a déclaré dans son allocution de bienvenue à la délégation du Nigéria : « L’objectif est de renforcer les relations entre le Conseil œcuménique des Églises et l’Église du Seigneur (Aladura), qui en est membre depuis 1975. »

Le pasteur Tveit a évoqué le Centre international pour la paix et l’harmonie interreligieuses (International Centre for Inter-Faith Peace and Harmony) ouvert depuis août 2016 dans la ville de Kaduna, au Nigéria, dans le cadre de la quête d’harmonie qui prévaut actuellement, en particulier entre chrétiens et musulmans.

Rufus Ositelu a précisé qu’il ne faut jamais cesser de dialoguer, ou tout du moins essayer, et qu’il souhaite que les musulmans occupent rapidement toute la place qui leur revient au sein du centre.

Le pasteur Dietrich Werner, conseiller principal sur les questions de théologie pour Pain pour le prochain en Allemagne, a dit qu’il avait « toujours admiré la nature compréhensive et exhaustive » de l’« identité ecclésiale » de l’Église du Seigneur.

« Votre Église se conçoit comme présentant une forme biblique, une orientation œcuménique, une mission évangélique, une puissance pentecôtiste, un ministère prophétique et une responsabilité sociale », a-t-il ajouté.

Il a précisé qu’elle rassemble les trois dimensions de l’œcuménisme: la passion de l'unité, la passion de la justice sociale et la passion de la mission.

« Vous ne permettez pas que votre Église soit mise dans une case », a déclaré le pasteur Werner en expliquant que « cela fonctionne dans le cadre de la culture et de la tradition africaine ».

Ce sentiment est partagé par le pasteur Benjamin Simon, professeur de missiologie œcuménique à l’Institut œcuménique de Bossey.

Il a expliqué que l’Église du Seigneur (Aladura) joue un rôle très important à l’extérieur du pays pour ses fidèles.

« Au sein de la diaspora africaine, ces communautés permettent aux gens de se sentir chez eux même s’ils sont loin; elles offrent un sentiment de sécurité. Ces Églises deviennent missionnaires dans ce contexte. »

« Elles traitent souvent de la théologie de l’exode, donnant espoir à ces gens. Elles offrent une assistance juridique. Elles nouent de nouvelles relations œcuméniques et c’est ainsi qu’un nouvel œcuménisme se construit », a exposé le pasteur Simon.

Les autres membres distingués de la table ronde étaient le professeur Christoph Stückelberger, fondateur de la Fondation Globethics.net et directeur exécutif de la Geneva Agape Foundation, Jennifer Philpot-Nissen, responsable de programme pour les droits de la personne au COE et Ani Ghazaryan Drissi, responsable de programme pour la Commission de Foi et constitution du COE.

Rufus Ositelu a terminé sa visite à la Genève internationale en assistant à un service orthodoxe au Centre orthodoxe du Patriarcat œcuménique à Chambésy, où il a été reçu par le métropolite Jérémie de Suisse.

Vidéo de la table ronde sur le christianisme et les droits de la personne dans un Nigéria multireligieux

Lien vers les photos en haute résolution de la visite du primat Ositelu

Visite d’un primat nigérian au COE