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Pasteur Fernando Enns, Agnes Abuom, pasteur Tore Johnson, pasteure Waltrina Middleton. Photo: Odd Erik Stendahl/COE

Pasteur Fernando Enns, Agnes Abuom, pasteur Tore Johnson, pasteure Waltrina Middleton. Photo: Odd Erik Stendahl/COE

Les encouragements, l’inspiration et les récits ont animé la discussion plénière du Comité central du Conseil œcuménique des Églises (COE) consacrée au Pèlerinage de justice et de paix.

La séance, la première d’une série de plénières du Comité central sur les aspects centraux des activités actuelles de la communauté fraternelle, portait sur les fondements spirituels et programmatiques du Conseil, afin de rendre compte de leur évolution, d’évaluer leur application aux domaines clés et de susciter la mobilisation des Églises membres et des partenaires œcuméniques autour des activités en cours.

La séance a commencé par mettre en exergue les initiatives les plus visibles du Pèlerinage depuis son lancement, après la Dixième Assemblée du COE, fin 2013. Parmi celles-ci figurent notamment l’initiative fructueuse du pèlerinage climatique à la conférence sur le climat de l’ONU, à Paris, fin 2015, qui a débouché sur un traité fondateur sur l’atténuation des changements climatiques; les nombreuses initiatives et visites organisées récemment auprès des Églises membres au Moyen-Orient; le pèlerinage effectué en 2015 en Amérique latine par la pasteure Gloria Nohemy Ulloa Alvarado, présidente du COE pour la région, et le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du COE; et le pèlerinage à Hiroshima et Nagasaki, où s’est rendue une délégation d’Églises membres pour commémorer le 70e anniversaire des bombardements atomiques et marquer le souvenir des victimes de ces deux villes.

Comme l’a fait remarquer la pasteure Ulloa, le pèlerinage en Amérique latine a contribué à «revitaliser l’esprit et renforcer l’engagement» des Églises de cette région tout en amplifiant leur «voix d’espérance».

Le pasteur Fernando Enns, théologien mennonite allemand et membre du Comité central, coprésident du Groupe de référence pour le Pèlerinage et de son Groupe d’étude théologique, a présenté ses réflexions sur les multiples aspects du Pèlerinage et sur la manière de mieux le comprendre, en particulier ses trois rôles: célébrer les dons, visiter les blessures et transformer les injustices dans les lieux visités.
En 2016, le Pèlerinage met l’accent sur «la consolidation de la paix dans le contexte de la religion et de la violence au Moyen-Orient, et plus particulièrement en Palestine et Israël», a-t-il dit. Illustrant son propos, le pasteur Enns a évoqué le propre pèlerinage du Groupe de référence en Israël et Palestine en février 2016, décrivant de façon saisissante les rencontres entre les participants et les habitants de la région, ainsi qu’avec les Églises membres et les responsables d’Église.

«Nous avons entendu des témoignages émouvants de personnes vivant à Jérusalem, qui sont en proie aux menaces, aux agressions, à l’insécurité et aux attentats. Nous avons parcouru les rues de la Via Dolorosa aux côtés de groupes de pèlerins. Nous avons vu les visages des camps de réfugiés, des colonies, des points de contrôle et du mur de séparation. Nous avons respiré les gaz lacrymogènes, nous avons été les témoins de la discrimination, nous avons entendu les frustrations de nos chers frères et sœurs, chrétiens, juifs, musulmans. Nous avons visité les blessures!», a affirmé Fernando Enns.

Au cours de la séance, plusieurs intervenants ont présenté des initiatives spécifiques illustrant le concept du Pèlerinage et ont expliqué les enseignements tirés de ces engagements dans divers contextes.

Tore Johnsen, pasteur de l’Église de Norvège et président du Conseil d’Église sami a fait état non seulement de la violence physique, culturelle et spirituelle subie au fil des siècles par le peuple sami en Norvège, mais aussi de l’internalisation de la violence. «Nous devenons nos propres ennemis», a-t-il affirmé. Pour lui, «la vérité, le repentir et la restitution sont essentiels à la réconciliation» et l’incarnation du Pèlerinage va de pair avec un projet intergénérationnel destiné à remédier à l’invisibilité des populations autochtones.

Faisant le bilan de la campagne «La justice climatique maintenant!» menée par l’Alliance ACT, John Nduna, secrétaire général d’ACT, a rappelé que la famille œcuménique des Églises membres de l’Alliance ACT avait eu une influence notable en exigeant d’une seule voix un accord solide à la COP21. «Le Pèlerinage ne fait que commencer», a-t-il déclaré.

Évoquant le nombre de réfugiés dans le monde et les répercussions qu’ils ont sur les Églises européennes, le père Heikki Huttunen, secrétaire général de la Conférence des Églises européennes, a affirmé qu’on était confronté à «une crise de la solidarité et de la communauté» qui nous apprend qu’un «pèlerinage exige la metanoia».

Enfin, la pasteure Waltrina Middleton, faisant le lien entre le mouvement Black Lives Matter aux États-Unis et le concept du Pèlerinage, a affirmé avec émotion que «ceux et celles d’entre nous qui croient en la liberté ne peuvent pas relâcher leur vigilance» et que la résistance non violente demeure un outil utile et puissant au service du changement social. «Les responsables religieux doivent s’atteler à ce travail», a-t-elle déclaré.

Dans son essence, le concept du pèlerinage devrait nous ouvrir à la rencontre, au repentir et à la conversion, a souligné le pasteur Enns, résumant les réflexions du groupe de référence. «Nous partageons la conviction que "sortir" et "être en chemin" sont des éléments clés de chaque disciple du Christ. Jésus a envoyé ses disciples pour marcher, pour être vulnérables et dépendants de l’hospitalité de l’autre et pour trouver Dieu en chemin, dans les endroits les plus délaissés de Dieu.»

Voir aussi:

Pèlerinage de justice et de paix

Réunion du Comité central du COE