Alors que le mouvement de protestation contre les résultats préliminaires du scrutin présidentiel à Madagascar se poursuit, le secrétaire général adjoint du Conseil oecuménique des Eglises (COE), Georges Lemopoulos, a exhorté les responsables politiques du pays à mettre tout en oeuvre pour que le processus démocratique soit pleinement respecté.

« Nous demandons à ceux qui sont chargés du maintien de l'ordre public d'éviter l'utilisation des moyens violents pour contenir ou empêcher les expressions des sentiments des populations », écrit M. Lemopoulos dans la lettre ouverte qu'il a adressée, vendredi 25 janvier, aux responsables des Eglises membres du COE à Madagascar.

M. Lemopoulos salue aussi les Eglises qui ont oeuvré pour des élections pacifiques et démocratiques : « Peu d'Eglises en Afrique ont une expérience aussi riche que la vôtre dans le domaine de la médiation entre le peuple et les autorités politiques, et sont aussi bien placées que vous pour jouer ce rôle. »

Les mouvements de protestation ont éclaté dans la capitale malgache d'Antananarivo le 16 décembre dernier, à l'annonce des résultats préliminaires de l'élection présidentielle. Les manifestants accusent le gouvernement de truquer le résultat des urnes en faveur du président sortant Didier Ratsiraka.

Les résultats officiels du scrutin seront annoncés par la Haute Cour constitutionnelle de Madagascar, lundi 28 janvier.

Voici le texte intégral de la lettre:

"Le Conseil oecuménique des Eglises suit avec une inquiétude grandissante la polémique et le mécontentement d'une large partie de la population malgache au sujet de l'élection présidentielle à Madagascar. Nous sommes conscients des efforts que vous, dirigeants de nos Eglises membres, avez faits et continuez de faire pour guider le processus électoral afin qu'il soit pacifique et que la volonté du peuple telle qu'elle a été exprimée par les bulletins de vote soit respectée. Peu d'Eglises en Afrique ont une expérience aussi riche que la vôtre dans le domaine de la médiation entre le peuple et les autorités politiques, et sont aussi bien placées que vous pour jouer ce rôle.

Nous avons appris que la Haute Cour a annoncé qu'elle rendra publics les résultats officiels du premier tour de l'élection présidentielle lundi 28 janvier prochain, qu'elle a refusé de prendre en compte les éléments recueillis par le Conseil national des élections, et que l'éventualité d'une décision qui rendrait caduque la tenue d'un deuxième tour suscite des manifestations populaires importantes, à Antananarivo et dans les Provinces. Nous comprenons que cette situation préoccupante peut déboucher sur une crise politique majeure qu'il serait difficile de contrôler et dont souffriraient le pays et la population.

Par l'intermédiaire de cette lettre ouverte, nous en appelons aux responsables politiques qui détiennent le pouvoir à Madagascar de tout faire pour que le processus démocratique soit pleinement respecté. Nous demandons à ceux qui sont chargés du maintien de l'ordre public d'éviter l'utilisation des moyens violents pour contenir ou empêcher les expressions des sentiments de la population.

Nous vous assurons de notre solidarité et de nos prières pour vous, pour le peuple malgache et pour ses dirigeants politiques en ces temps d'épreuve. Nous nous tenons prêts à vous aider dans vos efforts vers un avenir marqué par la paix sociale et politique et par l'harmonie dans votre pays bien-aimé."